L'édito : bijou de famille

  • Encore une fois, le Tournoi des 6 Nations a prouvé qu'il était inimitable.
    Encore une fois, le Tournoi des 6 Nations a prouvé qu'il était inimitable. Icon Sport - SUSA
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L'édito du vendredi par Emmanuel Massicard... Écoutez donc le silence. Il n’y a plus personne, en ce début d’année, pour nous rabâcher les oreilles à propos de l’intérêt de ce bon vieux Tournoi des 6 Nations. Plus personne pour trancher la tête des Italiens, coupables d’être mauvais et, surtout, de ne pas ramener assez de pognon dans la corbeille des mariés. Plus personne, enfin, pour appeler à la révolution de palais en ouvrant notre grand-messe hivernale aux Sud-Af’, Géorgiens, Argentins ou Japonais au nom de la modernité.

Pour l’heure, les archanges de la com’ et autres grands penseurs du marketing sportif font silence. Certains ont beau n’avoir jamais mis les pieds sur un terrain, peut-être même jamais posé leurs fesses derrière les poteaux de Twickenham, trinqué dans les pubs de Cardiff ou chialé quand Flower of Scotland résonne dans Murrayfield, cela ne les empêchera pas de revenir à la charge dès la première occasion venue. Oui, vous pouvez compter sur eux : ils seront toujours là pour vous expliquer comment dépoussiérer le rugby avec un money-time au cours duquel les essais comptent triple ou, pour finir, réinventer le Tournoi à sept, huit ou dix nations.

Au tournant de l’édition 2023, personne ne sort encore du rang pour taper sur le rugby, son modèle et ses spécificités qui n’entrent dans aucune case. Tout simplement car l’émotion se suffit à elle-même, qu’elle nous transporte toujours au gré de ce Tournoi qui sent bon la naphtaline. Et qu’il n’y a aujourd’hui quasiment rien à changer dans cette compétition racontant tout de notre discipline ; sauf peut-être la réintroduction des banquets d’après-match en smoking, sacrifiés depuis dix ans sur l’autel de la récupération…

Pour le reste, ne changeons rien et profitons de ce week-end qui s’annonce en mode "doublon" pour nous offrir une nouvelle orgie de rugby. Apprécions à sa juste valeur ce France-Écosse brûlant d’intérêt et certainement d’intensité après l’échec des Bleus, il y a quinze jours, en Irlande. Vous pouvez nous croire, le rendez-vous n’aura rien d’une aimable promenade face aux partenaires de l’imprévisible Finn Russell : les "Scots" rêvent encore du Grand Chelem quand nous devons trouver la force du rebond en tirant sur les ficelles du caractère…

Anachronique, vous en conviendrez, pour une équipe qui a enchaîné quatorze succès avant d’arrêter brusquement son ascension face aux numéros 1 mondiaux. C’est pourtant bien la réalité du XV de France version 3.0 qui semblait avoir fait le plus dur en remportant son premier titre l’an dernier et qui se retrouve désormais à la croisée des chemins ; en quête d’un précieux succès pour retrouver sa marche en avant.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces Bleus que l’on campait aisément parmi les favoris au prochain titre mondial, abordent désormais la réception des Écossais avec ce qu’il faut de prudence, sur la pointe d’un doute qu’il convient de vite chasser.

Rien d’étonnant au fond. Le Tournoi concentre dans son carré de tête certaines des forces les plus vives du rugby mondial ; il nous offre ainsi une concurrence renforcée, sans que nous ayons à rougir face aux Sudistes dont on a si souvent vanté les mérites… Alors profitons du silence, il n’a plus qu’à jouer !

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