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L'UBB, nuit chaude et nouveau grand

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    L'UBB, nuit chaude et nouveau grand Vincent Duvivier
Publié le Mis à jour
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Bordeaux n’a pas manqué son rendez-vous historique. Pour leur dernier match de la saison à Chaban-Delmas, les Girondins sont montés crescendo pour s’offrir une place en demi-finale dans une ambiance vraiment surchauffée.

Il y a eu des larmes à Bordeaux… dès 19 heures quand les joueurs sont sortis de leur autobus et qu’ils ont découvert un noyau de supporteurs, massés place Johnstone pour les soutenir. Alors que le soleil écrasait la ville de son talon de feu, certains joueurs se sont soudain sentis étourdis par l’énormité de l’instant. Premier match de phase finale "français" de l’histoire de l’UBB, avec, enfin, un embryon de public autorisé à donner de la voix en direct. Et qui ne s’en est pas privé, bien après le coucher du soleil : "Jamais, je n’avais vu un public aussi chantant, tout le match, même quand il y avait trente mille personnes ici. L’arrivée du bus était superbe, ça nous a surpris d’ailleurs. C’est pour ça qu’il y a eu quelques larmes", confiait Christophe Urios après coup. "Et ça nous a sûrement un peu impactés. Ça s’est senti dans notre match…"

L’ASM lâche deux ballons dans l’en-but

Malgré leur émotion, les joueurs se sont hissés à la hauteur de l’événement, mais c’est vrai, ils ont pourtant souffert en début de rencontre, apparemment fébriles. Ils se sont laissés dominer par l’ASM ; même si, paradoxalement, les Bordelais avaient failli marquer sur la première action, mais Cordero servi au pied par Woki fut empêché d’aplatir, on trouva dix supporteurs dans les coursives pour nous soutenir que l’Argentin avait été victime d’une obstruction. Sur le moment, écrasé par la température tchadienne et par la solennité de l’événement, personne ne protesta et n’exigea le recours à la vidéo. C’était trop d’émotions d’un coup pour le public bordelais, en état de sidération. Ce barrage restera d’ailleurs celui des ballons "vendangés" dans l’en-but, c’est ça qui l’aura caractérisé et c’est ce qui nourrissait les regrets des Clermontois. Alexandre Fischer à la 4e, puis Arthur Iturria à la 31e n’ont pas su aplatir. Fischer servi au pied par Lopez fut un rien déstabilisé par Picamoles, Iturria avait profité d’un Buros mis en difficulté par Penaud : ballon lâché, occasion en or, enfumée par le retour du diable-vauvert de Maxime Lucu, assez malin et déterminé pour taper sur le ballon. Le match s’est sans doute joué là, parce que Clermont s’est donné à fond pour les adieux de Franck Azéma, ses attaquants ont joué leur partition, la justesse de Lopez, le talent de Nani Williams, la force de Penaud et la vitesse de Raka auraient eu leur place en demi-finale. Le destin a en a décidé autrement, on ne voit pas d’autre explication. Ce match historique et surchauffé, il était pour les Bordelais, c’était écrit d’avance.

Essai décisif de Maynadier

L’essai de Maynadier - à zéro passe - en fut la première preuve (37e). Il provint d’une touche clermontoise perturbée par le contre bordelais, atout majeur de leur arsenal. "Cet essai casquette a remis l’UBB dans le coup…", confia Morgan Parra. La réussite insolente de Matthieu Jalibert fut la seconde preuve. Insolence dans sa réussite au pied malgré un gros couac initial, insolence dans ses interventions, dans ses prises de paroles, propres à faire disjoncter l’adversaire tel ce jeune pilier Bibi Bizewu, insolence aussi dans cette incitative de coup de pied pour lui-même après crochet : à deux doigts de faire se pâmer le plus réservé des spectateurs.

Christophe Urios assurait qu’il ne ressentait aucun sentiment de soulagement. "Non plutôt de la fierté. Je n’ai pas tremblé sur ce match, nous avons plutôt dominé les contacts, surtout en fin de première mi-temps." À ce moment-là, c’est exact, Bordeaux prit son essor avec, une séquence de six pénalités consécutives en sa faveur. Clermont se retrouva sous pression jusqu’à cafouiller ce lancer de la 37e. Depuis quelques minutes, l’ASM subissait et Matsushima fut par deux fois, bien en peine de lui donner de l’oxygène. "Je n’ai jamais vraiment jamais eu peur de le perdre, et sans certaines scories, comme des fautes de main ou, des enchaînements mal à propos, on aurait pu se mettre à l’abri un peu plus tôt. Mais tout ça était lié au contexte, à l’excitation, l’envie de marquer vite. Mais on doit avoir l’ambition de montrer plus de maîtrise. Dans les zones de marque, on s’est précipités, on a "changé" le jeu trop rapidement. On n’a pas laissé les avants assez travailler. Nous avons été impatients comme à Toulon et face à Toulouse."

Laisser travailler les avants en effet, c’était une option à suivre car dans le duel des "gros", le pack auvergnat a souffert, surtout quand il avait le ballon d’ailleurs. On ne peut pas ne pas imaginer Christophe Urios en train d’exulter intérieurement quand il vit les "Jaunards" mis en échec sur plusieurs séquences, des mauls, des picks and go, des rucks enfiévrés, des départs au ras. Bordeaux sortit les cartes du coffrage, de l’arrachage ou du grattage. C’est à ce moment-là qu’on se rendit compte que le pack de l’ASM était un poil trop tendre. (Falatea, Ojovan, Fourcade, Bizewu et Amatosero). La saison avait été cruelle pour les Auvergnats, "Toujours en flux tendu", selon les mots de Parra. Quant à Christophe Urios, optimiste par nature et par volonté, il ne put s’empêcher de se projeter sur la demie face à Toulouse : "La semaine prochaine, nous serons mieux, physiquement car avec l’épisode Covid, on n’a pas beaucoup travaillé, surtout dans la période qui nous a vu jouer trois matchs en une semaine (21 au 29 mai). Mais depuis quinze jours, on bosse bien !" L’UBB n’ira pas dans les Flandres la corde au cou. Les Bordelais se sentent capables de trouver enfin la clé de la forteresse toulousaine.

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