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Challenge Cup - Toulon, nouvelle Eire

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    Toulon, nouvelle Eire
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En s’imposant pour la première fois en finale du Challenge après quatre échecs, les Varois sont non seulement devenus à Dublin le premier club français à s’inscrire au palmarès des deux Coupes d’Europe, mais ont enfin ouvert un nouveau chapitre de leur riche histoire tout en offrant une belle sortie aux retraités mathieu Bastareaud et sergio Parisse, ainsi qu’aux autres partants…

La rencontre en elle-même a probablement trop manqué de corps et de suspense pour devenir en inoubliable, la faute à l’insigne faiblesse d’une équipe écossaise loin d’être à la hauteur de l’événement. Mais les Toulonnais l’ont été, eux, et on ne saurait à ce titre pas jouer plus avant les pisse-vinaigre. Dix ans après le premier succès historique du RCT de Boudjellal et Laporte en Champions Cup sur ce même terrain face à Clermont, les Toulonnais ne sont ainsi pas seulement devenus la douzième équipe française à remporter le Challenge, mais surtout la première à inscrire son nom au palmarès des deux compétitions européennes. De quoi renforcer, si besoin, la présence du club au brin de muguet sur l’échelon continental. Mais surtout de quoi enfin lancer l’ère Bernard Lemaître par un premier titre, quelques mois après avoir symboliquement soldé les comptes avec le passé glorieux du club en lançant le Hall of Fame du RCT. "Quand j’entends certains dire qu’un titre en Challenge ne compte pas, c’est soit qu’ils ont oublié, soit qu’ils n’ont jamais joué, soupirait le directeur sportif Pierre Mignoni, devenu le premier entraîneur de l’histoire à remporter le Challenge deux saisons consécutives. On construit avec des titres. C’était important que ce groupe se paie, il le mérite. On a été beaucoup critiqué ces derniers temps, peut-être à juste titre (référence au dernier déplacement du RCT face au Racing qui a vu le RCT ne pas vraiment défendre ses chances de qualification en Top 14 pour entrer dans les quotas de Jiff, NDLR), mais on est aujourd’hui le seul club français à avoir gagné les deux compétitions européennes. Quoi qu’on en dise, je suis fier de mes joueurs." Des propos que le capitaine Charles Ollivon, symbole bien malgré lui des huit dernières années de disette, ne pouvait que prolonger. "Je suis content pour tellement de monde, soufflait le troisième ligne du XV de France. Mes premières pensées vont aux supporters, aux blessés restés à Toulon, au président, à nos familles… On le mérite. Ça n’a pas été simple, ça fait des années que l’on court après, mais nous n’avons jamais rien lâché. Ce n’est pas une revanche, c’est juste du bonheur. Je suis arrivé en 2015 et depuis, il y a eu beaucoup de changements… Mais peu importe ce qui est derrière nous, le passé nous a servi. On parle souvent d’échecs, d’erreurs mais je ne vois pas les choses comme ça. Il y a eu des moments compliqués mais c’est grâce à ça qu’on va chercher des bons moments, moi comme les autres. Soit tu baisses la tête, soit tu apprends."

Bastareaud et parisse, l’adieu glorieux

Et de ces erreurs, le RCT a finalement bien appris. Car après cette victoire face à Glasgow présentée la veille du match comme "un point d’étape important dans la construction du club" par l’entraîneur partant Franck Azéma, Toulon a enfin réussi à tourner avec bonheur une page de son histoire. Ce n’est évidemment pas pour rien que l’on vit les futurs partants du staff Franck Azéma et Frédéric Michalak s’enlacer un bon moment au bord du terrain, ni que l’on vit un champion du monde comme Cheslin Kolbe les yeux mouillés à même la pelouse, ou que l’on entendit des seigneurs multititrés de ce jeu comme Mathieu Bastareaud ou Sergio Parisse officialiser leur départ à la retraite avec des trémolos dans la voix, avant de rejoindre leurs compères avec un enthousiasme de junior. "Je ne pouvais pas imaginer comme joueur finir ma carrière à 40 ans avec un tel titre, bredouillait le légendaire numéro 8 italien. Depuis 2019, on avait vécu deux finales, toutes perdues. Il fallait se payer. Je suis fier du groupe et du club. C’est compliqué de mettre des mots sur mes émotions, je ne suis pas très bon pour les expliquer, il faut simplement les vivre. Ça a été une longue journée, et j’ai cherché à en profiter à chaque instant. Je suis sûr que cette adrénaline va me manquer mais ce qui compte, en réalité, c’est ce qu’a accompli le groupe. Il l’a mérité avec un parcours remarquable de A à Z." "Ce match, on l’a aussi joué pour nos vieux, c’était tellement important pour eux, irradiait le flanker Facundo Isa. Basta est revenu et a montré qu’il pouvait encore jouer. Sergio a eu une carrière exceptionnelle. Ce sont d’énormes joueurs qui méritent le respect. J’ai envie de pleurer je n’arrive pas à y croire, encore. On est passé par tellement de choses, il y a eu trop de changements dans le staff et le vestiaire… Ce groupe avait besoin de marquer l’histoire du club, nous commençons enfin à construire quelque chose de beau."

L’expérience de Mignoni

Comme si une équipe, une vraie, venait définitivement de naître, à l’image d’un Dan Biggar commotionné dès la première minute, et néanmoins heureux comme un pape à l’issue de la rencontre. "Cela a été dur de regarder le match depuis le bord, mais les copains ont fait en sorte que ça ne soit pas trop pénible en maîtrisant la rencontre de bout en bout, je dois les en féliciter, souriait le Gallois dans un Français impeccable. J’adore ce club, j’adore cette équipe et je suis heureux que l’histoire puisse se terminer ainsi pour tous ceux qui vont nous quitter. A titre personnel, j’ai donné ma médaille à Thomas Salles qui a réalisé une très belle saison et n’a pas pu être sur la feuille pour ce match. Je crois que ce titre doit nous donner confiance et nous faire croire en nous encore plus fort, afin de réaliser une belle campagne en Champions Cup l’an prochain et retrouver le top 6 en Top 14 la saison prochaine." La saison prochaine… Il n’était question que de ça, au vrai, tant la démonstration de force de Toulonnais auteurs de cinq essais sur la pelouse de Dublin et la puissance de frappe de leur ligne de trois-quarts pouvaient laisser de regrets quant à leur probable non-qualification en Top 14, pour les raisons que l’on sait. Reste que, dans l’optique de la saison prochaine, le RCT aura au moins le mérite d’attaquer le championnat sans point de pénalité et, surtout, avec une vraie marge de progression par rapport à l’an I de l’ère Mignoni. "Cette victoire comptera beaucoup pour nous aider à nous construire pour l’avenir, appuyait le directeur sportif. Il y a encore beaucoup de travail à faire, on va maintenant essayer de rééquilibrer notre équipe et notre groupe pour aller de l’avant."

Un détail tout sauf anodin, qui valide on ne peut mieux les choix forts récemment assumés par l’ancien boss du Lou, lequel a au passage encore démontré son expérience consommée dans la préparation d’une finale (6 victoires sur 8 finales disputées en tant que coach), au contraire d’Ecossais dont le manager Franco Smith déplorait la différence "entre jouer une finale et la gagner". "Nos joueurs étaient prêts, confirmait Mignoni. On a senti toute la semaine qu’on montait, avec beaucoup de dérision et de sérieux à la fois, avant de partager de jolies émotions à la veille de la rencontre pour mieux se reconcentrer le jour J. Cela s’est vu dès le coup d’envoi, il n’y a pas de hasard là-dedans." Vrai. Et les futurs participants au Top 6 ne peuvent qu’en pousser d’autant plus un ouf de soulagement, tant les Toulonnais auraient été durs à prendre dans le sprint final s’ils ne s’étaient pas pris si bêtement les pieds dans le tapis à Marseille face à La Rochelle. Reste que tout espoir n’est mathématiquement pas perdu, et que c’est bien dans cette optique que les Varois ont fait le choix de ne pas parader sur la Rade à leur retour dimanche. Alors, qui sait…

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