Baky écrit - Au nom de la rose

Par Bakary Meité
  • La chronique de Bakary Meité.
    La chronique de Bakary Meité. DR
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Dans sa chronique, Bakary Meité aborde la Rose Cup. Un trophée amateur opposant Français et Anglais qui a vu le jour il y a plus de 140 ans...

J’ai déjà devisé ici des compétitions anciennes qui jalonnent l’histoire du rugby. J’avais notamment mentionné la Calcutta Cup, doyenne des affrontements internationaux, qui naquit en Asie il y a plus de 140 ans.

Mais une autre rencontre, opposant deux équipes de pays différents dans notre cher sport, vit le jour quelques décennies plus tard : La Rose Cup. Ou la Coupe Rose. Selon que vous soyez au sud ou au nord de la Manche.
Et dans ce duel opposant une formation française à son homologue anglais, on retrouve le SCUF, le vétéran des clubs de rugby hexagonaux. Comment pouvait-il en être autrement ?

La Rose Cup pour les scufistes, c’est donc originellement l’invitation par ces derniers du Stratford Upon Avon Rugby Football Club à un match amical dans le cadre du 10eme anniversaire du club parisien en 1905. Le théâtre de cette rencontre : le Parc des Princes. La victoire pour les gars du Warwickshire. L’année suivante l’expérience est reconduite. Outre-Manche cette fois. Avec une nouvelle défaite pour les joueurs du SCUF.

Ce n’est qu’après une longue interruption de 50 ans que l’émulation reprend. À l’initiative du club anglais qui écrit à la fédération française lui demandant si le club du SCUF : "existe encore ?" Une fois la réponse positive apportée, les matchs reprennent. Avec une belle assiduité. Chacun accueillant l’autre une année sur deux. La première victoire parisienne intervient en 1957 à Jean-Bouin. L’occasion pour eux de se voir remettre le premier trophée mis en jeu pour cette rencontre. La G.H. Rose Memorial Cup est remise par Sonny Rose, le président de Stratford en mémoire de son père, G.H. Rose, l’un des joueurs pionniers en 1905.

Et depuis, l’héritage perdure entre les deux clubs. 62 rencontres, un net avantage pour les Anglais avec 39 victoires. Mais surtout une mémoire et des histoires autour de ce match. La convivialité étant le maître mot qui entoure ce criterium annuel.
Comme en 1969, ou les joueurs scufistes hébergent leurs adversaires avant le match ou le banquet d’après avait eu lieu au restaurant de la tour Eiffel.

En 1977 la rencontre se dédouble et un match des anciens est organisé avant LE match. C’est l’occasion de fêter le centenaire du club du Warwickshire.
Aujourd’hui encore, ce match oppose les Vieux Cochons aux Stratford Old Legends.

Pearcecroft, le stade champêtre de Stratford s’oppose aux tribunes et ses sièges en PVC et la piste en tartan qui ceint la pelouse synthétique de Max Rousié.

En 2017, les scufistes essuient la plus large défaite en Angleterre. 71-07. Ce qui n’entacha nullement la convivialité de l’après match dans le club house de Stratford et ses 14 tireuses à bières. Un prêté pour un rendu. Eux qui avaient infligé un sévère 69-17 aux stratfordians 5 ans plus tôt.
Le week-end dernier, c’est Stratford qui jouait les hôtes. Et a vu les Parisiens repartir avec la Coupe Rose sous le bras. Qui conservent donc le trophée après leur victoire l’an passé. Une première depuis le doublé 2004-2005.
Encore une fois, si la compétition importe le résultat passe au second rang. D’ailleurs Ken Holley l’un des derniers présidents de Stratford le résumait très bien : " …on ne sait pas vraiment pourquoi les deux clubs se sont choisis mais finalement le plus important c’est l’amitié. "

Les deux entités étant restées amateurs, il n’est pas toujours chose aisée de rassembler tout le monde pour ce périple qui laisse souvent des corps meurtris sur le terrain mais aussi des gueules de bois mémorables. Le retour au travail le lundi suivant ne se fait pas sans douleur…

Mais la tradition vaut bien ça. Tradition qui pousse même certains à effectuer les 630 km qui séparent les deux stades à vélo pour l’occasion.

Avec cette rencontre, le SCUF et Stratford nous montrent la quintessence de ce qu’est le rugby amateur. Et, avec son histoire, le plus vieux club de rugby français, se distingue à nouveau.
Et Jean Hospital, auteur du livre L’autre rugby-1895, SCUF, 2005 et qui m’a permis de documenter cette chronique, rentame souvent ce qui pour moi est devenu une maxime : "Si on devenait un club comme les autres, on serait un club moins que les autres."

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