Insupportable

  •  Christian Ambadiang
    Christian Ambadiang
Publié le Mis à jour
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L'édito du lundi par Emmanuel Massicard... C‘était un week-end au presque parfait. Sous le soleil et une chaleur dignes de l’été, dans des stades enfin pleins, le Top 14 n’est pas loin de nous avoir offert ce qu’il avait de meilleur en ce week-end de retrouvailles.

De quoi sourire, pour de vrai. Et même applaudir, seul devant la télé, comme s’il était possible d’épouser les liesses populaires qui ont enflammé tous nos stades quand le public réapprenait à chanter. C’est fait, c’est dit : pendant deux jours nous avons ainsi renoué avec le plaisir, vibré devant la folle générosité des Biarrots qui ont renvoyé Bordeaux aux abonnés absents, et tout autant face à l’intensité des Paris-Racing, Lyon-Clermont ou La Rochelle-Toulouse. Vivement la suite.

Hélas, ce premier week-end de septembre signant pour de bon la reprise du rugby « normal » avec, en plus des pros, le retour aux affaires des clubs de Nationale et de Fédérale 1 devant leurs publics, a été gâché par une gravissime affaire d’insultes racistes survenues vendredi soir, en ProD2, lors de la rencontre entre Provence Rugby et Nevers.
« Je vais te brûler, mangeur de banane. » Le témoignage de Christian Ambadiang, l’ailier de Nevers, fait froid dans le dos. Et les excuses de l’Aixois auteur de ces mots d’une insupportable violence, ou celles présentées par son club qui a immédiatement affirmé sa volonté de sanctionner son joueur, n’effacent pas l’effroi.
Les mots ont un sens, et il y a clairement des limites à ne pas franchir, quand bien même la provocation verbale a toujours fait partie des armes utilisées par certains pour dominer l’adversaire. Question de respect.

Oui, c’est insupportable. Qu’elles viennent des tribunes comme lors du match de football Hongrie-Angleterre il y a quelques jours, et l’on se dit que les agressions raciales sont les faits d’abrutis planqués dans la foule qui n’ont rien à faire dans des enceintes sportives. Qu’elles jaillissent du terrain, donc des joueurs eux-mêmes, et l’affaire est autrement plus grave puisque ces insultes salissent une équipe, un club et toute une discipline qui se retrouve sous les feux de projecteurs.
Le risque est réel de voir ainsi le rugby pointé du doigt, stigmatisé, pour l’ignominie d’un des siens. Voilà pourquoi, ce dimanche, tous les dirigeants ou techniciens que nous avons joints abordent le sujet avec une extrême prudence, se rangeant derrière le travail de la commission de discipline de la Ligue Nationale de Rugby pour avoir un avis officiel. Soit. Chacun son rôle, évidemment.

Mais permettez-nous un avis : il faudra que ladite commission fasse son œuvre pour que se dessine le dessous de cette sombre histoire et que l’on connaisse le prix à payer. Car les excuses, aussi sincères soient-elles, ne pourront jamais exonérer l’auteur de telles insultes d’une sanction exemplaire. Il en va de l’honneur de notre discipline, de la responsabilité et de la grandeur de ses hommes. Il en va du vivre ensemble et de la diversité que le rugby se targue de cultiver avec force. Il en va enfin du devoir de transmission et d’éducation que nous devons tous assumer. Ce combat contre le racisme est l’affaire de tous.

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