Hommage - À Tarbes, l’adieu à Bernard Lapasset

Par Jérôme Prévot
  • L’ancien président de la FFR et de World Rugby a reçu l’hommage que son parcours méritait à Tarbes.
    L’ancien président de la FFR et de World Rugby a reçu l’hommage que son parcours méritait à Tarbes. DDM - BASTIEN ARBERET
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L’ancien président de la FFR et de World Rugby a reçu l’hommage que son parcours méritait à Tarbes. Fabien Pelous, Bill Beaumont, Tony Estanguet et son fils Sébastien ont retracé la personnalité et la destinée extraordinaire de celui qui aura vu et fait changer le rugby.

L’espace d’une matinée, Tarbes la préfecture des Hautes-Pyrénées est donc devenue le centre du rugby français et international. Dans sa cathédrale, on a dit adieu à Bernard Lapasset, ancien président de la FFR et de l’International Board, né dans la même ville en 1948, il y a donc reçu ses proches, ses amis et ses soutiens en ce 9 mai pluvieux. On a mesuré toute l’ampleur de l’action de celui qui résidait à Louit, tout à proximité, mais l’église de ce village aurait été trop exiguë pour recevoir la foule qui s’est pressée pour rendre hommage à celui qui apparut en pleine lumière en 1991 quand il succéda à Albert Ferrasse avant de vivre une destinée assez extraordinaire. Il restera attaché à la période charnière du passage au professionnalisme de 1995 et au développement sans précédent de notre vieux sport naguère si conservateur dans les années 2000. Les Jeux Olympiques, le sept, le rugby féminin, World Rugby élargi. Un vent de modernité qui sous ce ciel maussade nous a éclaté au visage comme pour nous faire remarquer que sur le moment nous n’avions pas été assez impressionnés.

La foule s’était peu à peu rassemblée autour de la cathédrale. De jeunes douaniers en uniforme nous rappelaient son corps d’origine . Autour d’eux, des têtes connues du grand public ou des personnalités plus discrètes, des anonymes. Des jeunes anciens, des vétérans confirmés, dont trois anciens sélectionneurs du XV de France, Marc Lièvremont, Bernard Laporte et Jean-Claude Skréla. Marc Lièvremont fut vraiment choisi par Bernard Lapasset alors que peu à l’époque avaient imaginé sa nomination. : « Je lui dois beaucoup. Il m’a fait confiance en 2007, j’ai pris un immense plaisir à passer du temps avec lui et je suis conscient de tout ce qu’il fait pour notre sport, et pour le sport en général jusqu’à ce dossier des JO 2024. »

Bernard Laporte fut d’abord nommé par B.L. à la tête des Bleus avant de lui succéder indirectement dans le fauteuil présidentiel en 2016. Il n’a pas non plus ménagé ses hommages : « C’est un jour de deuil. C’était un dirigeant passionné et très efficace, un homme de dossiers. Il a fait beaucoup pour le rugby, il l’a aidé à passer professionnel. Et sur le plan personnel, je me souviens qu’il m’a accordé par deux fois sa confiance comme sélectionneur. » Parmi les groupes qui se formaient en attendant le début de la cérémonie, il y avait aussi Abdelatif Benazzi qui nous rappela ce moment magique pour lui : « C’est lui en 1996 qui m’a donné ce coup de fil inoubliable qui m’annonçait que j’allais être capitaine du XV de France que je devais m’y préparer. Quelle émotion. Je sais aussi combien il a défendu la voix de la France dans les instances, face aux Anglo-Saxons. »

Bill Beaumont évoque le grand leader

Bill Beaumont, le président actuel de World Rugby (nouveau nom de l’IRB) avait bien sûr fait le déplacement. Les deux hommes avaient rompu des lances par le passé, mais la paix des braves s’était instaurée depuis longtemps. L’ancien deuxième ligne du XV de la Rose n’a pas retenu ses mots : « Nous sommes réunis pour évoquer l’un des meilleurs dirigeants du sport mondial, un visionnaire. Un grand leader se juge sur sa capacité à transformer une idée en réalité. Il se sera bien battu pour plein de causes. Le rugby féminin, le rugby à sept. Et j’avais trouvé normal aux JO de 2016 qu’il remette les médailles alors qu’il n’était plus président. »

Le parcours de Bernard Lapasset fut aussi célébré par Fabien Pelous, Tony Estanguet et son fils Sébastien.

L’hommage de Fabien Pelous

Le premier débuta chez les Bleus sous sa présidence en 1995. Il évoqua le « premier » Lapasset patron du rugby français et indirectement du XV de France. « Bernard, mon président. Tu savais fédérer en ignorant ou en feignant d’ignorer les différences des uns et des autres. Oui, fédérer, faire l’union des uns et des autres, c’était ta spécialité. Je me souviens aussi de nos discussions simples et passionnées en marge des matchs. Et surtout, tu as su nous construire une maison à nous les joueurs : Marcoussis ! »

Estanguet s’était senti tout petit

Tony Estanguet fut un compagnon du Lapasset, hors rugby, le Lapasset diplomate du sport, artisan de l’obtention des Jeux Olympique 2024 par Paris. La dernière victoire du grand dirigeant : « J’ai beau être champion olympique, je me suis senti tout petit quand je l’ai rencontré. C’était un champion, mais pas sur le plan individuel. Il faisait gagner les autres et le sport français en général. Il avait toujours un coup d’avance sous des dehors spontanés. Grâce à lui nous avons obtenu les Jeux après cinq échecs. » Le patron de France 2024 décrit aussi le Lapasset du quotidien qui « accordait la même importance à tous ceux qu’il croisait du chauffeur de taxi au personnel d’accueil. Et quand il devait annoncer une mauvaise nouvelle à quelqu’un, celui-ci sortait toujours de son bureau avec le sourire... »

Les ultimes défis de sa vie

Puis vint le tour du Lapasset plus intime à travers les mots de son fils Sébastien qui évoqua les moments ou les siens s’étaient un peu sentis privés de sa présence par tant d’engagements divers. « Mais chacun savait qu’il était aimé par toi. Au moment où les coups de fil se sont espacés, ou les visites se sont faites plus rares, les ultimes défis de la vie ont resserré nos liens à tout jamais. »

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