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Dulin : « Ma prise de décision a été mauvaise »

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    Brice Dulin : « Ma prise de décision a été mauvaise » Midi Olympique - Patrick Derewiany - Patrick Derewiany
Publié le Mis à jour
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L'arrière du XV de France, Brice Dulin, revient sur sa décision en touche alors que le temps réglementaire était terminé. Il fait aussi le bilan de ce Tournoi des 6 Nations 2021 lors duquel il n’a pas manqué une seule minute.

Comment vous sentez-vous physiquement et mentalement deux jours après cette défaite en clôture du Tournoi des 6 Nations ?

Physiquement, je suis forcément fatigué mais on s’était préparé pour ça. Il y a eu beaucoup de moments de bonheur et d’autres plus difficiles mais c’est globalement une bonne fatigue.

Mentalement, ce dénouement est-il plus difficile à digérer ?

On s’était donné l’opportunité de remporter le Tournoi mais nous avons connu un petit accroc sur ce dernier match. C’est dommage de terminer cette aventure comme ça mais on a vécu de très bons moments et j’espère surtout que l’on va continuer de progresser. On a touché du doigt certaines choses, comme notre capacité à pouvoir gérer certaines situations difficiles et d’autres où nous avons été en difficulté. Il y a beaucoup de positif à ressortir de ce Tournoi mais il faudra gommer le négatif pour que cela ne se reproduise pas.

Avez-vous été surpris de la prestation de l’Écosse ou alors de celle de votre équipe, plus timide que lors des matchs précédents ?

On savait que les Écossais avaient la meilleure défense du Tournoi et nous étions dans l’obligation de marquer des essais pour obtenir le bonus offensif, tout en ayant un écart de 21 points minimum pour essayer de remporter le Tournoi. Sur le début de match, les Écossais nous ont très bien pris car les conditions étaient difficiles avec le vent contre. Nous avions du mal à sortir de notre camp et eux ne se sont pas vraiment embêtés à essayer de jouer mais plutôt de nous maintenir dans notre camp. Ils nous ont laissés sous pression en scorant, avec des essais ou des pénalités, ou en revenant dans nos 22 mètres grâce à des pénalités. Nous avons fait le dos rond en encaissant quelques points. Tout au long du match, dès que nous parvenions à marquer, ils nous coinçaient dans notre camp en nous mettant une grosse pression. Ils ont joué le match parfait car ils savaient qu’ils n’avaient besoin que d’une victoire avec un écart de huit points pour terminer à la seconde place. Je crois surtout que nous avons eu du mal à gérer certaines situations, notamment nos sorties de camp, ce qui ne nous a pas permis de mieux maîtriser le match.

La stratégie sur les sorties de camp avait évolué ces dernières semaines avec une volonté de remonter plus de ballons à la main. La pluie vous a-t-elle contrarié ?

La pluie ne peut pas être une excuse car nous sommes habitués à jouer dans de telles conditions. Ce sont surtout les Écossais qui nous ont mis une très grosse pression dans notre camp. Quand nous arrivions à enchaîner les temps de jeu, ils ont su ralentir nos ballons en étant efficaces dans les rucks et sur les zones de plaquages pour ralentir notre circulation. Il y a eu plein de petites choses, qui, mises bout à bout, nous empêchent de les mettre sous pression, même si nous avons eu de très bonnes séquences. Mais nous n’avons pas été forcément récompensés à chaque fois. C’est dommage de ne pas avoir eu l’efficacité que nous avions démontrée sur le début du Tournoi en étant pragmatiques et réalistes.

Pouvez-vous nous parler de la fin de match. Pourquoi n’avez-vous pas tapé en touche par assurer la victoire ?

Charles Ollivon me fait une passe dans l’axe. Je suis décidé à taper et au moment où je me tourne je vois un Écossais qui arrive. Dans ma tête, on a l’avantage car le ballon est sorti sur le ruck donc je pense qu’il y a un en-avant. Je devais sûrement me tourner vers mon en-but et dégager le ballon, comme on l’avait déjà fait plus tôt dans le Tournoi. Avec la fatigue, la prise de décision et l’exécution, tout a été un peu moins rapide que sur une action de début de match et malheureusement on concède cette pénalité qui nous amène à subir une longue offensive écossaise et nous perdons le match. C’est vraiment ma prise de décision qui a été mauvaise.

Entendez-vous des coéquipiers vous demandant de jouer et d’autres de taper…

C’est vraiment une accumulation de fatigue. Les quinze dernières minutes avaient été très intenses car on venait d’essayer de jouer, livrant nos dernières forces dans la bataille pour marquer des essais. Les Écossais, dès qu’ils avaient le ballon, nous imposaient des séquences. Non, vraiment, c’est une prise de décision individuelle. On me parle autour mais ça se joue en même pas une seconde. J’ai juste à dégager le ballon et malheureusement, ce n’est pas ce qui se passe et sur le ruck suivant nous sommes pénalisés, même si nous ne sommes pas trop aidés.

Que siffle l’arbitre précisément ?

Non mais si je dégage le ballon, la question ne se pose pas. C’est surtout dommage car nous aurions pu finir avec une bonne note avec cette victoire sur l’Écosse même si on savait que la première place était perdue. On aurait au moins fini sur un succès.

Que vous disent vos partenaires dans les vestiaires ?

On n’est pas vraiment revenu là-dessus. Dans les vestiaires, c’est surtout la défaite qui nous plombe le moral. Au-delà d’avoir perdu le Tournoi, finir sur une victoire, même courte, aurait été une belle récompense pour tous les efforts fournis sur ce match et pendant tout le Tournoi. J’espère que l’on rebondira très vite et que ce moment-là me servira de leçon pour que ça ne se reproduise plus.

Vous évoquiez la fatigue. La France peine toujours à enchaîner trois matchs en trois semaines. Faites-vous le même constat ?

Je crois surtout que ce match a été un gros combat. Nous avons fait beaucoup de séquences en partant de notre camp. On s’est vraiment livré, en dépensant un maximum d’énergie pour scorer et marquer des essais pour tenter de distancer l’Écosse. Mais ce n’est pas la meilleure défense du Tournoi pour rien. On a vu que lorsque nous sommes parvenus à percer les Écossais et à faire de grosses avancées, ils sont toujours parvenus à récupérer les coups. Cela a été une grosse bataille et nous avons eu du mal à construire petit à petit notre match car nos adversaires ne nous ont pas permis de nous mettre dans le rythme que nous souhaitions imposer.

Quel bilan du tournoi faites-vous sur plan collectif ?

Nous avons été très consciencieux sur les premiers matchs. On s’est appuyé sur ce qui avait été mis en place l’année dernière et sur la période d’automne. On est resté sur cette dynamique puis on s’est adapté notamment en raison de l’arbitrage mais aussi de nos adversaires qui savaient que nous misions sur l’occupation pour imposer notre jeu. Nous avons tenté de varier un petit peu plus, en portant le ballon depuis notre camp pour contrer les défenses car on s’est rendu compte que les adversaires nous attendaient sur le champ profond. Donc, il y a eu plein d’évolutions dans notre jeu, mais aussi au niveau de notre défense. Sur le terrain, on s’est vraiment régalé à chaque sortie, même si nous avons moins bien construit nos matchs face à l’Angleterre et face à l’Écosse. Ils nous échappent car on fait des erreurs mais on se rend compte que l’on a toujours eu les cartes en main pour l’emporter. Nous ne sommes pas dépassés par les événements ni par nos adversaires, c’est seulement nous qui avons des choix à faire. Et si on fait les bons rapidement, on se rend compte que l’on met les équipes à mal. Tout le vécu collectif de ce Tournoi nous sert pour notre progression collective mais aussi individuelle.

Au regard des résultats, on peut estimer d’un point de vue extérieur que l’épisode Covid a été un sacré coup de frein. Le ressentez-vous comme ça ?

Tout d’abord nous avons eu la chance de pouvoir jouer tous nos matchs. Après je pense que nous avons plutôt bien traversé cet épisode car nous avons eu la chance qu’aucun joueur ou membre du staff ne soit lourdement touché. Personne n’a eu de séquelle. Depuis un an, cela fait partie de notre quotidien, que ce soit en club ou en sélection. On sait que ça peut arriver. Nous avons eu dix jours d’arrêt mais c’était aussi un temps de repos qui n’était pas prévu en milieu de Tournoi. Après, nous avons enchaîné ces trois matchs mais cela ne peut pas être une excuse puisque les Écossais ont eu la même problématique et ils ont bien fini le Tournoi. En termes d’énergie, je crois surtout que nous avons livré des grandes batailles et que nous adversaires nous ont bien contrés parfois.

Sur le plan personnel, vous n’avez pas raté une seule minute de ce Tournoi. Est-ce une satisfaction, d’autant plus que vous n’étiez pas du Tournoi 2020 ?

Je ne peux pas me contenter de ça… Car il y a eu cette erreur à la fin du Tournoi, mais aussi des choses que j’ai moins bien réalisées sur d’autres matchs, dans des moments de fatigue ou des moments où nous étions sous pression. Bien sûr, il y a eu des bonnes choses mais il faut éviter ces petites erreurs car c’est là que les grandes équipes font la différence. Leurs joueurs sont capables de bien réagir dans ces moments-là. Nous avons été capables de le faire dans certains matchs mais pas tout le temps. Mon avis est donc plutôt mitigé car je reste sur ce dernier ressenti. On clôture le Tournoi sur quelque chose qui n’est pas positif alors que nous avons fait de très bonnes choses avec des super moments.

Vous avez connu plusieurs périodes en Bleu, est-ce la plus excitante ?

On a un groupe énorme ! J’ai eu la chance de rejoindre cette aventure qui avait déjà démarré. On prend énormément de plaisir. On a eu du mal à se quitter samedi. On venait de passer dix semaines ensemble et on s’entend hyper bien. On s’entraîne et on joue bien. Ce ne sont pas les résultats qui font que l’on s’entend bien. La génération qui arrive est vraiment top. Ça n’a rien à voir avec ce que j’ai pu connaître car cette génération est géniale. On a un staff qui est fourni, qui nous rend les choses plus faciles et plus accessibles. Tout un système est mis en place pour que les joueurs se sentent bien à Marcoussis avec les personnes qui s’occupent de nous. Tout est mis en œuvre pour que nous soyons dans les meilleures conditions et, en plus, entre nous ça se passe super bien. On a vraiment passé des merveilleux moments. On aurait pu penser qu’avec la période Covid, le fait que l’on ne puisse pas s’aérer et partir profiter lors des journées off, cela aurait été compliqué mais bien au contraire. On passe encore plus de temps ensemble et on se régale. C’est ce qui me fait dire qu’il y a quelque chose de spécial.

Le club France, au-delà de la sélection, n’est donc pas qu’une chimère…

J’en discutais en rentrant à la maison. C’est équivalent à ce que l’on peut vivre en club tout au long de l’année. Je ne sais pas comment l’expliquer mais tout est naturel. J’ai rejoint le groupe qui était déjà formé et j’ai été accueilli à bras ouverts. On se met tout de suite dans le rythme et au niveau car on se sent à l’aise. On y est bien. Tout le monde se sent heureux et ça aide à se donner à fond pendant les semaines d’entraînement et lors des matchs.

Anthony Bouthier, titulaire l’année dernière n’a pas joué une minute. Quels sont vos rapports ?

On s’entend très bien. Après je me doute que c’est une période délicate pour lui. Je suis déjà passé par là et tout le monde est conscient que certains joueurs ont eu moins de temps de jeu que par le passé. C’est là aussi que la notion de groupe est importante. J’ai pu arriver avec une certaine confiance grâce à mon temps de jeu en club qui m’a permis d’être performant. Les saisons se suivent et ne se ressemblent pas. Je connaissais très peu Anthony et on a appris à se connaître. On s’entend très bien même si je sais que c’est quelque chose de difficile à vivre pour lui. Nous en avons discuté ensemble. J’en ai conscience et c’est pour ça que lorsque je fais des erreurs je m’en veux encore plus car, je sais que sur le bord, il y a des joueurs qui ont envie de jouer. Ça fait partie de la sélection. Je crois que nous sommes tous passés par là mais le but est que l’on s’accompagne tous pour atteindre l’objectif final qui est de gagner de titres.

Quel était l’état d’esprit général après le match ? La tournée dans l’hémisphère Sud était-elle déjà dans toutes les têtes ?

On a passé un bon moment après le match, même si c’était difficile d’en profiter. Mais nous avons passé quelques heures ensemble pour décompresser et faire la transition. On espère surtout que la tournée pourra se tenir cet été pour partir sur autre chose avant novembre. Cette tournée nous fait rêver et on espère y être car on a senti que l’on avait hâte de tous nous retrouver avec l’ambition de repartir sur quelque chose de positif et se fixer de nouveaux objectifs. On a l’impression que la possibilité de partir dans l’hémisphère Sud se présente tous les ans mais ça passe très vite et on n’a très peu l’occasion de jouer ces nations-là. J’espère vraiment que l’on pourra la faire pour vivre encore de belles choses.

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Les commentaires (2)
PierreLouis Il y a 3 années Le 30/03/2021 à 17:47

Désolé de le dire mais nous sommes, nous français, indécrottables sur le plan de l'humilité...nous n'avons entendu parler que de grand chelem pendant la semaine, à la télé qui a passé, repassé la remontada de 2007 contre l'Ecosse, la presse écrite qui en a rajouté, les joueurs lisent et écoutent. Il suffisait simplement de vouloir gagner ce match, l'ambition folle de Dulin l'a poussée à tenter de marquer ce 4ème essai qui ne servait à plus rien.

rugbypass Il y a 3 années Le 29/03/2021 à 15:49

Et si la charnière avait été remplacée à la mi-temps?