Coupe du monde 2023 - Récit d’une journée à Montgesty, point de départ du Mondial pour le staff français

Par Paul Arnould
  • Après la conférence de presse, Fabien Galthié et des membres du staff attendaient la fin des interviews médias, à l'extérieur de la mairie de Montgesty.
    Après la conférence de presse, Fabien Galthié et des membres du staff attendaient la fin des interviews médias, à l'extérieur de la mairie de Montgesty. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Face aux journalistes réunis dans ce petit village du Lot, terre d’enfance de Fabien Galthié, le sélectionneur de l’équipe de France a précisé le déroulé de la préparation des Bleus. La Coupe du monde qui se présente dans moins de quatre mois est définitivement lancée.

Fabien Galthié aime les symboles. Reconnaissons-lui cette cohérence. Le 13 novembre 2019 à Montgesty, dans un petit village du Lot, terre de sa jeunesse dont le père est le maire, il présentait son staff et effectuait sa première prise de parole. Trois ans et demi plus tard, les journalistes étaient conviés au même endroit pour la rentrée médiatique du staff français. À l’époque, le choix avait détonné : un rendez-vous avec des journalistes dans un petit coin perdu du Lot, au cœur de la mairie, pour y annoncer les lignes directrices d’un mandat censé remettre le rugby français à flot : l’idée était originale. Culottée. Rafraîchissante. N’était-ce pas avec une certaine habitude (mais plus aucune surprise), que tout ce petit monde se retrouvait ici même 1280 jours plus tard, sous le soleil de Montgesty, malgré la température loin d’être estivale. Un accueil aux petits oignons : café-viennoiseries à 10 heures, buffet copieux à 13 heures à l’instar d’un casse-croûte géant de fin de saison, et questions-réponses au cœur de la belle mairie de Montgesty, qui n’avait certes pas le confort de l’auditorium de Marcoussy, mais cent fois plus de charme et d’histoire.

Aux alentours de 11h30, le duo Ibanez - Galthié se présenta devant l’assistance. Chacun s’assit derrière le pupitre, devant le traditionnel affichage de sponsors, et sous le regard inhabituel du portrait du président de la République (la conférence avait lieu dans une mairie). Le manager du XV de France prit la parole en premier : "C’est un retour aux origines, et c’est pour nous l’occasion de marquer notre affection pour le rugby des territoires. Nous remercions toutes les personnes qui nous accueillent pour ce séminaire du staff. Nous avons beaucoup de plaisir à nous retrouver ici."

Des temps de passage respectés

La mécanique rodée, chacun alterna soigneusement ses répliques, avec un net avantage pour Fabien Galthié dont la parole était forcément plus attendue. Le sélectionneur dévoila quelques informations non négligeables sur la préparation des Bleus, qui commencerait officiellement le 2 juillet pour 42 heureux annoncés le 21 juin. Par exemple, 23 joueurs éliminés avec leur club à l’issue des barrages du Top 14 se retrouveront à Marcoussis pour un stage de quatre jours avec les moins de 20 ans. En se réservant le droit de changer le groupe de 42 au fil de la préparation, le sélectionneur préservera cette émulation chère à son projet, et atténuera la déception des déçus du 21 juin. Intelligent, au regard du passé et de la dureté des préparations au Mondial, qui fauchèrent dans l’histoire plusieurs destins bleus.

William Servat, l'entraîneur des avants du XV de France, répond aux questions des journalistes, après les interventions de Fabien Galthié et Raphaël Ibanez.
William Servat, l'entraîneur des avants du XV de France, répond aux questions des journalistes, après les interventions de Fabien Galthié et Raphaël Ibanez. Midi Olympique - Patrick Derewiany

Chez lui, à Montgesty, Fabien Galthié se dévoila fier et heureux face aux médias dont il s’est toujours méfié. Il pouvait l’être. Il y a trois ans et demi, l’ancien demi de mêlée présentait un ambitieux projet, au lendemain d’une nouvelle désillusion en Coupe du monde. L’objectif paraissait fou après des années de galère : retrouver une équipe de France victorieuse, titrée, et dans le top 3 du rugby mondial. Les faits allèrent dans son sens : 29 victoires en 36 matchs ; un grand chelem ; trois fois 2e du Tournoi ; un statut de deuxième nation mondiale, et surtout, surtout, cette quiétude qui jaillit de cette génération et l’amena précieusement vers son Mondial. Depuis combien d’années les Bleus n’avaient pas débuté un été de Coupe du monde avec un statut de favori, ou presque, au titre suprême ?

"Trouver la bonne énergie"

Alors dans cet exercice médiatique toujours redouté, Fabien Galthié et Raphaël Ibanez apportèrent quelques informations importantes, étayées dans un second temps par le reste du staff divisé par petits groupes. Le dossier de l’éligibilité d’Emmanuel Meafou fut de nouveau abordé - Fabien Galthié précisant qu’une procédure auprès de World Rugby était en ce moment à l’étude - l’état de santé d’Anthony Jelonch (gravement blessé au genou en février) une fois de plus relancé – "je l’ai trouvé plus solide que d’habitude, son programme de rééducation est approprié, tout se passe bien" - et l’idée d’un stage à Carpiagne fin juin, définitivement abandonnée.

Une riche journée, où le duo fort du XV de France annonça également l’opportunité pour les familles des joueurs, mais aussi du staff, de se retrouver au sein même du groupe France lors du mois d’août. Comment ? Grâce à des "maisons, des tentes, des bungalows" mis à disposition pour que "chacun (ait) l’opportunité de vivre avec sa famille la préparation", dixit Fabien Galthié. "L’idée est de renforcer notre esprit de groupe et de famille, précisait Raphaël Ibanez, et faire de ce XV de France : une famille France. Le joueur, il a besoin de toute son énergie, et il porte ce maillot parce qu’il sait qu’il représente quelque chose de fort pour tous les Français, pour une institution, pour ses copains, mais aussi pour ses proches et les gens qu’il aime. Cela permettra à chacun de trouver la bonne énergie."

Si tout se passe bien – c’est-à-dire un Antoine Dupont soulevant le trophée Webb Ellis au soir du 28 octobre – les Bleus passeront 17 semaines ensemble. "Une Coupe du monde c’est long, et une préparation l’est tout autant" confirmait Galthié, d’où cette volonté de ne pas fermer à double tour le groupe France. Lors des dernières éditions, l’été fut surtout l’occasion de rattraper le retard accumulé, avec des staffs bien décidés à faire de leurs champions des monstres physiques capables de rivaliser avec le meilleur du rugby international. Cette année, que toute une nation attend dorée, les Tricolores aborderont la compétition avec de solides garanties. Alors n’allez pas croire que nos Bleus festoieront pendant les grandes vacances scolaires : "La préparation sera sans concession mais avec beaucoup de précisions" selon la formule choisie par Fabien Galthié. Pour la première fois depuis des lustres, sur le plan sportif, la maison bleue ne brûle pas, et l’ensemble du rugby français peut s’en réjouir. Il ne manque plus que les acteurs du jeu, sans qui rien n’est possible. Pendant quelques semaines encore, ils se disputeront le Bouclier, avant de se consacrer à leur objectif ultime. On a diantrement hâte…

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