L'édito - Drôle de semaine

  • Le procès vite baptisé "Altrad-Laporte" qui s’écoule depuis deux semaines a connu son climax attendu lorsque le procureur de la République, François-Xavier Dulin, s’est dressé face aux cinq prévenus du banc fédéral.
    Le procès vite baptisé "Altrad-Laporte" qui s’écoule depuis deux semaines a connu son climax attendu lorsque le procureur de la République, François-Xavier Dulin, s’est dressé face aux cinq prévenus du banc fédéral. Abaca / Icon Sport - Abaca / Icon Sport
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L'édito de vendredi par Léo Faure... Pour en venir directement au sujet, le rugby français vit de bien drôles de semaines. Et celle-ci plus encore. Sur le front de l’information rugbystique, le judiciaire s’entrechoque au sportif ; les coulisses d’un marché des transferts en pleine reprise heurtent de plein fouet des clubs tout juste en reprise. Et au milieu coule la rivière rugby, tumultueuse de milles actualités.

Mardi, donc. Le procès vite baptisé "Altrad-Laporte" qui s’écoule depuis deux semaines a connu son climax attendu lorsque le procureur de la République, François-Xavier Dulin, s’est dressé face aux cinq prévenus du banc fédéral. Sa prise de parole était évidemment attendue, et plus encore par ses faits d’armes. Reconnu orateur offensif et talentueux, Dulin n’a pas déçu. Ni sur la forme, précise, technique, parfois abstraite pour les profanes, mais toujours enflammée ; ni sur le fond, avec un réquisitoire aboutissant à des sanctions lourdes réclamées : de la prison mi-ferme, mi-sursis ; des amendes et une interdiction d’exercer associée à l’exécution provisoire pour les cinq prévenus. C’est ce dernier point, à l’échelle du rugby, qui pourrait rebattre le jeu de cartes.

Les faits reprochés et les chefs d’inculpation qui en découlent sont sérieux. En réclamant une mise à l’écart des affaires du rugby pour Mohed Altrad, Bernard Laporte et Serge Simon, et cela même en cas d’appel de la sanction, le procureur a frappé le rugby en son cœur. Et si la juge Rose-Marie Hunault venait à le suivre sur ce terrain, lors du rendu de son jugement attendu pour début décembre, c’est un séisme qui frapperait la planète "France rugby" : automatiquement démis de ses fonctions, Bernard Laporte se verrait contraint de quitter la présidence de la FFR pour des faits qu’il conteste, jurant à son innocence et réclamant la relaxe. Le tout à moins d’un an du Mondial 2023, que Laporte a personnellement et grandement contribué à ramener sur le sol français, et dont il verrait l’inauguration depuis sa télé, écarté des affaires, des honneurs et des joies que promet l’événement. On comprend alors aisément que la partie du réquisitoire la plus cinglante est ici. Moins spectaculaire, plus meurtrière.

En attendant d’en connaître le verdict définitif, d’ici deux gros mois, le rugby français va poursuivre son chemin avec cette histoire en toile de fond d’un Top 14 qui, il faut le dire, peine pour l’instant à se lancer. Moins d’essais, moins de spectacle, moins de monde dans les stades qu’à l’accoutumée, à pareille période ensoleillée.

Les affaires occupent la scène et les esprits. Le Mondial aussi. Tout, à un an de la Coupe du monde, se lit par le prisme du XV de France. Les formes et méformes, les blessures et les éclosions. On pense Bleu, on mange Bleu, on vit Bleus. On lit Bleus et Bleues, aussi. En même temps que Galthié et sa bande relançaient leur saison du côté d’Aix-en-Provence, mardi, les filles de France s’envolaient pour la Nouvelle-Zélande. Une Coupe du monde, une autre, pour laquelle elles compteront elles aussi parmi les favorites. Et du chahut, toujours. Le rugby français aime visiblement ça. À quelques mois de leur échéance royale, les dirigeants fédéraux se sont offert le luxe d’un changement de staff. Choix payant ? Verdict imminent. C’est de saison.

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