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Top 14 - Grenoble-Perpignan : une ligne de plus à leur rivalité

Par Nicolas ZANARDI
  • Genesis Mamea Lemalu et les Perpignanais vont retrouver les Grenoblois, ce samedi. Une équipe avec qui ils ont souvent battu le fer ces dernières saisons, notamment en finale de Pro D2 en 2018.
    Genesis Mamea Lemalu et les Perpignanais vont retrouver les Grenoblois, ce samedi. Une équipe avec qui ils ont souvent battu le fer ces dernières saisons, notamment en finale de Pro D2 en 2018. Icon Sport - Alexandre Dimou
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Dauphinois et Catalans n’en finissent plus de se croiser depuis cinq saisons dans la cage d’ascenseur du Top 14. Une fois de plus, au bout des 80 minutes disputées dans un stade des Alpes bouillant et rempli jusqu’à la gueule, il n’y aura de la place que pour un...

C’est peu dire que, depuis quelques saisons, Isérois et Catalans se sont construit une singulière histoire commune. René Girard aurait parlé ici de sa théorie de la violence mimétique : lorsque deux entités partagent un indivisible objet de désir, la confrontation devient inévitable. Et d’autant plus interminable lorsque le désir s’avère puissant de part et d’autre, à tel point qu’on ignore au bout du compte de quel jardin provient la pomme de la discorde.

Les plus vénérables supporters des deux camps se souviennent ainsi, pour certains, d’un déplacement de l’Usap à Grenoble en 2003, lors du premier affrontement entre les deux clubs dans l’ère professionnelle. Un match conclu sur une victoire épique du FCG (29-28) grâce à un drop de Ludovic Mercier à la dernière seconde, au bout duquel les supporters catalans avaient eu la mauvaise surprise de voir la carrosserie de leur bus dégradé. Reste que, depuis cinq saisons, la rivalité entre les deux clubs a pris une tournure beaucoup plus dramatique.

En cause, évidemment, cette difficulté structurelle à accéder/se maintenir en élite. "Grenoble est un club un peu rival, admettait le demi de mêlée catalan Tom Ecochard. On s’est pas mal croisés sur les dernières saisons et on sait forcément que contre eux, ça va être difficile. D’autant qu’ils vont jouer décomplexés, avec l’envie de faire un meilleur match par rapport à leur finale." Comme si le destin voulait qu’il n’y ait qu’une place en Top 14 pour ces deux clubs, condamnés à éternellement se la disputer au hasard de rencontres toujours plus proches de l’épopée, dont les faits d’armes alimentent inlassablement la légende commune…

"Les Grenoblois, le Bouclier…"

Le fait le plus marquant de celle-ci ? Il remonte, à l’évidence, à cette finale de Pro D2 à l’issue de la saison 2017-2018, qui avait vu l’Usap massacrer le FCG (38-13) en l’humiliant dans le défi physique, notamment dans le secteur de la mêlée fermée, dans un stade Ernest-Wallon qui s’était ce jour-là teinté de sang et d’or. Un traumatisme que les Grenoblois, battus deux fois au préalable dans la même saison par Perpignan (dont un douloureux revers au stade des Alpes 17-27 sur une interception de 100 mètres de Jean-Bernard Pujol), s’étaient appliqués à effacer dès la saison suivante en Top 14. Il faut dire que les célébrations des Catalans d’alors, à commencer par le chant désormais célèbre d’Enzo Forletta sur la place du Castillet ("les Grenoblois, le Bouclier, ils le verront à la télé…" ) avaient considérablement servi dans la motivation des Dauphinois d’alors, afin de trouver les ressources pour rebondir avant de disputer le premier "access match" de l’histoire face à Oyonnax.

C’est le genre de souvenir dans lequel, évidemment, Antonin Berruyer et ses coéquipiers voudront bien puiser pour se surpasser ce samedi. Et prouver ainsi que l’exploit est possible. Car s’ils ont bien battu Perpignan au stade des Alpes lors de leur éphémère passage par le Top 14 en 2018-2019 (31-22, dont 26 points au pied de Gaëtan Germain), les Grenoblois savent aussi qu’ils ont, les années suivantes, été progressivement dominés à la régulière dans leurs bras de fer face aux hommes de Patrick Arlettaz.

En effet, après avoir remporté leur premier match de la saison de Top 14 en 2019 contre Grenoble, les Catalans ont surtout dicté leur loi à deux reprises lors de l’édition 2021. Signant même leur dernier déplacement au stade des Alpes d’un succès beaucoup plus retentissant que l’indiquait le score final (20-28) puisque les Usapistes menaient en réalité 28-6 à la 75e minute, Grenoble ne sauvant l’honneur qu’en toute fin de rencontre grâce à leurs pépites d’alors, Séguret et Capuozzo, parties depuis sous d’autres cieux…

L’Usap en favorite légitime

Ce long préambule pourquoi, au juste ? Simplement pour rappeler que, si rivalité il y a, c’est bien l’Usap qui en a pris le leadership, ainsi que l’a prouvé le maintien décroché l’an dernier à ce même stade de la compétition face à Mont-de-Marsan, ainsi que cette belle saison qui l’a vu remporter dix matchs en Top 14. Une supériorité qu’il s’agira pour elle de prouver à nouveau sur le terrain, et que les Grenoblois ne rêvent aujourd’hui plus que de contester. "Pour être tout à fait honnête, même si ces histoires de rivalité plaisent beaucoup aux journalistes, on ne la ressent pas plus que ça au quotidien, expliquait l’arrière du FCG Julien Farnoux, dont l’Usap fut pendant huit saisons le premier club professionnel. À Perpignan, il y a assez de rivalités locales pour en inventer d’autres… C’est surtout une question de contexte, je pense. Même ici, à Grenoble, je ne ressens pas d’animosité particulière pour l’Usap. Après, j’avoue que c’est quand même une semaine particulière pour moi. Je reçois pas mal de messages, j’ai pas mal de sollicitations… J’essaie de le préparer comme un match normal, en fait… Je me laisse un peu porter, car je n’ai pas non plus trop envie de contrôler mes émotions."

Un parti-pris qui est aussi celui des Catalans, bien désireux de se servir du contexte éruptif du stade des Alpes, malgré une météo annoncée pluvieuse. "Tout le monde a conscience que ce sera bouillant mais ce n’est pas pour nous déplaire, on va chercher à s’en nourrir, témoignait le manager catalan Patrick Arlettaz. On est peut-être favoris parce qu’on affronte une équipe de Pro D2 mais on n’y prend pas garde : le contexte, nous le connaissons très bien car à Grenoble, on y a joué il n’y a pas si longtemps… Il faudra simplement prendre les cris d’encouragement comme s’ils étaient en notre faveur ! Et puis, on sait aussi qu’il y aura beaucoup de Catalans dans les tribunes, on les connaît…" La référence n’est ici pas anodine, Arlettaz sachant très bien que le combat avait commencé en coulisses bien avant le coup d’envoi. Pour faire face à la marée catalane annoncée à l’ouverture des ventes au grand public mercredi midi, les dirigeants alpins avaient ainsi eu l’idée de permettre à leurs abonnés de récupérer jusqu’à 20 billets par tête de pipe à la prévente. Comme une réponse à l’OPA des Catalans en 2018, dont de nombreux supporters s’étaient déplacés jusqu’en Isère pour récupérer des places avant la finale de Pro D2. Tiens, comme on se retrouve…

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