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Top 14 - La Rochelle croit en sa bonne étoile

Par Romain ASSELIN
  • Forte de son nouveau statut européen, l’équipe rochelaise viendra en terres toulousaines avec l’ambition décuplée.
    Forte de son nouveau statut européen, l’équipe rochelaise viendra en terres toulousaines avec l’ambition décuplée. Midi Olympique - Patrick Derewiany
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Qu’importe qu’il croise la route de son bourreau toulousain dès les barrages, le tout nouveau champion d’Europe, sur un petit nuage, n’a jamais autant semblé en mesure de conjurer le sort. L’éventuel doublé n’en serait que plus symbolique.

L’instant sincérité. Que les supporters maritimes ayant - plus ou moins secrètement - espéré que La Rochelle s’incline sur le fil à Lyon, dimanche dernier, pour s’éviter un barrage à Toulouse, lèvent la main ? Rien qu’à lire les réactions à chaud sur les différentes plateformes sociales, le contingent serait, sans l’ombre d’un doute, relativement conséquent. Certes, la perspective d’un quart de finale disputé face une équipe de Bordeaux-Bègles transformée en victime expiatoire par la bande à Sazy avait de quoi séduire sur le papier. Toujours est-il que le destin en a décidé autrement.

C’est bien de destin, dont le capitaine et ses soldats ont parlé, en chœur, sitôt le coup de sifflet final au Matmut Stadium Gerland (26-29). Comme si, après l’invraisemblable festival de maladresses devant la ligne adverse, le Lou n’aurait de toute manière jamais réussi à marquer pour inverser les affiches des barrages et changer le cours des évènements. Comme s’il était écrit, finalement, que la route des Rochelais vers le Brennus passerait par Toulouse. Comme s’il ne pouvait en être autrement, un an après la dramaturgie des deux duels finaux perdus face à la bête noire. Dont acte. Après avoir chipé le statut de champions d’Europe en titre aux hommes d’Ugo Mola, ceux de Ronan O’Gara s’en satisfont allégrement, de ce scénario.

Un lien "à vie"

Preuve en est, les Rochelais ont défendu leur ligne en toute connaissance de cause, sur la sirène. Ils savaient qu’un essai lyonnais les enverrait défier l’UBB à Chaban plutôt que Toulouse à Ernest-Wallon. Oui mais voilà, rien ne remplace une victoire. Qui plus est à l’extérieur. Surtout quand, après avoir couru pendant les deux tiers de la saison derrière le vain espoir d’une dynamique, vous tenez enfin un train d’enfer. À l’image de cette série - en cours - de dix victoires sur les onze dernières sorties, toutes compétitions confondues. Le seul écueil ? Le fameux destin est là pour le rappeler aux Rochelais. C’était le 30 avril, sur la pelouse du… Stade toulousain ! Là, donc, où les deux finalistes du précédent exercice de Top 14 joueront, samedi soir, leur place dans le dernier carré du championnat.

Qu’à cela ne tienne, La Rochelle préfère la position de chasseur que celle du chassé. Le club à la Caravelle l’a répété à l’envi, à l’Europe du rugby, avant de terrasser l’ogre Leinster, il y a bientôt deux semaines. Impossible n’est pas (plus ?) rochelais. Encore moins, désormais, après un tel changement de galaxie. Le club présidé par Vincent Merling n’a pas seulement soulevé le premier trophée majeur de son histoire, à Marseille. Il a aussi, et surtout, pris date pour la suite. Comment, ainsi, ne pas croire fort en sa bonne étoile, avant ce déplacement en Haute-Garonne ?

"Vivre ce qu’on a vécu… c’est un évènement énorme pour le groupe de joueurs, ça nous lie à vie. Les joueurs ont pris conscience de ce qu’on pouvait faire cette année", soutenait l’entraîneur des avants Romain Carmignani avant même le voyage à plein dans la capitale des Gaules. "Nous avons les cartes entre nos mains. Ce serait manquer d’humilité de dire que nous allons faire le doublé mais les mecs ont vraiment envie de cravacher jusqu’à la fin de la saison […] Sortir vainqueur de cette finale de Coupe d’Europe a renforcé tout ce qu’on avait fait jusqu’à maintenant. C’est une récompense. On a envie de vendre cher notre peau, le capital confiance est bon, notre équipe a bien mûri."

La victoire dans la peau

Qu’il semble loin, en effet, ce Stade rochelais que tout le monde ou presque voyait terminer en roue libre, après l’énième désillusion vécue sur la pelouse de Biarritz, début février, et cette défaite sur le fil (27-24). L’effet boomerang. Ce soir-là, les Rochelais avaient pris leur manque d’humilité en pleine figure. Le principal tournant d’une saison jusque-là plutôt mal embarquée. "Tout n’est pas si noir, à La Rochelle", titrait Midi Olympique devant le torrent de boue provoqué par nombre de supporters résignés. Comme pour rappeler que tout peut aller très vite, dans un sens comme dans l’autre, et qu’il s’avérait bien hasardeux d’enterrer le double vice-champion. Bon, de là à croire, un trimestre plus tard, que les Maritimes fouleraient les terrains en arpentant une étoile sur le maillot ? Irrationnel, quand tu nous tiens.

Le trophée tatoué dans la peau

Cette étoile, les champions d’Europe pourront s’y raccrocher samedi soir. Comme ils l’ont fait face au Lou, à l’issue d’une première période (19-5) où certains ont dû commencer à sentir le vent du boulet. "Quand on sera dans le dur, la regarder, cette étoile, peut-être que ça nous apportera un peu de force", disait Reda Wardi avant la partie. Non rassasiés de l’avoir sur leur maillot, plusieurs joueurs l’ont même encrée en eux. Lors de séances tatouages organisées par le club, pour qui le voulait. Y compris les salariés de la partie administrative. Joël Sclavi, lui, est allé, mercredi, jusqu’à se faire graver dans la peau le trophée représentant la Champions Cup. Il lui reste encore de la place, sur le corps, pour un éventuel Bouclier de Brennus.

Depuis le sacre européen - une folie douce pour un club jusqu’ici double lauréat de l’insipide Coupe de la Ligue (2002, 2003) - l’aventure rochelaise dépasse littéralement le cadre du rugby. Ce dernier sprint vers le "bout de bois", entamé par des bringues mémorables, tout le club jaune et noir le court dans un état second. Il n’est presque plus question d’entreprise, de business, de performance pure. Mais de l’histoire d’une fratrie capable de décrocher - de nouveau - la lune, rien qu’en libérant cette magie humaine. Et qui ne rêve rien de mieux que d’y parvenir en écartant la planète Toulouse.

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