Faits divers - "Sa situation progresse mais n’est pas stabilisée" : les parents de Mathias Dantin prennent la parole

Par David Bourniquel
  • Illustration ballon de rugby.
    Illustration ballon de rugby. Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

FAITS DIVERS - Fabienne et Jérôme, les parents du jeune Mathias Dantin, 17 ans, devenu tétraplégique après un mauvais plaquage subi le 14 décembre dernier au cours d’un match scolaire s’expriment en exclusivité pour Rugbyrama. Ils donnent des nouvelles de leur fils dont le sort émeut le monde du rugby et au-delà …

Samedi prochain, nous serons le 14 janvier et cela fera un mois que votre vie et celle de votre fils Mathias a basculé. Comment va-t-il ?

Il y a un peu de mieux, jour après jour. Récemment, il y a eu des améliorations au niveau respiratoire. Chaque nouvelle progression est une petite victoire pour nous et pour lui. Depuis peu, Mathias parvient à rester quelque temps dans un fauteuil, il peut quitter la position alitée. Ce jour (samedi, N.D.L.R.), il a pu manger pour la première fois depuis l’accident. Il a pu avaler un yaourt. Il parvient aussi à boire. Il a eu envie d’un Perrier-citron…

Pouvez-vous revenir sur les circonstances de l’accident ?

Le rugby, c’était notre affaire, à moi et à Mathias. Sa maman aime beaucoup le rugby -nous nous sommes même rencontrés dans le cadre du rugby ! - mais elle le suivait moins assidûment que moi. Ce mercredi 14 décembre, j’avais fini le travail plus tôt qu’à l’accoutumée et j’ai profité de ce temps libre pour aller voir jouer Mathias qui disputait un match scolaire. Il jouait trois-quarts aile. Je me suis placé le long de la touche, sur un côté du terrain où j’étais le seul spectateur. Le sort a voulu que l’action tragique se déroule à quelques mètres de moi seulement. À la façon dont il est retombé au sol, j’ai compris immédiatement que c’était très grave et Mathias aussi. Il n’a jamais perdu connaissance, il est toujours resté parfaitement conscient. Il a senti craquer ses cervicales. L’action n’était pas encore terminée que j’étais déjà auprès de lui sur la pelouse. Je touchais ses membres pour voir s’il les sentait. Mathias m’a dit : "ça a craqué, ça a craqué, appelle les pompiers ...".

Là, j’ai paniqué et j’avais du mal à m’exprimer auprès des secours. Heureusement, il y avait là un spectateur qui se trouve être secouriste de montagne qui a été très réactif et qui a su prendre les choses en mains. Il a agi en grand professionnel. Dans l’affolement, je n’ai pas eu la présence d’esprit de prendre ses coordonnées mais Mathias aimerait le retrouver pour le remercier. Vous savez, Mathias était étudiant en Bac Pro "sécurité-défense", il connaît les gestes de premier secours, tout cela faisait partie de sa formation. Il est conscient que cet homme lui a sans doute sauvé la vie. Si cette personne nous lit, qu’elle se fasse connaître.

Que penser de l’action à proprement parler ?

C’est une action qui n’a pas lieu d’être sur un terrain de rugby. Le plaqueur a fait une terrible erreur.

Quel est votre avenir, à court et moyen terme ?

Pour le moment, Mathias est à l’hôpital, dans un service de réanimation pour au moins un mois encore. Il a du personnel soignant avec lui 24 heures sur 24. On ne peut absolument pas se projeter. Notre avenir proche s’écrit heure après heure et pas plus. Mathias avance mais pas assez vite. Pour le moment, grâce à sa volonté sans faille, il progresse bien et a évité la trachéotomie (intervention chirurgicale visant à réaliser une ouverture au niveau de la trachée pour y placer une canule favorisant la respiration, N.D.L.R.). On l’oublie quand on n’y est pas confronté directement mais la tétraplégie ne concerne pas seulement les jambes et les bras. Elle implique aussi les organes vitaux. Mathias est encore dans la phase où tous les matins, ses médecins se demandent dans quel état de santé ils vont le trouver. Sa situation progresse mais n’est pas stabilisée. Un jour se posera la question de lui trouver un bon centre de rééducation, celui qui sera le plus adapté à ses séquelles, mais ce n’est pas pour tout de suite. Pour un retour à domicile, on est entré dans un processus qui se chiffre en année.

Y a-t-il des motifs d’espoir ?

Oui. Il a été désintubé et il peut à nouveau parler. Cela a été un grand pas en avant de pouvoir à nouveau communiquer avec lui. Il peut s’exprimer au téléphone, parler à son grand-père ou à sa petite amie. Nous sommes très touchés par l’élan de solidarité qui se développe autour de son cas, qui dépasse même le cadre du rugby. Nous voulons remercier chaleureusement tous ces gens qui nous soutiennent.

La vague de solidarité est énorme en effet …

Nous recevons tous les jours des témoignages d’affection et cela nous donne beaucoup de force. Ce samedi matin, il a reçu le maillot des seniors de Bagnère. Il a aussi eu celui de Toulouse avec la signature de son idole, Antoine Dupont. Il était très fier. Il s’est même permis un trait d’humour en disant : "Je ne l’aurais pas eu si je n’avais pas été dans cet état ...".

A quoi vous raccrochez-vous en tant que parents ?

On s’accroche aux progrès qu’il effectue. On n’a pas le droit de lâcher, il est tellement fort. Il a tellement de mental ! On se sent forcément impuissants, on aimerait pouvoir l’aider à passer des caps. On pleure quand il n’est pas là et parfois avec lui aussi.

Depuis les dernières vacances de Noël, les compétitions de rugby organisées sous l’égide de l’UNSS ont été mises en sommeil après le grave accident qui a coûté l’usage de ses jambes au jeune Mathias Dantin, 17 ans.https://t.co/JAXjlBhkgq

— RUGBYRAMA (@RugbyramaFR) January 5, 2023
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?