Tensions à la LNR : pourquoi les présidents du rugby pro français se déchirent

Par Léo Faure
  • Philippe Tayeb (président de Bayonne), ici aux côtés du président Toulonnais Bernard Lemaître, s'est élevé contre le dernier communiqué de la LNR, adoubant la nomination d'Alexandre Martinez à la tête de la FFR et déviant de la ligne choisie jusqu'ici par les clubs professionnels.
    Philippe Tayeb (président de Bayonne), ici aux côtés du président Toulonnais Bernard Lemaître, s'est élevé contre le dernier communiqué de la LNR, adoubant la nomination d'Alexandre Martinez à la tête de la FFR et déviant de la ligne choisie jusqu'ici par les clubs professionnels. Icon Sport - Icon Sport
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Depuis plusieurs jours, les présidents du rugby professionnel français multiplient les communications offensives, pour ne pas dire agressives. En jeu, la position à adopter face au chaos qui frappe la FFR, depuis deux mois, jusqu’à la démission du président Bernard Laporte. Un séisme dans le rugby français qui fracture les équilibres également chez les pros. Voici pourquoi.

La mise en retrait, puis la démission de Bernard Laporte n’impactent pas seulement les arcanes de la FFR et la gouvernance du rugby amateur. Dont ce sillage, des scissions voient le jour un peu partout : dans le propre camp de la majorité, où la succession à Bernard Laporte ne se fait pas sans heurts et jeux d’influence ; dans l’opposition emmenée par Florian Grill, où la position à adopter face à cette situation de crise qui dure a créé de nettes lignes de fracture ; chez les clubs professionnels également.

Réunis sous l’égide de la Ligue, les présidents des clubs pros n’en sont pas pour autant unis autour d’une communication commune. Pire, depuis quelques jours, ils se déchirent franchement autour de la position à adopter face au chaos fédéral. Les dissensions nées des élections, entre les historiques "pro" et "anti" Laporte, refont surface. Le comité directeur de la LNR, qui se tient ce mardi, s’annonce pour le moins tendu.

Deux communiqués contradictoires qui mettent le feu aux poudres

Tout part d’un premier communiqué, daté du 27 janvier 2023, qui acte les résultats du référendum pour le poste de président-délégué à la FFR : le nom de Patrick Buisson est retoqué par la victoire du « non » ; la majorité à la FFR est de nouveau mise en difficulté, le président Bernard Laporte annonce sa démission ; la Ligue est sommée de clarifier sa position. Elle appelle à des élections générales à la « Fédé », empruntant ici la ligne politique du ministère des sports et de l’opposition incarnée par Florian Grill : "Les représentants de la LNR ont réitéré la position exprimée le 15 décembre consistant à ce que la FFR organise de nouvelles élections générales. […] En cohérence avec cette position du Bureau, les deux représentants de la LNR remettront leur démission de leur mandat de membre du Comité Directeur de la FFR."

Puis un seconde communiqué, beaucoup moins offensif, en date du 3 février, pour réagir à la nomination d’Alexandre Martinez au poste de président intérimaire. Pas d’élections à la FFR, donc. A l’encontre de ce qu’elle réclamait initialement, la Ligue ne s’en offusque pas officiellement, dans sa communication. Changement de cap : "Nous souhaitons vivement que cette étape marque enfin une période d’apaisement pour l’ensemble du rugby français. En tant que représentante du rugby professionnel, la LNR rappelle que les positions et décisions qu’elle a prises en totale indépendance et qu’elle assume, ne doivent en aucun cas faire l’objet d’une quelconque récupération."

Pourquoi une telle dissonance, entre deux communications si rapprochées ? Chaque camp a visiblement profité de l’absence de l’autre – ou en tout cas sa minorité - aux réunions du Bureau pour faire passer sa position. En force. Une fois l’un, une fois l’autre.

Jacky Lorenzetti a haussé le ton ces derniers jours sur notre site.
Jacky Lorenzetti a haussé le ton ces derniers jours sur notre site. Icon Sport

"On va devoir s’expliquer !"

C’est ici le marqueur de deux camps qui s’éloignent et s’opposent désormais par voie de presse. Le premier à dégainer fut Jacky Lorenzetti, président du Racing 92 et parmi les leaders à la Ligue de l’opposition à René Bouscatel et son premier cercle (Lombard, Lacroix, Rivière), réputé proche du « camp Laporte » à la Fédération. Dimanche, sur Rugbyrama.fr, Lorenzetti s’emportait : "Ce communiqué est parfaitement ambigu par rapport à la position antérieure qu’avait prise le rugby professionnel français. Je ne peux pas m’imaginer une seule seconde que notre bien-aimé président (René Bouscatel, N.D.L.R.), dont la verve de bâtonnier n’est plus à démontrer, se soit trompé dans les mots employés dans ce communiqué. On va donc devoir s’expliquer !"

Ce lundi chez nos confrères de L’Équipe, Philippe Tayeb (président de Bayonne), également dans le courant d’opposition, en remettait une couche. S’il nie une fracture - "il ne faut pas croire à une opposition ou une scission dans la Ligue" - il ne cache pas moins son énervement : "Ce qui m'a beaucoup surpris, c'est le contenu et surtout la prise de position du bureau sans une consultation des présidents. Ça va aux antipodes de ce qui avait été dit au début d'une présidence où il allait y avoir une certaine forme de concertation, de rassemblement et d'unité".

Tayeb renchérrissait également à propos des proximités de son président René Bouscatel et du Toulousain Didier Lacroix avec la gouvernance de la FFR : "Ils représentent les présidents de Top 14 et Pro D2. Qu'ils soient proches ou pas de Bernard Laporte, comme d'autres, ça c'est personnel. On ne doit pas rentrer dans ce type de débat. René et Didier doivent nous concerter pour ce genre de décisions." Ces prises de position sont aussi des exercices de communication préparatoires à un comité directeur de la LNR qui se tient ce mardi. Et avant lequel le président Bouscatel leur a déjà répondu, toujours dans L’Equipe : "Certains se comportent comme dans une cours de récréation". L’ambiance s’annonce chaude...

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