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Les Bleus, talents d'or, médaille d'argent

Par Par Vincent BISSONNET
  • Julien Marchand et les Bleus
    Julien Marchand et les Bleus
Publié le Mis à jour
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Encore en lice pour la victoire finale dans le Tournoi au coup d'envoi, le XV de France n'a pas réussi l'exploit espéré. Vaincu par l'Ecosse, il termine à la deuxième place. Avec un double sentiment de frustration et d'optimisme tant le potentiel est immense.

Vendredi, en s’installant devant leur télévision, huit millions de supporters français se sont pris à rêver d’une fin heureuse, d’un exploit d’Antoine Dupont, d’un récital de Romain Ntamack, d’une charge victorieuse de Grégory Alldritt et, surtout, d’un large succès synonyme de victoire finale dans le Tournoi. Après avoir vaincu à Dublin, tenu le bras de fer à Twickenham et renversé de redoutables Dragons rouges, le défi écossais paraissait à portée de l’insouciante et détonante bande à Galthié. Plus que jamais, impossible n’était pas français. Malgré la qualité de l’adversaire, malgré les vingt points à rattraper, malgré la pluie et les absents.

Deux heures après, au moment d’éteindre l’écran, l’espoir a cédé à la frustration, au dépit. Au terme d’une partie à rebondissements, le scénario du pire s’était produit avec une défaite après la sirène contre le XV du Chardon. Le Tournoi, véritable feu d’artifices émotionnel, s’est conclu avec un pétard mouillé. Et l’impression de revoir le même film, encore. Pour la troisième fois en un an, les Bleus ont illuminé une compétition de leur talent, étourdi la planète ovale et concouru jusqu’à la fin pour décrocher le titre. Pour la troisième fois, ils ont vu la timbale leur échapper des mains et la médaille d’argent enserrer leur cou en guise de lot de consolation. Souvenez-vous du Tournoi 2020, conclu à égalité de points avec la troupe d’Eddie Jones, la faute à un bonus généreusement offert et/ou à un carton rouge grossier, puis la Coupe d’automne des Nations, soulevée, contre le cours du jeu, par ce même rival anglais. Cette fois, le gain du trophée s’est perdu lors de fins de matchs cruelles, sources de regrets pour une durée indéterminée.

Nous n’avons pas le monopole du talent

À l’insu de son plein gré, la France se trimballe désormais avec l'étiquette de Poulidor du rugby mondial : tout le monde l’aime, la chérit et se désole de la voir inlassablement terminer à la deuxième place. Doit-on désespérer pour autant ? Que nenni. Si l’amertume grandit avec le temps, la promesse n’en reste pas moins belle et concrète. Aujourd’hui, les Tricolores peuvent se targuer de compter des joueurs de calibre international dans toutes leurs lignes : la triplette Baille-Marchand-Haouas coche toutes les cases du haut niveau, Grégory Alldritt est parti pour être le meilleur 8 de la planète, Antoine Dupont est une arme de destruction inégalable que seul le Covid peut freiner, Gaël Fickou brille sans discontinuité, quel que soit le numéro dans le dos… Et la liste n’est pas exhaustive avec les Vakatawa, Ntamack, Jalibert, Dulin et on en oublie. Ce potentiel dingue s’exprime magnifiquement par moments : les trente-trois franchissements, quelques merveilles d’actions en première main et toutes ces relances du bout du monde en sont autant de preuves irréfutables.

Mais ce Tournoi a aussi placé les Bleus face à une implacable réalité : le talent ne peut pas tout. Quand la gestion stratégique ne suit pas comme en Angleterre, quand l’état d’esprit est troublé par le contexte comme face à l’Écosse, il ne suffit pas. Charles Ollivon et ses partenaires l'ont constaté à leurs dépens. Eux les premiers le savent : les succès de demain nécessiteront plus de maîtrise et de maturité. Cela passe pour une évidence. Mais cela reste une vérité. En matière d’apprentissage, les deux mois passés auront été riches de leçons à retenir. Rugbystiquement et humainement parlant. Cette édition, serrée et indécise jusqu’à son dénouement, aura ainsi rappelé à la France du rugby, joueurs et observateurs confondus, un point essentiel que nos yeux de Chimène avaient perdu de vue, en route : nous n’avons pas le monopole du talent. Avec le pays de Galles de Rees-Zammit, l’Angleterre d’Itoje ou l’Écosse de Van der Merwe, les années à venir augurent en tout cas de sacrées batailles. Et de belles soirées dans le canapé pour des millions de passionnés.

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