Du rugby pour soigner la schizophrénie

Par Jean-Luc Gonzalez
  • La schizophrénie se soigne dans 80% des cas mais rien ne permet d'en guérir définitivement à ce jour.
    La schizophrénie se soigne dans 80% des cas mais rien ne permet d'en guérir définitivement à ce jour. Icon Sport - Icon Sport
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En France 660 000 personnes sont touchées par cette psychose dont les effets peuvent être réduits par une prise en charge précoce et des traitements où le rugby a trouvé une place.

Depuis plus de vingt ans, l'association Positive Minders travaille auprès du grand public à mieux faire connaître et à aider au traitement de la schizophrénie. C'est une maladie du cerveau, décrite comme un trouble de l'esprit impliquant la plupart du temps une perte de contact avec la réalité, perçue différente de ce qu'elle est réellement. Cette psychose touche une personne sur cent en moyenne, soit presque 660 000 en France avec des niveaux de sévérité divers. Très invalidante dans certains cas, voire destructrice, elle se manifeste le plus souvent entre 15 et 25 ans. Elle peut prendre de formes diverses : croyances et comportements bizarres, entendre des voix, avoir tendance à s'isoler.

La schizophrénie se soigne dans 80% des cas mais rien ne permet d'en guérir définitivement à ce jour. Il faut en moyenne quatre ans avant de diagnostiquer la maladie, quatre années durant lesquelles le malade pourra perdre des repères le poussant à se désociabiliser et à quitter son emploi ou ses études. L'espoir d'améliorer la vie de personnes impactées demeure. Julien Dubreucq, psychiatre au centre référent de réhabilitation psychosociale de Grenoble s'est lancé dans une expérience inédite autour du rugby dans plusieurs établissements. Jean-Christophe Leroy, directeur général de l'association Positive Minders raconte la démarche de ce spécialiste :

"Cette forme de rugby pratiquée à 7 joueurs permet aux malades de reprendre contact avec leur corps dont le rapport a pu être altéré, cela grâce au jeu et la préparation physique. Il libère la communication entre les personnes. Le match et aussi la troisième mi-temps aident à la reconstruction d'un lien social souvent très dégradé. En s'appuyant sur cette pratique sportive basée aussi sur le contact, les malades peuvent retrouver des sensations physiques totalement disparues. Certains schizophrènes disent ne plus ressentir leur corps, et même de vivre à côté. Des centres spécialisés existent mais 80% des malades n'y ont pas accès. Pour leur venir en aide, nous cherchons toutes les bonnes pratiques exportables à l'extérieur de ces centres. Le rugby en fait partie."

Déstigmatiser la maladie

La schizophrénie est souvent perçue comme une maladie grave par le grand public sauf qu'elle peut prendre bien des formes différentes. "Si le diagnostic et l'accompagnement se font assez tôt, reprend Jean-Christophe Leroy, le schizophrène, peut continuer à avoir une activité professionnelle ou créatrice, une vie sociale normale. Pour l'aider à mieux vivre ce
handicap, le regard de la société doit changer. Positive Minders s'emploie en premier lieu à déstigmatiser la maladie. C'est pourquoi, nous amenons des malades au contact de journalistes, de musiciens, de rugbymen qui auront ainsi une vision non déformée de la schizophrénie. La Fédération suisse de rugby a décidé d'exposer notre combat lors du prochain derby de Lausanne en le LUCR et LRSC, le 25 mars prochain. Nous avons lancé des démarches pour que la Ligue nationale de rugby, en fasse de même lors d'une rencontre à la même date. Ce serait formidable d'aboutir au parrainage d'un match du Top 14."

La balle est dans le camp du président de la LNR. René Bouscatel et de son équipe. Ils auront l'opportunité d'aider à mieux faire connaître cette psychose qui a des relations avec d'autres maladies répertoriées par l'Organisation mondiale de la santé. À savoir : la bipolarité, la dépression sévère, les troubles obsessionnels du comportement et aussi les addictions de toutes natures. D'anciens joueurs de rugby professionnels ont déjà rencontré ce type de problèmes qui imposent un diagnostic et un accompagnement pertinents dès les premiers symptômes.

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