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200 ans d'histoire (12/52) : en 1910, la France entre dans le Tournoi

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200 ans du rugby - Ce fut le premier cap franchi par le rugby français, son admission dans le Tournoi des Cinq Nations effective en 1910 mais esquissée dès 1906. Le tournoi fonctionnait de façon empirique.

Ce n’était pas une révolte, mais une vraie révolution. Le 1er janvier 1910, le Tournoi passa de quatre à cinq nations. Pour la première fois depuis le geste de William Webb Ellis, une nation d’essence non-britannique était admise à la table des grands. La France fit son entrée officielle, à Swansea dans des conditions assez rocambolesques (lire Midi-Olympique du 12 janvier), il avait fallu trouver un talonneur in extremis (Jo Anduran) avant de prendre le train, tout ça pour se retrouver écrasé 49 à 14 par le pays de Galles, dix essais à deux. L’ambiance n’était même pas folichonne au Stade Saint-Helens, seuls 4 000 spectateurs avaient bravé le froid dans les tribunes. Et puis au banquet, il avait fallu entendre le capitaine Bancroft déclarer avec arrogance : "Vous Français, vous êtes de braves garçons, Vous arriverez peut-être à battre chez eux les Anglais, les Irlandais et les Écossais, mais vous ne triompherez, ici, au pays de Galles que le jour où il n’y aura pus de charbons sous nos pieds." Mais l’essentiel n’était pas là. Le principal c’était d’être dans ce club des cinq. Un vrai triomphe diplomatique et sportif.

Quatre ans plus tôt, en 1906, la résistance honorable des Français face aux All Blacks n’était pas passée inaperçue Les Anglais avaient émis l’idée que les voisins pouvaient devenir sinon des rivaux des partenaires estimables. L’Hexagone comptait de plus en plus de clubs, le public commençait à se presser dans les gradins et quelques joueurs montraient de vraies capacités. La RFU noua des relations officielles avec les autorités françaises, portées sans doute par la politique diplomatique de l’"Entente Cordiale" qui liait alors les deux pays depuis 1900. Sans trop s’en rendre compte, ses artisans, les Théophile Delcassé, Paul Cambon et Lord Lansdowne, ses artisans, ont propulsé le rugby français vers les cimes.

La RFU moins conservatrice qu’on ne l’aurait cru

Sur un plan sportif aussi les tractations allaient bon train, les dirigeants de l’USFSA (ancêtre de la FFR), ceux du Stade français et le correspondant de l’Auto à Londres (H. Lambert) avaient trouvé le moyen de "toucher" George Rowland-Hill, le grand maître de la RFU. Et, moins conservateur qu’on ne l’aurait cru, il persuada son comité directeur de laisser organiser un match annuel avec la France et ça débute dès le 22 mars 1906 au Parc des Princes. Quel coup de maître pour les Tricolores, l’Angleterre s’impose 35 à 8 mais la machine est enclenchée. Parce que, il faut bien saisir une chose. La France n’est pas entrée dans le Tournoi sur une grande décision proclamée avec tambours et trompettes ou sur un vote solennel. D’abord le Tournoi n’existait pas en soi. Il ne reposait que sur les relations bilatérales des quatre nations. Quand on dit que la France l’a intégré en 1910, on fait référence au fait que cette année-là, l’Écosse accepta à son tour d’affronter les Bleus chaque année. Le pays de Galles l’avait fait en 1908 et l’Irlande en 1909. Une fois les très conservateurs écossais séduits : la France fit partie de fait du Tournoi, sans autre forme de protocole. Il n’y avait pas de comité des 5 Nations à l’époque. À quoi aurait-il servi ? Il n’y avait pas de droits télévisés à se partager, ni de droits commerciaux. Chaque nation empochait les recettes de ses matchs, tout simplement.

Voilà comment la France s’est infiltrée dans le cénacle du rugby britannique, par le travail habile de quelques dirigeants parisiens qui depuis 1893 avaient organisé des matchs amicaux franco-britanniques, les Frantz Reichel, Louis Dedet, Pierre De Coubertin, ou Cyril Rutherford, un couturier anglais de Paris, intermédiaire idéal entre les deux univers. Les deux clubs majeurs de Paris, Stade français et Racing avaient servi de bons poissons-pilote à l’équipe de France. Dès 1892-1893, ils avaient cherché les confrontations, même déséquilibrées. Sans leur esprit d’entreprise, jamais la France n’aurait intégré aussi vite le Gotha du rugby mondial. La face de la planète ovale en aurait été changée. À part Coubertin, ils sont un peu oubliés aujourd’hui, mais notre pays leur doit beaucoup. L’universalité (relative) du jeu aussi, même s’il faudra attendre 90 ans pour voir une nouvelle nation invitée.

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