Faits divers - L'édito du vendredi : un an de vie

  • Martin Aramburu est mort le 19 mars 2022
    Martin Aramburu est mort le 19 mars 2022 Icon Sport - Icon Sport
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L'édito du vedredi par Léo Faure... Le téléphone avait sonné tôt, en ce samedi matin de crunch. Les Bleus se levaient juste dans leurs pénates marcoussiennes. Dans les heures à venir, ils devaient emprunter les marches du paradis vers un nouveau grand chelem, le premier depuis douze ans. Le joyeux monde du rugby français ne parlait que de ça et tout le monde aurait dû ne parler que de ça, en ce 19 mars 2022. Jour de fête, de rugby, de sport, de gloire et au travers, de fraternité. Soudain, plus personne n’en a parlé. Au bout du fil, la sentence : "Martin Aramburu est mort, cette nuit."

Le fil de la journée a transformé le choc en cauchemar. Aramburu n’était pas seulement mort, il avait été assassiné. En pleine rue, en fin de soirée, entouré de ses amis et pour rien. Comme ça.

Les enquêtes s’ouvraient, les infos filtraient. Les noms des suspects se retrouvaient bientôt à la une de tous les sites. Premiers rôles en diables : Loïk le Priol et Romain Bouvier, dont on vous épargnera ici les CVs nauséabonds, clairement tachés de haine. Les deux intéressés se vantaient d’être des « gentlemen fascistes ». Sondez ici la profondeur du néant.

Les Bleus, il y aura un an ce dimanche, ont effectivement gagné le Tournoi. Et le grand chelem. Un moment sportif pour l’Histoire mais la tête était ailleurs. Dans les coursives du Stade de France, sur le parvis, avant, pendant et après le match, tout le monde n’avait que le nom d’Aramburu en bouche.

Un an plus tard, cette sale odeur revient. Anniversaire ténébreux. La vie a continué mais celle des proches de l’Argentin ne sera plus jamais la même. Celle de sa femme, Maria, qui élève désormais seule leurs trois enfants. Avec des mots de réconfort qu’il faut leur donner et de la joie de vivre à puiser, quelque part, pour leur transmettre. Il le faut.

La vie de Shaun Hegarty continue également. C’est lui, l’ancien de Narbonne, Bayonne et Biarritz, qui était aux côtés de « Fede  Aramburu en cette nuit de fête, devenue nuit d’horreur. C’est dans ses bras que le Puma solaire s’en est allé.

Marqués à vie, confiant pleurer chaque jour l’absence de leur amour et de leur ami, Maria et Shaun nous ont reçus la semaine dernière, à Biarritz. Pour un temps de confidences, entre la douceur des souvenirs et la violence du manque, de l’incompréhension. Cette ire propre aux injustices.

Leur propos est sage, meurtri aussi. Leur colère est toujours là, évidente et légitime. Face à la plage de Biarritz où ils aimaient nager, entre les murs du café où ils s’arrêtaient déjeuner, dans les bureaux de l’entreprise qu’ils avaient fondée, Shaun Hegarty et Maria Aramburu ont confié leur indicible douleur. Et ce besoin d’avancer, coûte que coûte. Ils jurent trouver quelques ressources. Hegarty raconte : « Quand on avait des moments de stress à l’agence, Fede me disait souvent : « Calme-toi, Shaun. Et profite des choses simples. » Alors, quand ça ne va pas, je reprends ses mots à mon compte. » Alors, l’un et l’autre réapprennent à vivre et profiter de ces choses simples. Malgré tout.

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