Top 14 - Christophe Urios (Clermont) : "J’étais en contact avec d’autres clubs en novembre mais je ne me sentais pas capable"

Par Clément Labonne
  • Christophe Urios (Bordeaux-Bègles) lors de la rencontre face au Racing 92 en octobre 2022
    Christophe Urios (Bordeaux-Bègles) lors de la rencontre face au Racing 92 en octobre 2022 Icon Sport
Publié le Mis à jour
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TOP 14 - Christophe Urios a été présenté ce jeudi comme nouvel entraîneur de l'ASM Clermont. L’ancien manager de l’Union Bordeaux-Bègles veut notamment remettre un "état d’esprit fort" dans les rangs auvergnats.
 

Christophe, est-ce particulier d’arriver en cours de saison ?

Avant de débuter, je tiens à rendre hommage à Jono Gibbes. J’apprécie l’homme. Aujourd’hui je fais le beau, mais il y a deux mois j’étais à sa place. Pour revenir à la question, effectivement c’est une situation particulière. C’est la première fois que je prends un groupe en cours de saison, la semaine va être très courte parce que je débute lundi avec les joueurs. On devra vite attaquer fort face à Lyon. On a fait des visioconférences avec le staff et les joueurs, et lundi ce sera plus charnel ! C’est l’avantage et l’inconvénient de cette situation. Je vais travailler avec un staff déjà en place, il faut les respecter. Moi je viens seul et j’ai six mois pour évaluer le fonctionnement. Aujourd’hui j’ai la force et l’intention d’embarquer le staff avec moi et qu’on grandisse ensemble !

Quelques heures après le licenciement de Jono Gibbes à Clermont, Jean-Michel Guillon s'est expliqué sur les raisons de son choix. Le président de l'ASM a notamment souligné que l'ensemble du club devait se remettre la tête à l'endroit.https://t.co/n510xmRiEY

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) January 16, 2023


Y avait-il de l’impatience ?

Ah oui… J’étais en contact avec d’autres clubs en novembre mais je ne me sentais pas capable. Mais je savais qu’après les fêtes de fin d’année j’allais repartir. Je ne m’étais jamais fait débarquer en 21 ans et je comprends aujourd’hui les mots de José Mourinho quand il disait "on devient un vrai entraîneur quand on se fait virer". Je ne comprenais pas pourquoi il disait cela. Alors je faisais le beau, en disant que je ne m’étais jamais fait virer mais au moins je suis un vrai entraîneur ! Aujourd’hui j’ai la rage et je suis prêt !

Qu’est-ce qui vous a convaincu dans le projet clermontois ?

Quand je suis parti de Castres, j’avais trois clubs privilégiés. Le premier c’était Bordeaux-Bègles et le deuxième Clermont. Sincèrement, quand j’ai eu les premiers contacts samedi dernier ça m’a fait quelque chose. C’est un club avec une identité forte. L’ASM c’est une marque aujourd’hui. J’ai également été rassuré sur l’ambition du président de ramener le club dans les six.

La priorité est de retrouver la confiance et un gros état d’esprit.

Ce cap de la sixième place est-il toujours tenable ? 

Clermont doit jouer le haut du tableau. Ça devient de plus en plus serré, le Top 14 c’est la jungle aujourd’hui. On a perdu un peu de temps, on a 31 points et je considère que la sixième place se jouera comme chaque année entre 68 et 72 points. Il y a 55 points possibles, il faut en prendre 40. Si vous êtes bons en maths, vous voyez qu’il va falloir aller vite. Mais aujourd’hui ce n’est pas la fatalité. Il faut réenclencher une dynamique et un état d’esprit fort. Clermont doit redevenir une équipe conquérante.

Quelles sont les qualités et défauts de ce groupe ?

Honnêtement ce n’est pas simple. Quand je suis sorti de l’UBB je n’ai pas regardé les matchs pendant un mois, mais je n’oublie pas qu’on a joué Clermont en octobre dernier donc on avait étudié l’équipe (rires). Mais depuis le début de l’année j’ai regardé avec attention les matchs contre Perpignan et Leicester. Il y a trois choses importantes à améliorer. L’état d’esprit, d’abord. Clermont doit être très agressif, c'est un club qui a toujours été réputé pour cela. Sur les derniers matchs, je ne le vois pas trop. On a besoin de monter le curseur sur les bases du jeu. Je parle de la conquête de la défense et de la discipline. Et cela commence par les avants. Le troisième point est lié à l’identité du jeu. Je ne suis pas encore imprégné du jeu clermontois, mais l’ASM est liée à un jeu rapide, dynamique, et très efficace sur les largeurs. Mais la priorité est de retrouver la confiance et un gros état d’esprit.

Pour réussir cela, il faut des leaders. En avez-vous identifié ?

Pas encore car je ne les ai pas vus réellement. Je vais m’appuyer sur les joueurs en place. Je vais faire mon opinion à travers les entraînements, en sachant que nous irons à Lyon avec très peu d’entraînement. Il me tarde d’avoir les relations avec les mecs, j’ai besoin de les sentir. Mais je ne peux pas répondre aujourd’hui. J’ai vu le match de La Rochelle ici et c’était une grosse équipe de Clermont. Il faut arriver à transférer le travail de la semaine en match.

En quoi le Christophe Urios de Clermont sera-t-il différent de celui de l’UBB ?

Je n’ai jamais de copier-coller pour la bonne raison que j’en suis incapable. Je crois que le rugby appartient au territoire. Je veux que les gens viennent au stade pour partager une émotion forte avec les joueurs, pour moi le rugby c’est ça. Il faut que notre jeu corresponde à ces gens. Il y aura un fil conducteur avec d’entrée : l’état d’esprit. C’est fondamental d’être ouvert sur les supporters et de partager des grands moments avec eux.

À quel point est-ce complexe de préparer un déplacement à Lyon en sachant que l’équipe reviendra d’Afrique du Sud ?

C’est de l’enfumage. Les joueurs arrivent lundi, on joue samedi. Pendant ce laps de temps il faut que je construise l’équipe et un système pour aller poser des problèmes au LOU. Mais le contexte j’en suis conscient. Je n’ai pas beaucoup de temps mais je le savais avant de venir. Ce qui sera important, ce sera d’être prêt pour Lyon, rien d’autre.

Avez-vous influé sur la composition d’équipe de l’ASM pour le match aux Stormers ?

J’en ai discuté avec Didier Retière dans un premier temps. Le staff m’a transmis la composition pour savoir ce que j’en pensais, mais ce n’est pas mon travail. Je leur ai dit d’y aller à fond ! Ce sont eux qui ont préparé le match. Beaucoup de joueurs sont en reprise, il faut prendre en compte l’importance de la coupe d’Europe à Clermont mais je leur ai dit que la priorité c’était le Top 14 !

Êtes-vous satisfait du recrutement pour la saison prochaine ?

Oui je suis en ligne avec ce qui a été fait car ce sont des joueurs de haut niveau caractère. On est en février, il reste des joueurs à confirmer chez nous ou pas. Sur ce point j’ai besoin de les rencontrer, de voir leur positionnement, quels retours du staff etc. On a déjà des pistes pour le recrutement. Et pour être honnête, j’ai une réunion mercredi matin avec Didier Retière pour en discuter précisément.

"Moi je fais jouer les meilleurs"

Comment allez-vous construire votre relation avec les supporters ?

Je ne vais pas jouer de rôle. Je suis authentique. J’aime le public de Clermont, ce sont des gens passionnés, du terroir. Et quand les gonzes sont sur le terrain ils ont intérêt de s’y filer. Il y a quelque chose qui m’a toujours marqué ici, ce sont les supporters qui courent à l’ouverture des portes du stade. C’est un plaisir de regarder cela à chaque match. C’est l’histoire de Clermont. Donc il faudra que l’état d’esprit soit présent et que je rencontre les gens du territoire.

Comment appréhendez-vous le mariage entre votre franc-parler et la "discrétion" de l’ASM ?

J’ai un fonctionnement cash. Je ne manque de respect à personne et dans le même temps, je ne serai pas un mou demain. Et ce n’est pas ce que l’on attend de moi. C’est ma force. Si on fait de la m*rde, je dirai qu’on fait de la m*rde, si on est bon je dirai qu’on est bon… mais c’est la vie ! Il faut que tout le monde soit comme ça ! C’est ma façon d’être. On ne peut pas fermer le club et dire qu’il faut partager des émotions ça ne peut pas marcher. Clermont a la vocation de faire rêver. Mais si on ne fait pas perdurer cette identité, les gens ne courront plus à l’ouverture du stade. Et moi je veux qu’ils courent. Je veux que l’équipe montre cette envie dès samedi. Dans le même temps il faut beaucoup d’humilité, avec un état d’esprit fort comme je l’ai dit.

Plusieurs joueurs vont partir à l’issue de la saison, comment allez-vous appréhender leur situation ?

Moi je fais jouer les meilleurs. Donc si les meilleurs joueurs sont Damian Penaud, Arthur Iturria ou d’autres ils joueront jusqu’à la fin de la saison. Personne n’a un statut particulier, ils ont des devoirs. Mais il n’y aura aucun lien avec leurs départs.

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— UBB Rugby (@UBBrugby) December 28, 2022


Quid de votre premier entraînement ?

On n’a pas le temps. Il va y avoir du changement, sinon ce n’est pas la peine que je vienne. J’ai beaucoup de rencontres avant lundi, et je verrai la semaine prochaine avec l’aide du staff. Au moins je pourrai progresser en anglais (rires) ! Je suis très mauvais en anglais mais au moins les joueurs verront quand je serai content ou pas. Il faut que je m’imprègne de l’identité de la maison en très peu de temps. Je dois avoir une idée précise pour que lundi j’ai le moins d’interrogations possibles.

Cette arrivée implique également un grand changement pour votre famille…

Je suis incapable de vivre le rugby sans ma famille. Il va y avoir quelques mois où ce sera difficile pour moi, dans un appartement seul comme à vingt ans… mais j’aurai du temps pour l’ASM ! Certains membres de ma famille étaient pour, d’autres contre, mais au final la décision a été prise en famille. J’ai besoin d’eux, c’est mon oxygène. Mon dernier enfant pensait qu’on repartait à Oyonnax parce qu’on s’éloigne de Carcassonne, là où on a beaucoup de famille.

Avez-vous conscience d’être très attendu par le public clermontois ?

Quand je suis arrivé à Bordeaux, c’était un peu pareil mais je ne le vois pas comme ça. Je suis un grand garçon, je n’ai pas peur mais je sais qu’il y a une grosse attente. Je ne suis pas seul. La priorité est de régénérer ce groupe dans l’énergie. S’il n’y avait pas d’attente je ne serai pas là !

Quel sera votre regard sur les Espoirs et la formation ?

J’aime être au courant de tout ce qu’il se passe dans un club. J’aime apporter mon regard chez les jeunes. Au-delà de former des jeunes, le but c’est de former des vrais professionnels avec un état d’esprit fort et une identité solide. La formation de l’ASM marche très bien depuis de nombreuses années et j’aime avoir un suivi chez les jeunes. À Castres, Mathieu Babillot était tout jeune et il est finalement devenu le grand capitaine du CO.

Killian Tixeront pourrait-il être le Babillot clermontois ?

C’est encore trop tôt pour me prononcer. Et honnêtement, je serai incapable de le reconnaître dans la rue… sauf s’il a son casque rouge !

Un mot sur vos anciens adjoints Julien Laïrle et Frédéric Charrier, allez-vous les faire venir à Clermont à l’issue de la saison ?

Je ne sais pas encore et ce n’est pas la priorité. Aujourd’hui ils sont à Bordeaux et ils font du bon travail. Ils se posaient des questions quand je suis parti mais je leur ai dit de continuer et de ne pas lâcher ! C’est important qu’ils aillent au bout par loyauté à l’UBB, et pour mon cas, par respect pour le staff en place. J’ai discuté avec Frédéric et Julien de mon arrivée à Clermont mais rien de plus.

2023 sera-t-il un grand cru ?

On verra après les vendanges !

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— ASM Rugby (@ASMOfficiel) January 19, 2023
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