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Champions Cup - Thomas Ramos (Toulouse) : « Je sais que je n’ai jamais mis de fourchette »

  • Thomas Ramos sera requalifié ce lundi et pourra rejoindre les Bleus pour préparer le Tournoi des 6 Nations.
    Thomas Ramos sera requalifié ce lundi et pourra rejoindre les Bleus pour préparer le Tournoi des 6 Nations. Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Suspendu depuis le 18 décembre, après son expulsion contre Sale et une fourchette présumée sur Gus Warr qu’il nie fermement, Thomas Ramos sera requalifié lundi, pour le début du stage avec les Bleus. Il prend la parole pour la première fois depuis cet épisode.

Comment êtes-vous durant une période sans match ?

Je pense être un peu chiant aux entraînements. Il faut demander à quelques jeunes avec qui je joue ces dernières semaines. La compétition me manque… Un petit jeu à l’entraînement, pour un mec qui joue chaque week-end, ça reste un petit jeu. Mais, pour moi en ce moment, c’est la compétition de la semaine ! Je vois la fin, c’est ma dernière semaine. Les troisième et quatrième étaient les plus dures à vivre.

Mais on peut se dire que cela vous a offert du repos…

Au début, je ne l’ai pas du tout vu ainsi. Je savais que de gros matchs arrivaient, dont celui au Stadium contre Castres. On n’y joue pas souvent, j’aurais aimé y être. Mais, comparé à l’an passé à la même période, je sens mon corps moins fatigué après quatre semaines sans match. Un peu de repos, ça fait du bien… J’aurais préféré que ce soit dans d’autres circonstances.

Avant le match retour à Sale, plusieurs Toulousains ont pris votre cas comme levier de motivation…

Je suis content de la victoire car les mecs de Sale avaient un peu fait les beaux à l’aller. Ils avaient clairement annoncé certaines choses et avaient même fait les malins à la réception alors qu’ils venaient d’en prendre 45. En termes d’état d’esprit, ce n’est pas l’image qu’on veut donner de notre sport. C’était dommage.

Vous aviez été au milieu de plusieurs frictions à l’aller. Que s’était-il passé ?

J’ai pris un carton rouge, c’est une chose. Mais la citation dont j’ai fait l’objet, j’en suis victime. La sanction me coûte cher.

Aviez-vous l’impression d’être ciblé ?

Je n’en sais rien. (Il réfléchit) Mais il y a deux cartons jaunes pour des fautes sur moi, pas mal d’insultes qui ont fusé pendant le match. Et cette action où je tombe sur le demi de mêlée adverse, qui était totalement involontaire et anodine pour moi.

Sur laquelle vous avez été accusé d’un contact volontaire avec sa zone oculaire, donc d’une fourchette…

Ça fait mal d’apprendre le lendemain, à trente minutes de l’heure limite de citation, que je suis cité pour une fourchette. Quand on connaît les sanctions pour ce geste, ça fait peur et la pression monte. Puis j’ai découvert le récit du demi de mêlée…

Thomas Ramos se dit "victime" après sa suspension de cinq semaines.
Thomas Ramos se dit "victime" après sa suspension de cinq semaines. Icon Sport

Que dit-il ?

Que je lui ai mis trois doigts dans l’œil pendant cinq secondes ! Déjà, aucune image ne le montre. Je sais pertinemment que je n’ai jamais fait ça. Vous imaginez trois doigts dans l’œil pendant cinq secondes ? Vous ne pouvez pas rejouer dans la minute suivante et vous avez l’œil rouge au moins une semaine. Le mec était intact. Il s’est relevé et a joué. Je le raconte avec du recul mais sur l’instant, je l’ai très mal vécu. Il y a un manque de sincérité de sa part qui est énorme. C’est dur à accepter.

Pensiez-vous être blanchi pour ce geste ?

Oui, je suis parti à la commission en disant qu’il fallait me défendre sur le carton rouge parce qu’il y a eu un contact avec la tête et que je risquais une suspension. Mais j’ai affirmé à Ugo (Mola) et Jérôme (Cazalbou) : « Je ne vois pas comment je pourrais être sanctionné pour une fourchette vu que je n’ai rien fait. » J’étais certain d’être blanchi là-dessus. À l’arrivée, j’ai pris davantage pour la fourchette que pour le rouge… C’est incroyable.

Craignez-vous de le traîner désormais ?

Ça m’embête de le voir dans mon casier disciplinaire. Quand tu es accusé, tu dois te défendre. Mais la parole du mec qui m’a accusé n’a jamais été remise en cause alors qu’aucune image ne le montre. C’est ce qui me gêne le plus. On est passé d’une commission durant laquelle on me dit à l’oral « on suspecte qu’il y ait pu avoir une fourchette » à écrire noir sur blanc « intention de mettre une fourchette ». Je ne veux pas avoir l’image du mec qui met une fourchette à un joueur au sol.

L’avez-vous digéré ?

Oui. J’étais énervé les deux ou trois premiers jours. Mais on a décidé de ne pas faire appel et j’ai pris mon mal en patience.
Pourquoi ne pas avoir fait appel ?
Ils ont fusionné les deux sanctions, de quatre semaines pour le carton rouge et cinq semaines pour la fourchette et retenu la plus longue. On avait peur qu’en faisant appel, ils additionnent les deux et m’infligent une durée de suspension beaucoup plus longue. Le problème était aussi sur la difficulté de me défendre…

C’est-à-dire ?

Aucune image ne prouve que je suis coupable, donc aucune ne prouve malheureusement que je suis innocent. Les plans, où on peut essayer de voir quelque chose, étaient très éloignés, donc pas vraiment exploitables en zoomant. Nous serions partis sans élément nouveau et je risquais une sanction alourdie.

Est-ce important d’avoir la conscience tranquille ?

Oui, je suis serein avec ça. Je sais que je n’ai jamais mis de fourchette à ce joueur. On parle beaucoup du rugby, des valeurs, de la solidarité, de l’exemplarité, etc. Mais, quand il arrive un truc pareil, je me demande où va notre sport. Si je me prends le bec avec un mec sur le terrain, je sors du match et je dis qu’il m’a mis un doigt dans l’œil ? C’est la citation à tout va ! Si on en arrive là, ça devient grave. Je trouve dommage que la parole de ce joueur n’ait pas été remise en question, sachant que son propre médecin avait fait un compte rendu qui allait en ma faveur.

Ugo Mola a dit : « Si vous connaissez Thomas Ramos, vous savez qu’il est incapable de faire un tel geste »…

Je ne suis pas un saint sur le terrain. Il m’arrive parfois de chambrer, de brancher. Mais de nombreux joueurs font ça, c’est dans le feu dans l’action. Je suis tout sauf méchant, je ne mets pas de mauvais coups. Alors, un geste pareil ? Je connais les sanctions qu’on risque. Dans une saison de Coupe du monde, je ne suis pas fou, je ne m’amuserais jamais à faire ça. Et je n’aimerais pas en être victime, donc je ne le fais pas à un autre.

Sur l’expulsion, Fabien Galthié parle de « maîtrise émotionnelle »…

Je peux l’entendre. Même moi, en voyant que c’est la 80e minute, qu’on marque un essai et qu’il est annulé car je prends le rouge, je me dis : « L’accrochage est ridicule. » Sur le moment, j’ai vu le ballon tomber et j’ai dit « bien » à mon partenaire qui a plaqué. L’arrière adverse l’a pris pour lui et m’a sauté dessus. Nous nous sommes accrochés. J’ai assumé devant la commission le contact avec la tête mais en aucun cas, je n’ai voulu mettre un coup de boule ou faire mal. C’était juste un combat de coqs, deux mecs qui s’attrapent, s’agrippent et les deux têtes qui se touchent. Mais il y a rouge car c’est moi qui vais vers l’avant.

Jusque-là, était-ce votre meilleure saison ?

Peut-être, oui. Cette première partie de saison est sûrement celle où j’ai pris le plus de plaisir, où je me suis le plus épanoui.

Melvyn Jaminet et Thomas Ramos sont en concurrence pour porter le numéro quinze au Stade toulousain.
Melvyn Jaminet et Thomas Ramos sont en concurrence pour porter le numéro quinze au Stade toulousain. Icon Sport

Avec l’arrivée de Melvyn Jaminet et d’Ange Capuozzo à Toulouse, vous vous saviez attendu au tournant…

Je ne sais pas si c’est moi qui l’étais ou ceux qui arrivaient. ça dépend de la façon dont on le voit. Dès lors que j’avais décidé de rester et de prolonger, j’avais envie de montrer, dès la préparation et les premiers matchs, que j’étais là, que je n’avais pas ce choix pour rien. C’est un levier de motivation en plus. Mais je vis depuis longtemps avec la concurrence à Toulouse.

Vous faites référence à Maxime Médard ?

Oui, à Cheslin Kolbe aussi. Je sais ce que c’est au quotidien.

Vous avez été sollicité l’an passé et vous êtes interrogé sur votre avenir. Était-ce une étape nécessaire ?

Oui, je suis quelqu’un qui a besoin de savoir où il va. On m’envoyait à droite et à gauche… Beaucoup de questions affluaient dans ma tête. Dès que j’ai clarifié ma situation, je me suis senti libéré de ce poids. Depuis, je prends beaucoup plus de plaisir.

Melvyn Jaminet est aussi votre principal concurrent en sélection. En avez-vous discuté avec lui l’été dernier ?

Non, j’en parlais quand on me posait la question mais la concurrence a toujours été saine avec ceux qui étaient ici avant, c’est encore le cas aujourd’hui. Avec la blessure de Romain (Ntamack), j’ai joué 10 et Melvyn à l’arrière. Pendant l’absence de Melvyn, j’ai joué ouvreur et Ange derrière, ou moi à l’arrière et Ange à l’aile. On n’évoque pas vraiment le sujet. Quand tout le monde sera sur le pont, le choix appartiendra aux coachs. C’est la vie d’un club.

Qu’a changé la tournée de novembre pour vous ?

Elle m’a fait énormément de bien mentalement. Quand tu n’es pas loin mais que tu n’y es pas, tu te questionnes beaucoup : « Est-ce que j’ai vraiment le niveau international ? » Pour le savoir, je n’avais besoin que d’un truc : jouer et enchaîner les matchs pour voir où j’en étais. Ces trois-là, face à trois belles nations, m’ont permis de revenir de la tournée avec le plein de confiance.

Thomas Ramos a réalisé une tournée de novembre de très haut niveau.
Thomas Ramos a réalisé une tournée de novembre de très haut niveau. Icon Sport

Le sélectionneur a dit que vous aviez la pression…

Oui, parce que les blessures de certains m’ont propulsé titulaire. J’avais une chance à saisir et je pense l’avoir fait.

Dans votre carrière, vous avez toujours franchi un cap quand vous avez été remis en cause…

Je suis un compétiteur, j’ai cet orgueil qui me dit : « D’accord, on me remet en cause, alors je vais vous montrer. » J’aime répondre présent quand je suis attendu.

Avez-vous eu peur que votre carrière internationale ne décolle pas ?

Un peu. Avant l’automne, j’avais dix-sept sélections mais je ne me considérais pas comme un vrai international… Je n’avais jamais enchaîné trois matchs. Cette tournée m’a permis de ne plus me poser mille questions. J’avais besoin de m’imposer sur une série de rencontres, de faire partie à 100 % de l’équipe. Je me suis dit : « C’est bon, j’ai le niveau, je peux avancer et me considérer comme un vrai international. »

Cette tournée a aussi mis fin à l’incompréhension qui subsistait autour de votre cas depuis votre départ prématuré du Mondial 2019 au Japon…

J’ai rangé cet épisode dans la case du passé depuis longtemps mais ça revenait encore souvent. Si cela peut permettre qu’on n’en parle plus, tant mieux (rires).

Avez-vous forcé votre nature, sur les attentes du poste d’arrière en Bleu ?

Non, mais j’ai appris à écouter ce que l’on me demandait selon les situations. J’étais attendu sur ce point en novembre, de pouvoir répondre présent sur une stratégie. J’ai montré que j’étais capable de m’adapter à ce que l’on me réclame.

Beaucoup doutaient de votre capacité à être un arrière sobre, qui occupe au pied, mais on vous a aussi vu être naturel et remonter des ballons…

Mais on ne me l’a jamais interdit en équipe de France ! C’est juste que le niveau est plus élevé et que les moments où on peut se le permettre sont plus rares. Quand je sentais que j’en avais l’occasion, j’ai contre-attaqué.

Craigniez-vous de ne pas être appelé pour le Tournoi après la suspension ?

Pas vraiment. On peut se demander si je manque de rythme mais c’est différent d’une blessure. Je n’ai pas rien fait, je me suis entraîné tous les jours. Je me sens en forme, presque plus qu’en début de saison.

Un autre rôle que celui de titulaire vous décevrait-il ?

(Il hésite) J’ai envie de dire oui. Quand on va en sélection, en sortant de trois matchs titulaire, ce serait forcément une déception. J’y vais pour jouer. Si c’est le cas, cela signifiera que j’ai fait ce qu’il fallait en novembre. Sinon, il me faudra entendre ce que l’on me dira et continuer à me remettre en question pour atteindre mon objectif, qui est d’être dans le XV de départ. Aujourd’hui, je ne sais pas quel sera mon rôle.

Vous pourriez vous retrouvez face à Ange Capuozzo en Italie…

Ce ne serait pas dans un duel très physique (rires). Au regard de nos profils, on serait plus dans l’évitement. On commence à bien se connaître. Si je joue, je donnerai des indices à mes coéquipiers pour éviter qu’il nous franchisse.

Vous avez toujours dit que le Mondial est un objectif personnel majeur…

Beaucoup le pensent, pourquoi ne pas le dire ? J’ai très envie d’y être, alors je ne vais pas le cacher. Peut-être parce que je n’ai pas fini la Coupe du monde 2019, qu’il me reste ce goût d’inachevé. À l’époque, j’avais besoin de basculer sur les quatre années qui arrivaient, de faire de la Coupe du monde en France une grosse ambition personnelle. Je ne veux pas la rater.

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Les commentaires (1)
jmbegue Il y a 1 année Le 20/01/2023 à 18:54

Il est de notoriété publique que les britanniques sont les maîtres du Fair-play.
Il a toutefois une exception : le monde du rugby