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Deux essais irlandais aux antipodes

  • L’ailier Keith Earls fut à la conclusion d’une magnifique combinaison après touche. Photo Icon Sport
    L’ailier Keith Earls fut à la conclusion d’une magnifique combinaison après touche. Photo Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L’Irlande s’est imposée clairement avec deux essais aux antipodes l’un de l’autre. Une seule passe pour celui d’Earls.... Trente-six pour celui de Conan.

On retiendra de cette victoire irlandaise un visage aux traits aigus et à la physionomie souvent sévère. Une vraie "tête de loup" que celle de Keith Earls, l’ailier du Munster. C’est lui qui a débloqué la situation à la 14e, par un essai de tableau noir. Une déviation en fond de touche de Conan à son intérieur pour son trois-quarts propulsé comme par une fronde. Earls finit le travail par un dernier "cadrage-débordement" sur Jonny May.

à 33 ans et 92 sélections, il fallait le faire. Le pauvre Earls fut privé d’un doublé à la 23e quand il aplatit sur un service au pied de Sexton mais la vidéo identifia un minuscule en-avant de Healy. On retiendra de ce succès un autre visage, la face triangulaire de Jack Conan, le numéro 8 du Leinster, pas très connu finalement vu de France. Il n’avait plus démarré un match depuis septembre 2019 (préparation du Mondial). Pour son retour, il a frappé un grand coup, par sa déviation décisive et par un essai personnel (37e), sur une initiative, en s’arrachant à cinq mètres de la ligne d’un ruck. Elle était la conclusion d’une action stupéfiante par sa maîtrise et sa persévérance, vingt-trois temps de jeu, trente-six passes et trois minutes d’action. Tous les Irlandais ont touché la balle, dont Beirne six fois. Herring et Henshaw une fois, les autres au moins deux fois. Au milieu, on a admiré une passe après contact de Furlong et une passe au pied de Sexton pour Keenan. Peut-être le plus bel essai du Tournoi 2021.

La victoire irlandaise fut celle de l’efficacité et de la précision offensive. Andy Farrell clame haut et fort que son jeu est plus libre que celui de son prédécesseur Joe Schmidt. Peut-être, en effet, que cet essai de Conan fut un hymne à l’improvisation … avec, sans doute, chez les joueurs, un sens de la circulation prononcé.

Les Irlandais ont même résisté à la disgrâce d’un carton rouge infligé à Bundee Aki (64e). Sanction très sévère pour un plaquage qui, il est vrai, élimina Billy Vunipola. Ils se sont retrouvés à quatorze et même à treize pendant deux minutes (carton jaune de Murray) et ont alors encaissé deux essais. Mais leur avance était trop nette. En fait, tout leur a réussi samedi, y compris la mêlée qui a pris l’ascendant sur sa vis-à-vis avec un Furlong en piste pour la tournée des Lions britanniques.

Andy Farrell ou le triomphe modeste

Eddie Jones n’a pas cherché d’excuses. Son équipe s’est montrée impuissante à quinze contre quinze, notamment au retour des vestiaires alors qu’on attendait une réaction : "La principale chose dont nous manquons actuellement, c’est de la régularité dans la performance alors que nous avons montré contre la France que nous pouvions jouer vraiment à très haut niveau mais cela reviendra […] Félicitations à l’Irlande qui était trop forte pour nous aujourd’hui. Compte tenu des derniers résultats entre les deux équipes, on savait qu’ils voudraient régler les comptes sur le plan physique. Nous savions qu’ils viendraient fort et on s’attendait à ce qu’ils jouent beaucoup au pied, ce qu’ils ont fait et très bien. Nous sommes dans une phase de transition. C’est le moment naturel pour que ça arrive car la Coupe du monde aura lieu dans deux ans."

Andy Farrell est resté assez sobre, comme d’habitude. C’est la première fois qu’il battait son fils en tant qu’entraîneur principal. Un sentiment intime sans doute difficile à gérer puisqu’au début du Tournoi, on murmurait qu’il pouvait être viré en cas de revers face aux Anglais. "Je crois que tout n’a pas été parfait mais quand même, ce succès prouve que nous sommes sur la bonne voie. Les gars savaient qu’ils en étaient capables." Anglais lui-même, Andy n’est pas un grand parleur. Il a sans doute souffert en silence ces dernières semaines avec le fantôme de Joe Schmidt au-dessus de lui. Cela a dû l’énerver et ça l’énervera encore, comme sans doute les allusions à son fils. C’est le fardeau des hommes publics.

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