Abonnés

Petite trahison entre amis : l'ascension et la chute de Sarlat

  • Les Sarladais ont vécu un rêve sportif pendant une courte période. Malheureusement, le réveil fut plus que douloureux.
    Les Sarladais ont vécu un rêve sportif pendant une courte période. Malheureusement, le réveil fut plus que douloureux. Gwendolyne Cassagneau-Delisle
Publié le Mis à jour
Partager :

Dom Einhorn avait repris le club de Sarlat avec des moyens importants et l’ambition de monter en Pro D2. Mais sa mise en examen il y a un an a provoqué sa chute, celles de ses activités et celle du CA Sarladais. Sauf que son ami de longue date, qui a témoigné contre lui, se retrouve condamné pour l’avoir escroqué...

Et si, effectivement, comme Dom Einhorn le clamait à qui voulait bien l’entendre, Sarlat avait atteint le niveau Pro D2 ? Cette question restera sans réponse puisque la procédure visant l’entrepreneur à la tête du club sarladais a mis fin à son rêve.
Avant la pandémie, Einhorn avait posé ses valises dans le Périgord noir avec un projet global et de grandes ambitions. Grâce à ses connaissances dans le numérique, domaine dans lequel il avait fait fortune outre-Atlantique, il voulait faire du CA Sarladais un club à la pointe de la communication et de l’image de marque. Avec un budget allant bien au-delà des standards de Fédérale 2 (de 300 000 euros, il passe à 1,5 million), il souhaitait aussi faire progresser le club sportivement, pour atteindre la Pro D2 à moyen terme. À l’époque, la communauté très éclectique qui suivait l’actualité du club sur les réseaux sociaux et la diffusion internationale des matchs prêtaient à sourire. Mais sur le terrain, les Sarladais mettaient tout le monde d’accord : 22 victoires en 22 rencontres. Du jamais vu dans l’histoire du club.

Après les rêves, les dettes

Aujourd’hui, Einhorn est parti et le club évolue en Fédérale 3, division dans laquelle les dirigeants ont préféré descendre par faute de moyens humains et financiers. D’ailleurs, de longs mois seront nécessaires pour que le club éponge ses dettes.
Tout part de la mise en examen en février 2022 de l’homme d’affaires et président du CA Sarladais Dom Einhorn. Les chefs d’accusation sont les suivants : exécution de travail dissimulé, escroqueries aggravées, abus de biens sociaux, aide à l’entrée, la circulation et au séjour d’étrangers en situation irrégulière, fraude fiscale et non dépôt des comptes annuels de la société. Le club, qui avait une partie SAS, est placé sous la gestion d’un administrateur judiciaire provisoire, au même titre que les autres sociétés dirigées par Einhorn. Pour les joueurs, c’est un double coup de massue puisque la plupart d’entre eux ont un double emploi, au club et dans les sociétés annexes de l’entrepreneur alsacien. Son incubateur de start-up spécialisées dans le numérique, Uniqorn, s’était installé à la place de l’ancienne agence Pôle Emploi. Plusieurs ruptures conventionnelles sont prononcées.
Contre vents et marées, les Sarladais avaient tout de même fini la saison 2022 honorablement. Mais le manager et une grande majorité des joueurs s’en sont allés à l’été 2022, lassés de ce contexte lourd. Et si la FFR acceptait l’accession sportive du club en Fédérale 1, François Bourgeois, qui œuvre désormais pour la survie du club, avait préféré la refuser « au vu du contexte » : « C’était plus raisonnable. Nous souhaitons nous reconstruire sur des bases saines », exprimait-il.
Pour ce qui est de l’enquête, elle a peu avancé depuis un an et la mise en examen de Dom Einhorn. Les faits notables sont le dépaysement de la procédure par le président de la Cour de cassation en raison d’un « contexte local pas suffisamment serein », selon Me Garbarini, avocat de M. Einhorn ; et les révélations de Me Lacroix, un autre de ses avocats. Elles concernent un des témoins de l’enquête : Eddie Rios Osorio, un collaborateur et ami de longue date de l’entrepreneur Franco-Américain.

Eddie, un associé qui vous veut du mal

Les deux hommes avaient fait connaissance en 2006, avant de faire affaire ensemble. Embauché en tant que directeur technologie de la société Exponential, Rios gravit les échelons et est transféré à la maison mère Mobcast SAS. Interrogé par les enquêteurs, « il assassine » Dom Einhorn, selon les mots de Me Lacroix.
Einhorn, conscient des libertés qu’a son associé dans ses affaires, devient suspicieux et lance un audit dans la société Exponential. Celui-ci révélera des faits d’escroquerie, de vol et d’appropriation de propriété intellectuelle, et de détournements de secrets commerciaux. Le 24 octobre dernier, M. Rios était condamné par la justice américaine à verser 845 104,02 $ et des intérêts à Exponential. Une première victoire pour Einhorn, qui veut désormais se servir de cette décision pour faire avancer la procédure française. Le rêve de grand club sarladais, lui, s’est bel et bien envolé.

Vous êtes hors-jeu !

Cet article est réservé aux abonnés.

Profitez de notre offre pour lire la suite.

Abonnement SANS ENGAGEMENT à partir de

0,99€ le premier mois

Je m'abonne
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?