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Coupe du monde 2023 - Anthony Jelonch (XV de France), en avance rapide

Par Jérémy Fadat
  • Avec une incroyable capacité de récupération, Anthony Jelonch continue sa rééducation dans l’espoir de disputer la Coupe du monde.
    Avec une incroyable capacité de récupération, Anthony Jelonch continue sa rééducation dans l’espoir de disputer la Coupe du monde. Icon Sport - Icon Sport
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Pour relever son défi de postuler au Mondial après sa grave blessure au genou fin février, le flanker Anthony Jelonch bénéficie d’un programme spécifique et se trouve actuellement à Montpellier, où il travaille au quotidien avec le responsable du pôle médical des Bleus. Jusqu’à présent, il est plus que dans les temps.

Le 26 février, en sauvant un essai tout fait de Duhan van der Merwe, Anthony Jelonch s’est écroulé sur la pelouse du Stade de France. Verdict terrible à six mois et demi du Mondial : rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche. Le lendemain, croisé à l’aéroport, le flanker toulousain confiait : "En 2017, après plus de trois mois de blessure, je suis revenu en demi-finale de Top 14 et je suis devenu champion de France avec Castres. Je me dis que je peux faire la même chose pour être présent à la Coupe du monde. Rien ne m’empêche d’y croire." Et, dans ces colonnes quelques jours plus tard, son manager Ugo Mola confirmait : "Il ne doit pas abandonner ses espoirs de disputer la Coupe du monde." Le Gersois a justement débuté sa course contre-la-montre dans la minute qui a suivi sa chute face à l’écosse. "Quand il s’est blessé, tout le monde l’a accompagné dans la difficulté, les joueurs ou les membres du staff, raconte Bruno Boussagol, responsable du pôle médical du XV de France. Puis il m’a sollicité parce qu’il s’imaginait postuler pour la compétition et m’a posé la question de savoir quelle était la meilleure solution. Dès lors, on a été clair : on lui a dit qu’un parcours difficile l’attendait, comme pour tous les joueurs victimes d’une rupture du ligament croisé. Mais avec cette idée : si jamais une occasion se présente, il faut que tu sois prêt."

Son défi ultime. Forcément, Fabien Galthié a été interrogé mardi sur celui qui est un de ses cadres depuis trois ans. "Il pèse 106 kg à l’heure actuelle, il était chez moi la semaine dernière, a-t-il répondu. Je lui ai dit : "Ouah, t’es solide." Je l’ai trouvé plus costaud que d’habitude mais je ne l’avais pas vu depuis longtemps. Il suit un programme de rééducation, qui est approprié. Tout se passe très bien, comme c’est souvent le cas avec des joueurs exceptionnels. Ils ont une capacité de récupération hors normes. Lui est déjà en avance et le chirurgien ne comprend pas ce qu’il se passe avec Anthony."

Il ne sera pas dans le premier groupe des quarante-deux

Le sélectionneur a toutefois pris le soin d’ajouter : "Anthony est un bon exemple mais il y a d’autres cas, je ne voudrais pas l’isoler." Jelonch est tout de même celui le plus notable, parce que son apport sur le terrain n’a d’égal que son influence en-dehors. Un programme particulier a donc été élaboré le concernant. Avec un postulat de départ transparent de la part du staff : il ne sera pas parmi les quarante-deux premiers joueurs retenus le 21 juin. Boussagol confirme : "On lui a dit : il est inenvisageable que tu rentres dans le groupe sur la première annonce. Il y a des délais et un protocole à respecter. On ne voulait pas lui faire croire des choses mais on pouvait tout mettre en place pour en accélérer certaines. Anthony en a parlé au Stade toulousain parce que je ne pouvais pas intervenir si son club n’était pas d’accord. J’en ai aussi parlé à Fabien (Galthié, N.D.L.R.). La relation s’est construite avec toutes les parties prenantes, donc le staff médical du Stade toulousain et Ugo Mola, ainsi que le chirurgien. On a essayé d’imaginer le meilleur parcours pour lui."

Après une première période à Médipole (clinique à Toulouse), où il a été pris en charge en post-opération, puis une semaine dans son club auprès des kinés, Jelonch est actuellement à Montpellier, où est basé Bruno Boussagol, pour travailler avec lui au quotidien. "Je l’accompagne pendant cinq semaines, jusqu’à la fin du mois, sur une partie plus spécifique de reprogrammation, détaille ce dernier. On a fixé des étapes bien précises que je lui fais passer pour que, lorsque le chirurgien lui donnera l’accord pour recourir, il puisse le faire et accélérer chaque étape de fin de parcours. On ne sait pas du tout s’il sera opérationnel mais notre champ de compétence, c’est de l’amener à l’être le plus vite possible, sachant qu’à chaque fois qu’on raccourcit les délais, on prend une forme de risque. Mais tout est validé avec les parties prenantes."

"Il doit être prêt en cas d’ouverture"

Fidèle au joueur qu’il est, l’intéressé ne ménage bien sûr pas ses efforts. "Tout le monde s’est mis à disposition pour lui, poursuit Boussagol. Anthony loge sur place et chacun apporte ce qu’il peut. Je l’ai avec moi toute la journée, de 9 heures à 17 heures. On utilise tous les espaces naturels pour travailler : on va à la mer, à la montagne et aussi dans un centre sur Gignac. Nous sommes organisés pour répondre à tous les besoins de sa rééducation." Comme l’a indiqué Galthié, les feux sont donc au vert pour l’instant. Une jolie nouvelle, même si la prudence est toujours de mise sur le plan médical. "C’est beaucoup de travail de répétition et il accepte la charge qu’on lui impose, indique Boussagol. Son genou reste sec, il n’y a pas de réaction inflammatoire. Sur le plan moteur, il réagit très bien aussi, puisqu’il se renforce naturellement. Jusqu’à présent, tout va très bien… Mais il y a encore des étapes à passer, on ne peut pas se prononcer sur la suite." Pour autant, au-delà de son incroyable capacité de récupération évoquée par Galthié, ce fils d’agriculteur possède un état d’esprit unique, qui lui confère une force de conviction détonante autant qu’un recul bienvenu. Un atout indéniable dans sa situation, lui qui retournera au Stade toulousain début juin pour bosser son renforcement et basculer davantage sur la course.

"Par sa personnalité, Anthony est un garçon à part sur ses capacités physiques et sur sa faculté à se projeter, note Boussagol. Il est très organisé dans sa tête. Il s’est fixé des objectifs et, si le passage à Médipole et l’organisation mise en place avec son club étaient obligatoires, le fait de le sortir de son environnement le régénère sur le plan mental. Il n’est plus dans une salle à pousser de la fonte et faire des exercices. Nous sommes dans la nature et psychologiquement, ça lui fait du bien. Voilà pourquoi, au mois de juin, on a potentiellement aussi prévu une autre fenêtre avec moi, avant que je parte à la préparation avec le XV de France. Là aussi, ce serait pour mentalement l’aider à passer cette dernière étape. Si on y arrive, tout devrait rouler pour lui, et il faudra attendre l’avis du chirurgien et évidemment celui du sélectionneur…" Si Galthié a martelé que le groupe serait amené à évoluer jusqu’au bout (voir ci-contre), c’est aussi pour permettre à chaque joueur de conserver ses chances intactes. Et Jelonch sait mieux que personne, depuis 2017, qu’il n’est jamais trop tard. Bruno Boussagol conclut : "L’idée que j’ai fait germer en lui, c’est que, même s’il n’est pas au départ de la compétition, il doit être prêt en cas d’ouverture pour intégrer le groupe. L’important, c’est qu’il ne doit rien regretter. On a construit son projet ainsi."

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Les commentaires (2)
grellou Il y a 10 mois Le 28/05/2023 à 05:42

tous les amateurs de rugby et supporters du XV de France ont hâte de revoir Anthony sur un terrain.
aucun doute qu il fait le maximum pour cela.donc laissons faire son entourage et croisons les doigts!

fojema48 Il y a 11 mois Le 19/05/2023 à 10:33

Est-ce un traitement de faveur ou tous les joueurs concernés peuvent-ils espérer un même suivi ?