L'édito du vendredi : le poids de la couronne

  • Antoine Hastoy à l'arrivée des Rochelais dans la cité portuaire
    Antoine Hastoy à l'arrivée des Rochelais dans la cité portuaire Icon Sport - Thibaut Bossenie
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L'édito du 26 mai 2023 par Léo Faure.

On a écouté, ce lundi, sur les ondes de RMC et poursuivant les mots de nos confrères et amis du Moscato Show, un Grégory Alldritt à la voix franchement cassée et la joie fièrement déclarée. L’heure était encore à la fête dans les rades rochelais, en ce début de semaine. C’est bien légitime : on l’a pensé, dit puis écrit, ce qu’ont réalisé les hommes d’O’Gara dans le temple de Dublin est un authentique exploit et une performance qui s’inscrit sans attendre dans la légende de notre rugby. Le plus grand fait d’armes d’un club français ? On est en droit de le croire. Battre ce Leinster, dans ce stade, avec ce scénario, à ce moment de la compétition, impose une admiration sans borne. On la partage ici à l’ensemble du club maritime, sans pondération.

Alldritt, donc, revenez pêle-mêle et à la radio sur le match, l’avant-match et ces leviers psychologiques qu’on amplifie parfois, pour nourrir d’un petit rien une grande motivation. Le numéro 8 des Bleus évoquait également son coach, ses adversaires, ses coéquipiers. Et ces mots, qui nous ont plus particulièrement capté l’oreille : "L’an dernier, on a gagné ce titre de champion d‘Europe et pour être honnête, pour beaucoup la saison était finie. On n’avait pas l’habitude, premier titre… Maintenant, on veut plus. Personne ne veut s’arrêter là."

C’est ici que le sacre de Dublin creuse un écart avec celui de Marseille, il y a un an. Les Rochelais ont déjà connu pareille fête continentale dans leur passé récent et ne s’en contentent plus. Leur saison n’est pas finie, ils le jurent. Et leur appétit de Top 14, où ils sont déjà qualifiés pour les demi-finales à Saint -Sébastien, est annoncé intact. Ce qui ne les rend que plus dangereux.

Leur péril est sûrement là, d’ailleurs. Les Rochelais n’ont plus rien d’une surprise, ils sont même une terreur et en réalisant le "back to back" (deux sacres consécutifs) en Irlande avec une seizième victoire consécutive en Champions Cup (record en cours), ils s’imposent comme la nouvelle référence du rugby européen. Ce qui leur attire autant de louanges que de problèmes. C’est le poids de la couronne : un statut d’équipe à battre, un trône à défendre et, désormais, une adversité décuplée par les convoitises et les envies régicides.

Pour se sortir de ce piège de riches et toucher enfin ce Brennus qui manque encore à leurs cœurs, les Rochelais devront d’abord "switcher", comme le dit Alldritt. Concrètement, trouver un point final aux festivités en cours et retrouver, au plus profond de leurs tripes, ce supplément d’appétit qui leur a fait renverser une montagne à Dublin. Rien de simple. S’ils y parviennent, avec cette année un calendrier nettement plus favorable et dégagé, ils seront tout aussi redoutables sur nos pelouses françaises qu’ils ne l’ont été en Champions Cup. La concurrence est prévenue.

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