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Bernat-Salles : « Je n’ai jamais été la star que mon père aurait voulu »

  • Philippe Bernat-Salles : « Je n’ai jamais été la star que mon père aurait voulu »
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Âgé désormais de 51 ans, l’ancien ailier du XV de France, Philippe Bernat-Salles, fut le 7 avril 2001 le premier joueur à réaliser un exploit jamais égalé : celui d’inscrire un grand chelem des essais dans le Tournoi des 6 Nations. Une performance unique, qui fut d’ailleurs son chant du cygne en bleu… Vingt ans après, pratiquement jour pour jour, l’occasion était trop belle de donner la parole à ce personnage hors-normes, qui épousa après sa retraite sportive des trajectoires aussi imprévisibles et sinueuses que de son temps de joueur, jusqu’à occuper pendant huit ans le rôle de président de la Ligue Nationale de handball. Entretien sans filtre, comme un bain de jouvence…

Voilà vingt ans, vous avez réussi une performance d’autant plus incroyable que jamais égalée, en marquant un essai lors de chaque match du Tournoi des 6 Nations. Et pourtant, curieusement, cet exploit est pratiquement passé inaperçu à l’époque...

Je m’en rappelle à peine moi-même, c’est vous dire ! (rires) Pourquoi est-ce passé si inaperçu, honnêtement, je ne saurai pas trop vous le dire. Je n’étais jamais « que » Philippe Bernat-Salles, et je n’avais peut-être pas la notoriété de certains autres joueurs. C’est un début d’explication… Après, cela ne m’empêche pas de dormir, et je m’en accommode très bien. C’est juste assez rigolo de se dire que même si ce record est passé inaperçu ou presque à l’époque, il n’a encore jamais été égalé...

Étiez-vous sensible à vos statistiques, en tant que chasseur d’essais ?

Non, franchement, les records, les statistiques, je m’en fous un peu. Ce sont les émotions qu’on a pu vivre qui comptent. Des flashs. Je me souviens par exemple qu’en 1998, j’ai marqué le premier essai de l’histoire du Stade de France, contre les Anglais en plus (24-17). Voilà… Ce n’est pas un record, mais ça reste quelque chose. Le premier but au Stade de France, ça a été Zidane, et le premier essai, ça a été Fifi ! (rires) ça non plus, on ne pourra jamais me l’enlever… Après, ce record dans le 6 Nations, je ne peux qu’espérer qu’un autre joueur y arrive un jour. Français, si possible !

Cela paraît peu probable, puisque pendant 70 éditions du Tournoi à 5 nations, seuls 5 joueurs étaient parvenus à réaliser un grand chelem des essais. Alors, à 6 nations...

Ce qui est drôle, c’est que même si je ne suis pas féru de stats, je sais que le dernier joueur français qui était arrivé avant moi à marquer dans tous les matchs du Tournoi c’était Philippe Sella, en 1986. C’est marrant, parce que c’est avec lui que j’avais partagé ma chambre en 1992 pour ma première sélection, à Nantes. Ça, je m’en rappelle comme hier. Un match historique ! La première défaite du XV de France à domicile contre l’Argentine (20-24, NDLR) ! Pas le meilleur des débuts, hein…

Pourquoi vous en souvenez-vous si bien ?

Parce que, quand j’étais arrivé dans la chambre, Philippe avait été égal à lui-même, incroyable de gentillesse et d’humilité. Il m’avait même proposé de choisir mon lit, à moi, le petit nouveau… Comme on n’avait pas de portable à l’époque, j’avais profité du moment où il était parti sous la douche pour appeler mon père et lui dire que j’étais dans la même chambre que Philippe Sella. Il m’avait demandé de lui ramener un autographe ! Je me revois encore lui répondre du tac au tac : «Enfin, papa, je suis son coéquipier, je ne vais quand même pas lui demander un autographe !» (rires)

Pour revenir à votre grand chelem personnel de 2001, est-il possible que l’épidémie de fièvre aphteuse ait contribué à le faire passer inaperçu ? On se souvient qu’à l’époque, plusieurs matchs dont le décisif Irlande-Angleterre avait été décalé au mois d’octobre...

Vous voulez que je vous dise, même d’un truc pareil, je ne m’en souviens pas du tout ! Je suis naze, désolé... Je suis toujours très mauvais dans les réunions d’anciens, lorsque tout le monde se souvient des vieux matchs. Je n’ai pas du tout l’âme d’un historien ni d’un collectionneur, je n’ai rien gardé de ma carrière, pas une photo, pas un maillot. La mémoire est aussi un peu sélective, il faut dire, parce qu’on avait été assez catastrophique pendant ce Tournoi (2 victoires et 3 défaites, N.D.L.R.). J’avais réussi à tirer mon épingle du jeu dans un contexte pas terrible, mais il n’y avait pas grand-chose à graver dans le marbre…

Vous aviez d’ailleurs terminé sur une très large défaite à Twickenham, 48 à 19 et 6 essais à 1…

Ouais, ça je m’en souviens bien, quand même. On s’était pris une branlée et j’avais marqué en première mi-temps un essai qui ne servait à rien, sauf à compléter ce fameux grand chelem personnel… J’étais en chambre avec Jean-Luc Sadourny, l’autre «vieille» de l’équipe, et on se doutait bien qu’on aurait du mal à revenir. D’ailleurs, Bernard Laporte ne nous a plus jamais sélectionnés après ça.

Cela paraît tout de même extraordinaire, avec le recul, que vous ayez quitté l’équipe de France après avoir réalisé un exploit historique !

C’est vrai que c’est drôle, quand même… (rires) Il aurait pu y avoir plein d’autres moments dans ma carrière où j’étais moins performant et où j’aurais compris qu’on ne me prenne plus. Mais cette année-là, j’estimais que j’avais fait mon job, tant bien que mal... Je sortais d’une bonne Coupe du monde en 99 et j’avais encore de jolies années devant moi, d’ailleurs nous avons été champions de France en 2002 avec le BO, l’année suivante… Mais bon, voilà, c’est comme ça, Bernard Laporte avait décidé que ma carrière internationale devait se terminer là-dessus. Il faut dire aussi qu’une nouvelle génération arrivait, avec les Heymans, Rougerie, Clerc, etc.

Mieux vaut terminer sur un sommet, remarquez...

C’est clair ! Après, tu peux toujours pleurer, te lamenter… Comme je vous ai dit, je n’étais jamais « que » Philippe Bernat-Salles et même si j’avais marqué quelques essais, je n’étais jamais devenu la star que mon père aurait voulu. (rires) Je n’étais pas le mec qui faisait plus que ça attention à son image et même si j’ai eu un peu d’amertume sur le coup, je suis rapidement passé à autre chose.

Avez-vous le sentiment d’avoir été sacrifié sur l’autel des centimètres et des kilos, la grande mode du début des années 2000 ?

Ce qui aurait pu être un peu dérangeant, et qui m’a dérangé d’ailleurs à l’époque, c’est que mon cas a été plus ou moins tranché en fonction de mon gabarit, c’est vrai. Pourtant, tous les dimanches en championnat, j’ai continué à jouer contre des mecs à qui je rendais quinze kilos, et ça ne s’est jamais trop mal passé. Même contre Jonah Lomu en demi-finale de Coupe du monde...

Il est d’ailleurs assez édifiant de constater qu’après des années d’uniformisation, les gabarits des ailiers recommencent à s’alléger...

Quand je regarde les matchs de championnat, je vois qu’il y a encore quelques golgoths, quand même ! J’avoue que j’ai un peu du mal à savoir si j’aurais pu jouer aujourd’hui avec mon mètre 80 et mes 77 kilos. Mais c’est vrai qu’en termes de gabarit, on voit un peu de tout aujourd’hui. C’est plutôt bien.

Quel regard porte l’ancien spécialiste que vous êtes sur les actuels ailiers du XV de France ?

Déjà, je leur trouve énormément de qualités, que ce soit Teddy Thomas, Damian Penaud ou Gabin Villière. Le rôle de l’ailier a énormément évolué depuis mon époque. On ne leur demande plus seulement de conclure les actions mais de participer de manière beaucoup plus active au jeu, que ce soit en attaque où on leur demande d’intervenir partout, ou en défense dans lequel leur rôle est crucial lorsqu’il s’agit de couper les extérieurs, et même dans le jeu au sol. Après, pour répondre à votre question, j’ai forcément un faible particulier pour Teddy Thomas. Je l’ai vu démarrer à l’école de rugby du BO donc je le connais depuis très longtemps, tout comme sa maman. C’est vrai qu’on lui a parfois reproché quelques errements défensifs, qui pèsent bien peu à mon sens au regard de ses qualités hors normes ballon en main. Il a toujours joué dans des grands clubs, il a un talent fou, et une décontraction naturelle qui peut faire gagner les grands matchs. Tout ça me plaît beaucoup chez lui.

Plus généralement, que vous inspire l’équipe de France de Fabien Galthié depuis plus d’un an ?

Fabien, c’est mon ami, donc mon regard sur lui ne peut pas être objectif. Le seul reproche que je peux  lui adresser, c’est ses lunettes qui sont dégueulasses et qui ne lui vont pas du tout, en plus !  Mais après, objectivement, il est difficile de ne pas constater que son travail est plutôt positif. Sans vouloir critiquer ses prédécesseurs qui étaient certainement tous très compétents, il a manifestement réussi à toucher ses joueurs par sa façon de travailler, par son discours. Peu importe comment, au final : on a une équipe de France qui séduit et qui gagne. Pour le pékin moyen, c’est tout ce qui compte. Et même s’il dit comme tous les entraîneurs qu’il faut « prendre match après match », on sent bien que l’objectif à moyen terme demeure la Coupe du monde 2023 en France. J’espère de tout cœur qu’il y arrivera.

Ne craignez-vous pas que son image ait été entachée par l’affaire de la bulle sanitaire percée ?

Cette histoire de m… (il souffle)  Il y en a toujours eu et il y en aura toujours, voilà. On se doute bien qu’on ne saura jamais vraiment ce qui s’est passé. Une commission d’enquête de la Fédération est passée par là et a manifestement très bien fait son boulot, puisque l’affaire a été classée sans suite par le Ministère ! (rires) Et sérieusement, c’est sûrement beaucoup mieux comme ça... Mon gros regret avec cette histoire de bulle sanitaire, c’est que Fabien m’avait sollicité voilà quelque temps pour passer un peu de temps auprès de son équipe, ce qui n’a malheureusement pas pu se faire cette année à cause du Covid. J’espère que ce sera partie remise.

Revenons à nos moutons et à 2001. Vous souvenez-vous tout de même avoir ressenti une petite pression individuelle, match après match, alors que la possibilité de réaliser ce grand chelem individuel se précisait ?

Oui, forcément. Je ne me souviens précisément d’aucune action, mais je sais que sur le moment, c’était un challenge qui comptait pour moi. Quand on a la chance d’être appelé en équipe de France, c’est qu’on est un minimum compétiteur et je savais très bien que si on m’appelait, ce n’était pas pour faire des mêlées… Donc oui, fatalement, j’y pensais. J’y tenais d’autant plus qu’en 1998, j’avais été tout près de déjà réaliser le grand chelem dans le Tournoi des 5 Nations. J’avais marqué sur les trois premiers matchs, mais sur le dernier contre le pays de Galles, je n’y suis pas arrivé alors qu’on avait gagné 51 à 0 à Wembley ! Je ne sais toujours pas comment je me suis débrouillé pour être le seul blaireau parmi les trois-quarts à ne pas être allé derrière la ligne ce jour-là… (rires) Donc oui, forcément que je voulais arriver à boucler mon grand chelem personnel en 2001. Même si ce n’était pas non plus une obsession.

Vous avez été l’un des premiers joueurs à célébrer vos essais, les bras déployés avec le V de la victoire au bout des doigts. Mais vous n’avez jamais expliqué pourquoi...

Je vais encore vous décevoir, je suis désolé… (sourire) Mais ça, c’est un truc très personnel auquel je préfère ne pas répondre. Même mes enfants ne sont pas au courant, c’est vous dire...

La question peut paraître stupide, mais étiez-vous 100 % pro, à l’époque ?

J’ai signé mon premier contrat pro quand je jouais à Bègles, en 1995. Mais j’ai toujours gardé des activités à côté. J’avais investi dans des campings avec un associé. Dès que j’en terminais avec mes entraînements, je partais bosser parce que je ne voulais pas le laisser se débrouiller tout seul. J’ai toujours eu une activité en dehors du rugby, c’était primordial pour moi.

Vous voyez facilement où nous voulons en venir… Votre après-carrière a pris une tournure improbable lorsque vous êtes devenu président de la Ligue Nationale de Handball en 2010. Comment vous en êtes arrivé là ?

Le rugby m’a permis de rencontrer des gens merveilleux, et cette aventure à la LNH est le fruit d’une rencontre, celle de Philippe Gardent. À l’époque, j’étais encore joueur à Biarritz quand lui était déjà entraîneur de Chambéry. Nous nous sommes rencontrés un jour, cela a été un coup de foudre amical. Grâce à lui, j’ai côtoyé des garçons comme Jackson Richardson, Laurent Munier… Je suis parti quinze jours en Guyane avec eux et depuis, on ne s’est plus jamais quitté. Cela m’a amené à des choses que je n’aurais jamais imaginées…

Dans quel cadre a eu lieu cette rencontre ?

C’était lors d’un après-match à Grenoble, où nous avions joué avec le BO. J’étais resté pour la troisième mi-temps avec mon pote Franck Corrihons, et nous nous étions retrouvés en soirée en ville avec Philippe Gardent. On a bu une bière, deux, dix. On s’est bien regardé, et puis c’est parti en couille… (rires)

Ensuite ?

À la fin de ma carrière de joueur, je suis devenu consultant pour Canal +. En fonction de mes déplacements, je me débrouillais pour assister à des matchs de hand à Chambéry. C’est là que j’ai rencontré le président du club, Alain Poncet, qui était aussi trésorier de la Ligue. Lui aussi a vite chopé la connerie... Comme j’étais Philippe Bernat-Salles et que j’avais ma petite notoriété en tant que joueur de rugby et consultant télé, il m’a proposé de me présenter à la présidence de la Ligue de handball. Il savait que j’avais un petit réseau sur Paris et voulait que son sport sorte d’une certaine consanguinité... Allez savoir pourquoi, son discours m’a plu. Au fond, c’était quelque chose qui me correspondait. Je suis allé chercher Manuel Mallen, qui était directeur général chez Baume et Mercier, et je me suis lancé... J’ai été élu pour un premier mandat de deux ans, j’en ai fait trois autres.

Ne vous dites-vous pas que cette aventure fut improbable ?

Franchement ? Oui. Parfois, quand je parle avec mes potes, on en rigole quand je leur dis : « Vous vous rendez compte que j’ai quand même été président de la Ligue Nationale de Handball ? » C’est une histoire de fou, quand même, parce que ça reste une Ligue forte derrière le foot et le rugby, le sport collectif français le plus titré à l’international… J’y suis allé sans rien connaître à ce sport et je me dis que si j’ai été réélu trois fois, c’est bien que certains se disent que je n’ai pas fait du si mauvais travail. Cela prouve que quand on se donne à fond, on peut faire des choses dont on ne se soupçonne pas.

Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que vous faisiez là, sincèrement ?

Parfois, oui, bien sûr ! Je me revois encore en train de négocier les droits TV du handball dans les bureaux de Nasser Al-Khelaïfi avec tout l’état-major de BeIN Sports. C’était juste improbable ! Mais je ne crois pas avoir fait du si mauvais travail puisque sous ma présidence, les droits TV soit passés de 800000 euros à 4,5 millions. Aujourd’hui, ils sont redescendus à 4 millions… Je suis aussi fier d’avoir été le premier à négocier avec celui qui est devenu mon ami, Michel Biero, un naming pour la première division de hand, qui est devenue et est restée la Lidl Starligue. J’ai aussi noué des relations très fortes comme avec le Directeur Général Etienne Capon, ou le directeur du développement Christophe Janot. Mais je ne vais pas tous les citer…

Que retenez-vous de vos quatre mandats à la tête de la LNH ?

Une petite fierté, quand même. Je pense être encore le bienvenu dans la plupart des salles de handball en France, preuve qu’une majorité des gens m’aiment bien. Il y a 6 mois, j’ai été invité à la "der" du président de Saint-Raphaël Jean-François Krakowski. J’ai régulièrement au téléphone le président de Dunkerque Jean-Pierre Vandaele ou encore Jean-Claude Blanc, qui est directeur délégué du PSG handball et directeur exécutif du club de foot. Je pense avoir laissé globalement une bonne image. Même si, comme dans tous les milieux, on ne peut pas plaire à tout le monde…

Après avoir goûté à la vie de haut dirigeant, ne nourrissez-vous pas au fond l’envie de la retrouver, dans le handball ou ailleurs ?

Je viens récemment de me lancer dans une nouvelle activité professionnelle, le diagnostic immobilier. J’avais un restaurant (la brasserie Les Colonnes à Biarritz) que j’ai vendu voilà un an parce que je n’ai pas su le tenir, tout simplement. On apprend toujours de ses erreurs et sur le coup, je me suis trompé. Je continue à me battre et je me suis lancé dans cette nouvelle activité, on verra bien où cela doit me mener. Alors, vous dire si je compte revenir dans le milieu du sport, je n’en sais rien. Vous savez, quand j’étais joueur, jamais je n’aurais imaginé être en équipe de France. Après ma carrière, j’aurais encore moins imaginé présider la Ligue de Handball. Alors, on verra bien de quoi demain sera fait. La vie est faite d’opportunités, on ne peut rien prévoir…

À vous entendre si détaché de votre passé sportif, on ne peut pas ne pas dresser un parallèle avec votre pendant à l’aile du XV de France, Christophe Dominici...

(il coupe) C’est terrible, ce qui est arrivé. C’est de la folie. Christophe, c’est quelqu’un avec qui j’ai adoré jouer pendant longtemps en équipe de France, et que j’ai affronté plus longtemps encore en championnat. Il jouait à gauche, je jouais à droite, on s’est donc croisés souvent. On a joué l’un contre l’autre toute notre vie alors forcément, on s’aimait autant qu’on s’accrochait (rires). Après, je n’étais pas suffisamment intime avec lui pour faire des raisonnements. Sa famille a assez souffert comme ça.

Avez-vous été marqué, après l’annonce de son décès, par certaines sorties médiatiques ?

Oui. Entendre au lendemain de son décès des gens qui expliquaient ceci et cela, alors qu’ils ne l’avaient pas appelé depuis quatre ans et qu’ils ne sont même pas venus aux obsèques, ça m’a gêné. Il y avait beaucoup d’impudeur là-dedans. Vis-à-vis de sa famille et de ses proches, certains auraient mieux fait de la fermer.

Vous dites ne pas avoir été un intime de "Domi", mais vous faisiez tout de même partie de ceux qui portaient son cercueil à la sortie de l’église...

Avec Christophe, on a partagé quelque chose de fabuleux en 1999. Je ne me voyais pas ne pas me rendre à ses obsèques, confinement ou pas... Alors, j’ai appelé Mathieu Blin qui était en quelque sorte chargé de l’organisation. Ce n’est qu’une fois sur place qu’on m’a proposé de porter le cercueil. J’ai pris ça comme un honneur, notamment vis-à-vis de son papa que j’aime beaucoup, avec qui je parlais souvent quand on prenait l’apéro, en marge des rendez-vous de l’équipe de France. Voilà comment j’ai fait partie des huit connards qui ont porté Christophe hors de l’église. J’ai dit oui, un peu par orgueil, un peu par humilité. J’avoue que j’ai été très touché de l’avoir fait. C’était particulièrement émouvant. Après la cérémonie, plein d’histoires sont ressorties et bizarrement, je me souvenais de tout. Comme quoi, il n’y a pas que les essais qui comptent dans le rugby…

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