L'édito - Arbitrer un sport collectif

  • Andrew Brace a expulsé Zach Mercer face à Exeter
    Andrew Brace a expulsé Zach Mercer face à Exeter PA Images / Icon Sport - PA Images / Icon Sport
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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard... Pas la peine de se mentir : tous autant que nous sommes avons assez pesté après l’arbitre, son application de règlements à la complexité inextricable et plus encore quelques-unes de ses décisions iniques, pour ne pas apprécier les évolutions imaginées par World Rugby juste avant d’aborder la prochaine Coupe du monde

Vous le lirez ici, Joël Jutge motive et décrypte des changements à venir avec, en point d’orgue, ces futurs cartons jaunes qui pourront virer au rouge quelques instants plus tard, au gré de l’analyse vidéo, sans que le match ne soit arrêté pendant de trop longues minutes.

Cela n’a rien d’un détail pour notre sport historiquement bercé par les relents de conservatisme, et pour World Rugby, son instance suprême qui a tant de mal à dégraisser le mammouth. Voilà qui, surtout, mettra fin à ces matchs « gruyère », qui durent deux heures à force d’être découpés en tranches rendues indigestes par les appels à la vidéo. Et tout cela sans que l’on y gagne en temps de jeu effectif.

Plus ça dure et plus c’est bon ? Sur ce coup, non, pas vraiment. Au moment où tous les efforts sont faits pour rendre les joueurs meilleurs que jamais, quand l’évolution des règles doit conduire à toujours plus de mouvements et d’intensité, ces séances vidéo étaient devenues des scories d’autant plus insupportables qu’elles incitaient le public à influer sur les décisions arbitrales… En choisissant d’offrir à l’arbitre de ne plus trancher sur l’instant, nous devrions en finir avec ces simagrées et, par voie de conséquence, profiter d’un peu - beaucoup- plus de jeu. Rien d’anodin, évidemment.

Cela n’a encore rien d’un détail car l’arbitre, celui-là même qui est censé avoir toujours raison, n’aura plus à supporter seul la pression parfois démentielle qui entoure certaines rencontres. Au moment où la santé des joueurs devient plus prégnante que jamais, avec la chasse aux plaquages hauts et autres coups portés directement à la tête, toutes les décisions sont scrutées à la loupe et l’impact des cartons rouges est majeur. Dernier exemple en date avec Montpellier la semaine dernière face à Exeter, quand Zach Mercer fut expulsé avant d’être « blanchi » par la commission de discipline. L’honneur du joueur est sauf mais le mal est fait pour son équipe et son club, sortis prématurément de la phase finale de Champions Cup. Même si rien ne dit que le MHR se serait qualifié en restant à 15 contre 15, l’affaire aurait été largement mieux embarquée…

Ce dimanche à La Rochelle, le même arbitre (Mister Brace) qui avait « sévi » dans l’affaire Mercer a eu la main moins lourde à l’égard des Saracens, quand Woolstencroft déblaya directement au visage de Skelton, K.-O. sur le coup. Si cette décision ne respire pas la cohérence, elle est le fruit de la jurisprudence « Mercer » et nous dit ce que sera l’arbitrage dès demain.

Atteint par l’âge mûr du professionnalisme, le rugby ose donc la remise en questions en changeant son approche de l’arbitrage - ce qu’il a de plus cher. Le lider maximo et son bras armé (le commissaire à la vidéo) pourraient donc bientôt ne plus être seuls. Surtout, la règle et ses serviteurs devront être au profit du rugby. En aucun cas des freins à son épanouissement.

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