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Top 14 - Les mille trésors du derby francilien

Par Marc DUZAN
  • Le derby francilien promet une magnifique opposition de styles, entre d’un côté les hommes de Joris Segonds au huit de devant surpuissant et les Racingmen d’Henry Chavancy, dont la cavalerie n’a plus rien à prouver.Photo Icon Sport
    Le derby francilien promet une magnifique opposition de styles, entre d’un côté les hommes de Joris Segonds au huit de devant surpuissant et les Racingmen d’Henry Chavancy, dont la cavalerie n’a plus rien à prouver.Photo Icon Sport Icon Sport - Franco Arland
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Il y a mille raisons de donner à ce quart de finale entre le Stade français et le Racing 92 l’appellation de "grosse affiche". Les voici toutes énoncées. Ou presque...

Comment l’écrire, sans trop blesser… Comment décrire, sans injurier… Disons simplement, alors, que les dernières sorties du Stade français et du Racing, face aux Crabos de La Rochelle (ou assimilés…) et aux bonshommes en roue libre de Clermont, nous ont tous laissés pour le moins perplexes, voire totalement désemparés. À Deflandre, les Soldats roses ont marché à côté de leurs pompes, incapables de se défaire du jeu "large-large" qui leur est propre quand de leurs côtés, les banlieusards se faisaient gentiment secouer par un paquet d’avants que le Top 14 estime, mais ne craint plus guère…

La bonne nouvelle, c’est que le coup d’envoi des phases finales revient en quelque sorte à démarrer un autre championnat, qu’il a le superpouvoir d’effacer toutes les vilenies que l’on vient de coucher sur papier jaune et qu’en l’état, Racingmen et soldats roses ne peuvent donc pas faire pire. Dans ce contexte, quoi de mieux qu’un bon vieux derby ? Quoi de plus jouissif qu’une bonne vieille querelle de voisinage pour purger le passé et les aléas d’une fin de saison au mieux illisible, au pire bancale ? C’est que ce quart de finale vaut son pesant d’or, ma bonne dame : car au-delà de l’indescriptible bonheur de se cogner Toulouse en demi-finale à Anoeta, il a le pouvoir, dans nos gazettes, de coller aux dix mois écoulés l’enviable qualificatif de "franche réussite" ou alors le titre, bien moins chic, de "saison de transition". Jean-Baptiste Lafond, qui fut champion de France avec le Racing avant de défendre les couleurs du Stade français, explique en préambule : "Contrairement à ce que disent certains entraîneurs, le derby n’est pas un match comme un autre. Le derby, c’est la guerre des boutons des adultes, le combat ultime : les patrons des deux institutions (du Racing et du Stade français, N.D.L.R.) ne s’apprécient pas beaucoup et ça ruisselle sur l’ambiance générale dans les clubs. Ce sera tendu, oui".

Jean-Baptiste Lafond : "Les avants du Racing ne sont pas des baguettes"

Au-delà de l’importance majuscule que revêt donc son issue, ce quart de finale a aussi de quoi flatter nos rétines parce qu’il incarne, sur le papier, une remarquable opposition de styles. Hé quoi ? On a dit, écrit et répété à quel point le paquet d’avants du Stade français, belle tonne de barbaque fort habile dans l’exercice de la mêlée fermée ou du maul pénétrant, pouvait les meilleurs jours s’avérer redoutable quand celui du Racing, une fois souverain et le lendemain totalement soumis, nous laisse bien souvent perplexes. A contrario, la ligne d’attaque de la banlieue ouest est indéniablement plus électrique, plus spectaculaire et dangereuse que sa rivale de la capitale, laquelle n’a jamais vraiment fait le deuil de l’enchanteur Waisea. "À force de dire aux avants du Racing qu’ils manquent de puissance et de densité, nuance aussitôt Lafond, ils vont finir par s’agacer et ça peut faire mal : le rugby, je vous rappelle que c’est 80 % de mental. Alors, on va les chauffer pendant une semaine, ça va les rendre dingues et il peut tout arriver à Jean-Bouin. Ce ne sont pas des baguettes, hein !"

Segonds et Russell en maîtres à jouer

Qu’on le veuille ou non, le derby francilien a aussi pour lui le pouvoir d’enfanter des matchs à part qui, sans être toujours sublimes, sont immanquablement marqués d’un fait de match inoubliable ou d’un scénario inimaginable, pour quiconque n’est pas médium. Cette saison, les 48 points qu’avaient inscrits Sekou Macalou et ses coéquipiers la veille de Noël, à La Paris-La Défense-Arena, eurent ainsi le mérite de créer un électrochoc chez le voisin des Hauts-de-Seine, lesquels s’étaient imposés quelques semaines plus tard à Jean-Bouin (13-17) au fil d’un match qu’ils avaient globalement disputé à quatorze (après l’expulsion de Veikoso Poloniati) et gagné sur un coup de pompe dont son auteur (Antoine Gibert) ne sait toujours pas s’il est chanceux… ou très chanceux.

De toute évidence, ce troisième acte du derby francilien sent la poudre et se décidera, comme à son habitude, via la subite intervention d’un "deus ex machina" paré de rose, de bleu… ou de vert, l’homme ayant "la même passion mais pas le même maillot" ne constituant pas quantité négligeable, sur un match de phases finales.

Au bout du bout, qui de Gonzalo Quesada ou Laurent Travers (lire aussi en page 10) vivra ce week-end son dernier match en tant que patron sportif de l’une ou l’autre des deux forces en présence ? Et Morgan Parra, seize ans de Top 14 et 70 sélections en équipe de France, dira-t-il réellement adieu au terrain dès ce week-end, sur une défaite qui ne rendrait décidément pas hommage à son immense carrière ? Quant à Finn Russell, qui vient de péter la banque en signant à Bath, se montrera-t-il samedi après-midi enfin décisif dans un match important ? Jean-Baptiste Lafond, qui suit toujours avec attention le quotidien du Top 14, enchaîne : "Depuis le début de saison, Joris Segonds me fait aussi une très bonne impression : lui, c’est le seul mec du Top 14 pour qui les poteaux ne sont pas assez hauts. Segonds, c’est la hantise des arbitres de touche car ils sont infoutus de juger la majorité de ses coups de pompe." Mais en face dudit Jojo, alors ? "Russell, c’est le génie absolu. Il peut être horripilant mais reste à mes yeux l’un des meilleurs ouvreurs du monde. Son contrat n’est pas renouvelé au Racing parce qu’il ne colle pas toujours à la rigueur du Top 14 mais moi, je l’adore et veux profiter de lui jusqu’au bout."

Comme Jean-Baptiste Lafond, plus on pense à ce match et plus on se dit, finalement, qu’il recèle des trésors insoupçonnés et qu’à ce titre, on saura aussi ce week-end ce qu’ont vraiment Soldats roses et Racingmen dans les tripes, étant ici acté que leurs dernières victoires face aux équipes "ter" du Stade toulousain ou de Toulon furent par nature totalement dépourvues d’enseignements véritables… Alors faîtes que la fête des voisins soit belle, messieurs…

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