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Pour Lucas Blanc, sous le calme est la rage

Par Sébastien Chabard
  • Pro D2 - Lucas Blanc (Nevers)
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Lucas Blanc - ailier de Nevers. Devenu un jeune cadre de l’USON Nevers Rugby, où il préside désormais l’association des joueurs, la Horde du Pré, l’ailier sensible Lucas Blanc a appris à mettre de la rage dans sa gentillesse pour se faire une place durable de titulaire, en puisant dans ses frustrations d’Espoir éjecté de son club formateur, l’UBB.

Le 16 décembre, dans l’effusion de la victoire libératrice face à Agen (39-13), Lucas Blanc a failli se pincer quand son manager, Xavier Péméja, l’a congratulé en l’appelant « le vieux ». « J’ai 27 ans, ça m’a fait bizarre », souriait l’ailier en conférence de presse. Une forme d’adoubement complice pour le joueur arrivé dans la Nièvre en 2017, lors de l’accession de l’Uson Nevers Rugby en Pro D2, et qui fait partie des jeunes anciens d’un club où il a prolongé cette année son bail jusqu’en 2024.
Bien lancée (11 matchs, 3 essais), sa sixième saison en bord de Loire confirme la dimension prise par celui qui est devenu également le nouveau président de la Horde du Pré, l’association de joueurs créée sous l’impulsion du talonneur et capitaine Janick Tarrit, durant l’été 2021, pour remobiliser un groupe secoué par une année de galères conclue aux portes des phases finales.
« Je suis resté très proche de Janick (parti au Racing 92 l’été dernier, N.D.L.R.). Par respect pour ce qu’il avait lancé, j’ai repris le flambeau. On lui doit beaucoup », explique Lucas Blanc, qui a emmené la Horde au Centre hospitalier de Nevers, quelques jours avant Noël, pour apporter un peu de bonheur aux enfants malades, avec l’association Les Môm’en Couleurs : « Nous sommes privilégiés, c’est notre rôle de procurer du plaisir. Et c’est primordial d’avoir du recul, de se remettre les pieds sur terre. » Altruiste, empathique, celui qui a été biberonné au bénévolat en suivant son père au club de rugby de Pessac (Gironde) a appris à forcer sa nature, sur un terrain, pour mettre dans son jeu une intensité constante et brasser n’importe quel adversaire : « Je suis quelqu’un d’assez calme, souriant, j’aime apporter du bonheur autour de moi. Mon changement d’état d’esprit, je le dois à Xavier Péméja. Il m’a forgé, il m’a fait comprendre qu’il fallait être agressif sur un terrain, avoir la rage de montrer que tu es le meilleur. »

Passage de la douceur à la rugosité

Expert en ressources humaines, le manager a provoqué le déclic chez un joueur dont les premières saisons nivernaises ont été difficiles : « La concurrence était très forte, avec Raisuqe, Guildford, Bonvalot. C’était compliqué de se retrouver sur le carreau, de suivre le premier match de barrage du club à Bayonne en tribunes (en 2019, N.D.L.R.). J’ai mangé mon pain noir. Mais j’ai bien fait de m’accrocher. Chaque fois que je rentre sur un terrain, je joue comme si c’était la dernière fois. Quand on a connu le frigo, voire le congélateur, ça aide. »
« Switcher » de la douceur à la rugosité ne s’est pas fait en un clin d’œil : « J’ai dû faire un gros travail sur moi. Pour faire monter la rage, je pense à tous mes moments de frustration. » Le principal, le plus brutal, a été son départ de l’Union Bordeaux-Bègles, en 2016, à l’orée de son passage chez les pros : « Le président, Laurent Marti, m’a reçu pour me dire que le club n’allait pas renouveler mon contrat. La concurrence était énorme, il y avait Ashley-Cooper, Talebula, Connor. Ça m’a mis mon premier gros coup sur la tête. Je prenais un plaisir fou à m’entraîner avec de tels joueurs mais j’étais trop passif, trop admiratif. Je n’avais pas cette rage de jouer en Top 14. Si j’avais eu l’état d’esprit que j’ai maintenant, les choses auraient sûrement changé. » Jusqu’alors, Lucas Blanc avait vécu un parcours rêvé, sans accroc, depuis sa découverte du rugby à 4-5 ans. Et de l’ivresse des espaces : « Mon père était deuxième ou troisième ligne, mon jeune frère est troisième ligne. Moi, je suis le refoulé de la famille (rire). Pourtant, j’aimais bien la cantine, j’étais potelé. Mais j’avais des qualités de vitesse, alors j’ai tout de suite joué derrière. J’ai toujours adoré courir, cette sensation du vent sur mon visage. »

Naturelle, sa rapidité le mène loin : sports-études à Talence, départ en minimes au CA Bordeaux-Bègles Gironde, puis au centre de formation de l’UBB, et au pôle France à Marcoussis, où il est sélectionné en équipe de France moins de 20 ans pendant deux saisons. La voie royale vers le Top 14 bifurque sans prévenir, donc, en 2016 vers Albi, puis Nevers. Sans une once d’aigreur, Lucas Blanc savoure l’itinéraire bis, évoque avec ferveur le barrage homérique au Pré-Fleuri, au printemps dernier, remporté face à Carcassonne : « L’ambiance était incroyable. On sentait nos organes trembler dans notre corps. »
Le bonheur est au chaud près du cœur, dans le coffret des souvenirs à vie, à côté du titre de champion de France minimes avec le CABBG et de champion de France Espoirs avec l’UBB, du grand chelem avec les moins de 20 ans et de ce haka lors d’une Coupe du monde en Italie. Et des copains de Pessac, des victoires, des défaites, des bêtises, de la douce gronderie maternelle, de « toutes ces émotions extraordinaires qu’apporte le sport ». Le Top 14, lui, n’est pas perdu de vue : « C’est toujours mon rêve. Si je peux le vivre avec Nevers, ce sera super. Le groupe en a les capacités. »

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