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Et une gaufre en dessert…

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    Et une gaufre en dessert… Midi Olympique - Patrick Derewiany - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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Alors que tout un pays est tombé sous le charme de cette équipe de France si talentueuse et tellement enthousiasmante, il s’attendait à le voir terrasser le XV du Chardon vendredi. Mais les Bleus se sont pris les pieds dans le tapis de saint-denis, pour laisser  enc0re filer un titre qui leur tendait les bras.   

Samedi matin, la France s’est réveillée cinquième nation mondiale, un brin loin de ce top 3 érigé en obsession suprême par Galthié et Ibanez à leur prise de fonction, lequel avait pourtant été atteint quelques semaines auparavant. Samedi matin, la France sortait à peine de ses cauchemars causés par une défaite au Stade de France. Samedi matin, la France se disait encore que la deuxième partie du Tournoi (celle communément appelée post-Covid) ne l’aura vu gagner qu’un seul de ses trois matchs (de manière miraculeuse d’ailleurs). Samedi matin, la France se répétait surtout qu’elle fut à deux doigts d’être propulsée à la quatrième place finale de la compétition nordiste. En fait, samedi matin, le changement d’heure a eu lieu un jour trop tôt et il fut brutal : la France était revenue aux années Saint-André, Novès ou Brunel. Les affres et les démons d’une décennie atroce en prime. Non, bien sûr, le constat est amplement exagéré.

Oui, évidemment, cette France-là n’a plus rien à voir avec celle que l’on se plaît à considérer comme son ancêtre. Mais, quand même messieurs Dulin, Dupont et du grand n’importe quoi aussi... Entre le premier qui oublie de garnir les tribunes vides d’un ballon ovale pour acter un succès a minima dont il ne fallait rien espérer de plus ou l’autre qui saccage une occasion clé d’un coup de pied plus « à l’arrache » qu’à l’aveugle, il faut bien reconnaître que vous n’avez pas fait grand-chose pour éviter aux amoureux de ce sport de se replonger dans ces terribles vestiges qu’ils voudraient enfouis bien profond. Forcément, avec cette nouvelle génération dorée si belle et tellement prometteuse, il n’y a plus à trembler du moindre déplacement à Rome et Twickenham n’est plus le temple de la raclée. Mais, le problème, c’est que les attentes n’en sont que plus grandes. Immenses même.

Que celui qui ne rêvait pas de voir la bande à Ollivon planter les écossais de plus de vingt pions, et triompher enfin dans le Tournoi, se lève tout de suite et reparte visionner les matchs de Félix Le Bourhis et William Demotte en qui, fut une époque, le XV de France avait placé ses espoirs. Quand on aligne autant de talents les uns à côté des autres sur un terrain de rugby, c’est aussi le revers d’une médaille qu’on aurait souhaité d’or vendredi soir. Oui mais voilà, si les écossais ont débarqué en kilt à Saint-Denis, ce sont bien les Français qui sont repartis à poil.

Les « Poulidor » du rugby

Les Bleus ne furent pas totalement bredouilles, arrachant in extremis la deuxième place du Tournoi derrière des Gallois qui se demandent encore comment ils ont pu, en à peine deux temps et bien plus de trois mouvements, laisser filer un grand chelem qui leur tendait les bras une semaine plus tôt au « SDF ». Peut-être la raison pour laquelle ils n’ont pas patienté juisqu’au coup de sifflet final de ce France-écosse, pas même jusqu’à la bourde de Dulin, pour jubiler sur les réseaux sociaux et célébrer leur triomphe. L’autre problème, c’est que ce fauteuil de dauphin, dont on se serait largement contenté durant les précédentes « ères de rien » a cette fois un goût carrément amer. Parce qu’il ne comble clairement pas les appétits français, habitués pour certains aux sacres chez les Bleuets. Aussi parce qu’il dégage cette douloureuse odeur d’une habitude qu’il convient de vite se débarrasser. L’ami « Galtoche » avait rabâché combien il était capital de (re)gagner rapidement à son arrivée sur le trône.

Des matchs et des titres. Pour la première partie, le contrat est rempli depuis longtemps. Mais, pour la deuxième, on repassera. Comme lors du Tournoi 2020, comme lors de la dernière Coupe d’automne des Nations, la France est donc deuxième. Trois fois rien. « ça se joue sur des détails », telle est cette phrase insupportable que les rugbymen répètent à longueur de conférences de presse. Mais là, les détails fuient inlassablement nos magnifiques Bleus au moment de basculer dans cette autre dimension qui ne réclame qu’à les accueillir... Les voilà déjà considérés, ici et là, comme les Poulidor du rugby. L’expression est sévère, malgré le respect dû au champion cycliste. La côte de sympathie du XV de France - et c’est mérité - est forte, à la hauteur de l’admiration qu’elle suscite. Mais ce bon vieux Raymond, même s’il ne remportait jamais la Grande Boucle après avoir tant tourné autour, était également adoré du public. « En France, on préfère Poulidor à Ginola », nous avait un jour confié le prolixe Vincent Etcheto au cours d’un entretien sans filtre. Et d’ajouter : « Poulidor est un grand champion mais je préfère Ginola. Il a la classe et il réussit. Je ne me compare pas mais je n’idolâtre pas le besogneux. »    

Pas de «génération + 20 »

Le truc, c’est que ces Bleus sont loin d’être des besogneux. Mais, alors que tout un pays se voyait peut-être déjà plus beau qu’il ne l’est réellement, la fameuse « génération moins de 20 » n’a pas réussi à se muer en « génération + 20 ». « Tout n’est pas parfait », a lancé Bernard Laporte dans le week-end. Difficile de le contredire... Et c’est sûrement aussi qu’il y a une justice, aussi rageante soit-elle. Après avoir cassé la bulle, le XV de France n’a pas su faire péter la barraque. Qu’on se l’avoue ou pas, un constat est indéniable : il y a eu un avant et après Covid dans ce Tournoi. Pas que ce fichu virus ait fait voler en éclats le génie et la valeur de nos enfants chéris.

Non, il nous pourrit déjà assez la vie sans lui octroyer d’autres supers pouvoirs. Toujours est-il qu’il est venu briser la dynamique bleue, quand chacun voulait entrevoir le grand chelem au bout du tunnel. Il n’est certainement pas - ou plus - l’heure de réécrire une histoire qui a fait couler tant d’encre, mais si la bande à Galthié a coincé dans la dernière ligne droite en Angleterre, si elle subi les assauts gallois puis la loi écossaise, c’est parce qu’il n’y a pas de hasard au très haut niveau. Le XV de France a payé au prix fort son manque de fermeté, ou bien - c’est au choix - l’infortune de son insouciance. Personne n’est intouchable, il en a la cruelle preuve, là il était pourtant le meilleur sur le papier. Aujourd’hui, la planète rugby sait qu’il a tout, absolument tout, pour régner parmi les ténors. Mais il sera temps, durant la deuxième partie de mandat, de laisser les gaufres dans le placard à souvenirs.     

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Les commentaires (1)
monach Il y a 3 années Le 28/03/2021 à 20:42

Et allez c'est parti une équipe qui a à peine 18 mois. Perd un match, qu'elle a mal joué, j'en suis d'accord.
Mais tout jeter sous prétexte de pourrir Laporte, dont entre par en thèse, je ne suis pas un grand fan, c'est je crois poussez le bouchon un peu loin, ne croyez-vous pas.
Si en 2023, ce que j'espère cette équipe est championne du monde vous aurez l'air fin.
Et vous ne serez pas étonné que Galthier se transforme en "meme" Jacquet