Au Pays basque, les Euskarians sont de retour !

Par Pablo Ordas
  • Le projet transfrontalier "Euskarians" a été présenté à la CCI de Bayonne.
    Le projet transfrontalier "Euskarians" a été présenté à la CCI de Bayonne. Pablo Ordas
Publié le Mis à jour
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La semaine dernière a eu lieu, à la CCI de Bayonne, la présentation du projet transfrontalier "Euskarians", lequel vise à développer le rugby à sept et à quinze au Pays basque. On vous explique, ici, les contours de ce projet ambitieux.

Près de 200 personnes étaient présentes, jeudi soir, à la Chambre de commerce et d'industrie de Bayonne, pour assister à la présentation du projet « Euskarians » ou plutôt, son relancement, puisque c’est en 1997 que cette sélection a vu le jour, mais la pandémie de Covid, qui a ralenti le rugby amateur pendant plusieurs mois, a mis cette équipe à l’arrêt. Les Euskarians ? C’est Pierre Peytavin, leur président en Iparralde (Pays basque nord, NDLR), qui en parle le mieux. « Cela fait 26 ans que nous travaillons sur tout le territoire avec Iparralde et Hegoalde (Pays basque sud, NDLR). Nous faisons de la formation et nous essayons de construire une équipe pour pouvoir s’exporter à l’étranger. Le but, c’est d’amener l’image du Pays basque à l’extérieur, c’est notre philosophie », explique l’ancien trois-quarts centre de l’Aviron bayonnais. D’ailleurs, la devise de l’équipe n’est autre que « Eman ta zabal zazu munduan fruitua », ce qui veut dire, « donne et distribue ton fruit dans le monde entier. »

L’accent sur le VII

Que les supporters de l’Aviron bayonnais et du Biarritz olympique soient rassurés. Le projet « Euskarians », notamment soutenu par le gouvernement basque, Eurorégion, et les instances fédérales françaises ou espagnoles, ne vise pas à rassembler les deux clubs
professionnels du Pays basque pour en faire une seule entité. Depuis plusieurs années, il permet aux joueurs amateurs qui évoluent dans les filières fédérales de découvrir quelque chose de différent, sur des tournois internationaux à VII ou des rencontres amicales à XV. « Avec le Covid, nous nous sommes arrêtés pendant deux ans, poursuit Peytavin. Ça nous a permis de réfléchir et aujourd’hui, il fallait relancer les Euskarians avec un vrai projet autour de nouvelles ambitions. Même si nous allons garder le XV, nous allons mettre un peu plus l’accent sur le rugby à sept masculin et féminin. Il y a de vraies opportunités et le VII est
devenu un sport mondial pratiqué dans tous les pays. »
Ainsi, après les tournois au Japon ou au Kenya par le passé, la tunique basque devrait à nouveau faire son apparition, aux quatre coins du globe dans les mois à venir.

Des compétences en « Hegoalde »

Pour mener à bien le développement du rugby à VII chez les Euskarians, l’équipe dirigeante basque sait qu’elle va pouvoir compter sur les compétences de l’autre côté de la frontière. Si elle est seizième nation mondiale au classement World Rugby à XV, la sélection espagnole à VII a terminé le circuit 2022 à la onzième place (devant des nations comme l’Écosse, le Pays de Galles ou le Japon) et en décembre elle a battu la Nouvelle-Zélande (14-10) pendant le tournoi au Cap. « Le rugby à sept est très développé en Hegoalde », souligne Pierre Peytavin.
Né à Saint-Sébastien, l’ancien demi de mêlée Pablo Feijoo est, depuis 2017 le sélectionneur de l'équipe d'Espagne à VII. Gorka Bueno s’occupe, de son côté, des moins de 18 ans, pour la sélection des Leones à sept. Il est aussi né au Pays basque sud. « Ce sont des gens qui vont nous aider. Côté français, Cédric Laborde (cadre technique national à la FFR, qui a entraîné l’équipe de France à sept, NDLR) s’est proposé. Les compétences, on les a. Maintenant, il faudra un peu de temps pour construire une équipe.» Côté joueurs, les Euskarians pourront compter sur les espoirs des deux clubs professionnels (Bayonne, Biarritz) et les joueurs dits « amateurs » des deux côtés de la frontière, qu’ils évoluent à Anglet, Saint-Jean-de-Luz, Ordizia ou Guernica pour ne citer que ces clubs.

Canterbury est de retour en France

Dans cette aventure, la sélection basque collaborera avec l’équipementier néo-zélandais Canterbury, qui habillait au début des années 2000 l’Aviron bayonnais ou l’Union Bordeaux Bègles en Top 14. « La première fois que nous sommes arrivés dans votre région, tout le monde parlait de rugby, raconte Stanislas Adam, co-responsable de la marque en Europe, avec son frère Franck. Lorsque nous allions manger au restaurant et que les gens voyaient le logo Canterbury, ils nous parlaient de notre marque. En cinq minutes, on discutait avec une dizaine de personnes du dernier match de Bayonne ou du prochain. En vingt ans de
métier, nous n’avons jamais vu ça ailleurs. »
Cette collaboration entre les deux entités fait suite à la volonté de Canterbury de revenir dans le marché français. « Nous étions en visite dans le magasin de Pierre Peytavin (Peytavin sports, spécialisé dans la vente d'équipements sportifs, NDLR), car nous voulons être plus présents en France, et trois jours après, nous avons été contactés par Elie Benmergui (un des membres du comité directeur des Euskarians, NDLR). Ça a été, pour nous, un coup de foudre, poursuit Stanislas Adam. Le fait d’être avec les Euskarians va permettre aux gens de (re)découvrir la marque Canterbury. Nous avons été trop absents pendant quelques années en France. » Au-delà du maillot, Canterbury envisage de créer plusieurs produits dérivés pour permettre à la marque « Euskarians » de grandir.

Un match amical contre la Catalogne lors des demi-finales de Top 14

Si les Euskarians vont axer une partie de leur développement autour du « seven », le rugby à quinze ne sera pas délaissé pour autant et un match face à la sélection Catalogne aura lieu, le 10 juin prochain, pendant les demi-finales de Top 14, à Saint-Sébastien. Cette rencontre amicale se jouera au « Miniestadio de Anoeta », une enceinte de 4 000 personnes à côté de celle où les quatre meilleures équipes françaises se disputeront un ticket pour la finale du Top 14. Ce sera le premier match des Euskarians depuis 2017 et les dirigeants basques savent que le rugby à quinze et sa notoriété peuvent aussi offrir une grande exposition médiatique, un peu à l’image de ce que font les Barbarians aujourd'hui. « Ce serait un rêve de pouvoir avoir quelques joueurs professionnels pour affronter une sélection nationale sur notre territoire », glisse Pierre Peytavin. Après tout, vous conviendrez qu’une rencontre où les meilleurs professionnels, issus du territoire, affronteraient l’Argentine, l’Ecosse, ou les Fidji, dans un stade Anoeta avec 40 000 spectateurs aurait fière allure, non ?

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