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Top 14 - Tom Staniforth, un tigre dans le moteur

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Publié le Mis à jour
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Débarqué dans le Tarn à l’été 2020, le deuxième ligne australien du CO a pris une importance capitale dans le dispositif du club tarnais. Loué pour son rendement sur le terrain et pour sa bonhomie en dehors, le colosse étonne et détonne. Portrait !

Pour un peu, peut-être que le Top 14 n’aurait jamais connu Tom Staniforth, ses percussions dantesques et sa gueule d’ange poupon dissimulée sous une coupe mulet à faire pâlir Chris Waddle. À l’été 2020 en effet, Tom Staniforth est dans les petits papiers du sélectionneur australien pour faire partie du squad wallaby pour la tournée d’été.

Las, au dernier moment, Tom Staniforth est laissé sur la touche, alors qu’il fut un fer de lance de la sélection moins de 20 ans. Nul ne sait ce qu’il se serait passé si le colossal deuxième ligne avait obtenu sa première cape avec les Australiens. Toujours est-il que c’est le moment que choisit Pierre-Henry Broncan pour se saisir de son téléphone et de se fendre d’un petit message sur Whatsapp.

« Cela faisait un petit moment que je le suivais, à travers des vidéos notamment. Il était un peu vexé et déçu de ne pas avoir été sélectionné, je crois que c’était le bon moment pour lui de relever un nouveau défi », détaille le manager du CO. « Du moment où j’ai reçu ce SMS de « PHB », nous avons commencé à échanger longuement, déroule Staniforth. Il n’a pas fallu très longtemps pour me convaincre. En Australie, le championnat de Top 14 est très suivi. Il est célèbre et jouit d’une excellente réputation. Je ne partais pas complètement dans l’inconnu, je connaissais un peu Castres à travers le prisme de la télévision et du rugby. »


Voilà donc Tom Staniforth à Castres, « petite » bourgade tarnaise de 40 000 âmes, plus proche de Camberra, où il a passé les vingt-trois premières années de sa vie en portant notamment le maillot des Brumbies ; que de Sydney, où il a défendu trois ans les couleurs des Waratahs. « J’ai eu une enfance heureuse. J’ai suivi le parcours classique pour un joueur de rugby qui veut faire de ce sport son métier. La progression a été lente mais j’ai finalement atteint mon objectif. Je suis issu d’une famille « très rugby ». Pour moi, c’était naturel de me retrouver sur un terrain. Mon frère ou mes cousins sont tous rugbymen, tout le monde regarde les matchs chez moi. Le poste de deuxième ligne s’est imposé à moi naturellement. Avec mon gabarit, j’ai dû me contenter de sauter en touche et de pousser en mêlée. Il faut de tout pour faire une équipe, n’est-ce pas ? »


Au moment de monter dans l’avion vers la France, le colosse a quand même eu un pincement au cœur, il n’est jamais facile de sauter à pieds joints vers un pays lointain. « Franchement, ça a été un peu dur de quitter mon pays pour venir en France, pose Staniforth. C’est toujours difficile de quitter son pays, non ? Mais je relativise et je ne regrette rien car la France est vraiment un pays formidable. »

Son manager Pierre-Henry Broncan confiait d’ailleurs, au cœur de l’hiver dernier, avoir été « estomaqué » par la capacité d’intégration de son poulain : « Tom est arrivé il y a quelques mois à peine et on dirait déjà un Castrais de souche. Il fait partie de ces profils que l’on recherche et que l’on aime beaucoup ici. Des gars qui se fondent dans le « moule CO » qui respectent l’institution et qui mouillent le maillot. »


Cela peut paraître étonnant pour quelqu’un qui débarque de la fureur d’une mégalopole mondiale, mais le géant venu de Sydney s’est amouraché de la sous-préfecture tarnaise, parfois appelée « la Venise du Tarn ». « Castres pour moi est une ville incroyable. J’aime tout ici. Les habitants sont tous très sympas. Il y a une vraie relation entre les joueurs et nos supporters. Ils nous soutiennent sans jamais être envahissants, ils sont toujours très bienveillants. Le cœur de la ville bat pour le rugby et c’est quand même très agréable d’évoluer dans un tel environnement. L’esprit de la ville est super. »

Des capacités physiques hors normes

Nul besoin d’être expert en comportement pour comprendre que l’Australien est épanoui dans le Tarn. Monstrueux depuis son arrivée, le deuxième ligne a joué 35 matchs depuis qu’il a mis les pieds sur le sol français. Cette saison, c’est 24 matchs joués sur les 26 que compte la phase régulière, tous en tant que titulaire. Un chiffre qui montre à lui seul à quel point le géant blond est devenu une pièce maîtresse de l’effectif du CO.

Ce qui choque dans le style de jeu de l’Australien ? C’est sans doute sa capacité à avancer constamment, même après plus de soixante-dix minutes de jeu. Il est le tigre dans le moteur du CO. Ses statistiques sont folles : avec 276 plaquages réussis lors de la phase régulière, il n’est rien moins que le meilleur plaqueur de Top 14, loin devant Mathieu Hirigoyen (250). Il pointe au deuxième rang des plus gros porteurs de balle avec 294 charges juste derrière Zack Mercer (324). Colossal !


Au moment d’expliquer d’où lui vient cette énergie débordante, le joueur évoque le « fighting spirit » que lui transmettent ses coéquipiers, chez qui il puise sa force. « Je suis un rugbyman un peu à l’ancienne. Je pense que c’est un sport très dur et qu’il faut être avant tout très passionné pour être performant. Qui se lève le matin en se disant : « Tiens, et si j’allais me faire casser le nez cet après-midi, ce serait génial ? »  (rires) Il faut avoir la fibre. Je joue pour le plaisir, pour les émotions, pour la bière d’après-match que je partage avec les copains. Quand c’est dur sur le terrain, il me suffit de jeter un regard sur mes coéquipiers pour me remotiver et repartir de l’avant. On est un groupe, une équipe. C’est l’esprit de corps qui nous fait avancer. Je suis un vrai compétiteur, je veux gagner et je veux mériter ma bière ! »


En France, le joueur a trouvé un championnat à la mesure de ses qualités physiques hors normes : « Je dis toujours que le Top 14 est très dur, très physique, les saisons sont longues. Il y a 26 matchs, plus les coupes d’Europe plus les phases finales. Le rythme est très élevé. C’est aussi un championnat où le combat est très présent. C’est ce que j’ai connu de plus dur et relevé dans toute ma carrière. Il y a beaucoup de très grands joueurs dans ce championnat. C’est un plaisir d’y ferrailler tous les week-ends ! »


En plus de ses percées et de ses percussions dantesques, Tom a une vraie gueule, qui le rend reconnaissable entre mille. Mais comment diable a-t-il pu arborer cette coupe de cheveux venue d’ailleurs ? « La première fois, je l’ai fait par esprit de contradiction parce que ma femme détestait cette coupe (rires). Maintenant, elle s’y est habituée et je crois que cela lui plaît ! De mon point de vue ? Je trouve cette coupe très sexy et elle a beaucoup de succès ! Tout le monde l’aime bien sauf mon père qui ne me comprend pas (rires). »

Une chose est certaine, si Tom Staniforth, qui jouera sa première demi-finale en France vendredi soir contre le Stade toulousain n’est pas encore champion de Top 14, il a d’ores et déjà gagné le trophée du style, qu’il partage avec son compère du Racing, le Namibien Anton Bresler.

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