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200 ans d'histoire (5/52) : 1871, le premier match international

Par Jérôme Prévot
  • Francis Moncrieff pour l'Ecosse et Frederik Stokes pour  l'Angleterre étaient les deux capitaines du premier match international de l'Histoire.
    Francis Moncrieff pour l'Ecosse et Frederik Stokes pour l'Angleterre étaient les deux capitaines du premier match international de l'Histoire.
Publié le Mis à jour
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Le 27 mars 1871, s’est déroulé à Édimbourg le tout premier match international de l’Histoire entre l’Écosse et l’Angleterre.

Un match entre deux pays, l’idée nous semble tellement évidente. Mais il a bien fallu que quelqu’un, un jour, y pense. L’Histoire n’a pas retenu le nom du génial inventeur, mais on a conservé ces deux articles parus simultanément dans "Bells life of London" et dans le "Scotsman" en décembre 1870. Ces deux quotidiens publient une lettre dans laquelle les cinq principaux clubs écossais invitent une sélection anglaise pour un match à Édimbourg ou Glasgow, avec une revanche à Londres. Ces clubs envoient aussi une missive au club de Blackheath, le plus ancien club civil d’Angleterre qui, de ce fait, détenait une parcelle d’autorité. Les Anglais s’empressent de relever le gant, l’idée d’un match entre deux nations, même cousines a quelque chose de si excitant.

Les négociations sont rondement menées et la date du lundi 27 mars 1871 est vite arrêtée ; ainsi que le lieu, le stade de Raeburn Place, siège du club des Édimbourg Academicals. Côté écossais, on avait tenu à programmer deux matchs de sélection, le 11 mars à Glasgow et le 20 à Édimbourg, signe que ce premier test ne fut pas préparé à la légère.Le plus drôle, c’est que cette idée était la conséquence d’un premier Angleterre-Écosse, joué selon les règles du "football association", futur football tout court, ce qui avait vexé les clubs écossais (lire encadré). Voilà pourquoi les deux nations se retrouvent ce jour-là, à 15 heures. Mais il avait fallu délibérer pour décider des règles exactes et du nombre de joueurs de chaque équipe. Dans un premier temps, on avait choisi vingt joueurs. Mais en février, une seconde réunion fixa le nombre à quinze, avant que l’on revienne à vingt le 15 mars. Le 25 mars, le "Glasgow Herald" précisait que le match se déroulerait selon les règles du rugby scolaire, avec deux changements mineurs. Primo, les touches seraient faites à l’endroit même où la balle était sortie, et non plus sur la parallèle du dernier rebond avant la sortie. Secundo, en cas d’essai, la tentative de but serait tentée suivant une ligne droite partant de l’endroit d’où l’essai avait été marqué.

Victoire des Ecossais… 1 à 0 !

On se mit aussi d’accord sur le temps : deux périodes de cinquante minutes. À Raeburn Place, il y avait deux arbitres : MM. Almond et Ward. On les appelait "umpires" et non "referees", ils observaient les débats depuis la touche et ne devaient intervenir qu’à la demande des joueurs. Les Anglais portaient déjà un maillot blanc et les Écossais arboraient ce qui deviendrait leur classique tunique bleu marine. Les deux équipes portaient des pantalons longs, pris dans leurs chaussettes.

À la mi-temps, le score était toujours vierge. On ne comptait pas les points de la même manière qu’aujourd’hui : les essais ne valaient rien en soi, c’est leur transformation qui représentait des points (un "try at goal") On ne pouvait marquer qu’avec les pieds. Mais il n’y avait pas de pénalités car il était entendu que les "gentlemen" ne pouvaient pas tricher. L’Écosse jouait avec quatorze avants et six arrières, elle était commandée par Francis Moncrieff, 21 ans, des Edinburgh Academicals. Le capitaine anglais répondait, lui, au nom de Frederik Stokes, il avait 20 ans, jouait pour Blackheath mais sortait du collège de… Rugby. Un joueur anglais de Liverpool, John Clayton, avait décidé de se préparer en courant quatre miles chaque jour pendant un mois accompagné de son Terre-Neuve qui lui dictait le rythme de sa course. Le "vingt" de la Rose s’était organisé avec treize hommes dans son pack, trois demis, trois arrières et un trois-quarts ! L’Écosse avait franchi une fois la ligne adverse, mais sans marquer, alors que l’Anglais Turner avait manqué un drop. Le second acte débute par un second essai écossais, sur une poussée collective mais il est refusé à Ritchies, les arbitres jugeant qu’il n’avait pas aplati. Jusqu’à la fin de ses jours, Ritchies clama que son essai était bien valable… L’essai de la victoire écossaise survint sur une autre poussée collective après mêlée à cinq. Il fut accordé officiellement à Francis Buchanan.

William Cross se concentra malgré les clameurs de la foule et réussit à placer la balle entre les poteaux. Il restera donc l’auteur des premiers points de l’Histoire du rugby international. 1 but à 0 (!) Le score en resta là, même si l’Angleterre marqua un nouvel essai, mais non transformé. Les Écossais étaient plus forts collectivement, les Anglais avaient des individualités plus tranchantes, mais ils estimèrent que l’étroitesse du terrain les avait desservis.

Moins d’un an plus tard, Anglais et Écossais organisèrent une revanche à Londres, à Kennington Oval qu’ils remportent assez facilement. Cette fois, les Anglais jouaient sous l’autorité de la RFU créée en octobre 1871. En 1873, la belle à Glasgow, et la Scottish Rugby Football Union naquit dans la foulée du banquet d’après-match. Sur ce, il fut convenu qu’on se rencontrerait tous les ans. On venait d’assister aux prémices du Tournoi des 6 Nations. Mais l’Écosse reste pour l’éternité la première nation "championne du monde" ou presque.

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