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Jalibert : « On a perdu une bataille, mais pas la guerre »

  • Matthieu Jalibert
    Matthieu Jalibert MB Media / Icon Sport - MB Media / Icon Sport
Publié le Mis à jour
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L'ouvreur du XV de France revient sur la défaite des Bleus à Twickenham samedi (23-20). Il confirme aussi que les Bleus veulent se donner les moyens de gagner ce Tournoi. 

Quel est votre sentiment sur cette courte défaite, maintenant que vous avez eu le temps d’y songer à tête reposée ?

Nous ne sommes pas passés loin de ce que nous étions venus chercher à Twickenham, la victoire. Nous avons livré un match plutôt positif, même si l’issue de celui-ci s’est jouée à deux ou trois détails. Il y a de la frustration car nous avons eu l’impression de pouvoir gagner, mais de perdre sur des petites choses…

Quelles sont-elles justement ?

J’ai revu le match ce matin. En deuxième mi-temps, on perd un ballon en touche, on ne trouve pas une pénaltouche, et on se fait contrer après avoir récupéré un ballon, et on se retrouve dans notre camp… Nous aurions dû mieux gérer ces situations pour tuer le match. On ne l’a pas fait, on s’est précipités et peut-être manqué de patience. Ces erreurs ont permis aux Anglais de revenir chez nous et nous remettre sous pression. C’est dommage, car ce sont des détails qui nous plombent alors qu’on s’est envoyés pendant 80 minutes. J’ai l’impression que nous leur avons donné l’opportunité de revenir dans le match grâce à nos erreurs. Notre équipe est jeune, elle apprend. Ce match restera un bel apprentissage pour la suite.

En première mi-temps, vous avez joué des touches rapidement, même dans vos 22 mètres. Était-ce un axe de votre stratégie ou s’agissait-il d’une précipitation ?

Nous avions travaillé toute la semaine pour tenir le ballon. Nous avions vu qu’après un certain nombre de temps de jeu, les Anglais pouvaient être déséquilibrés sur les extérieurs. Les deux touches jouées rapidement c’était de l’instinct mais cela a permis de leur imposer une intensité. Après notre essai, nous aurions peut-être pu calmer le jeu derrière, mais cela fait aussi partie du jeu et de l’identité de l’équipe de France, d’être capable de jouer de partout. En tout cas, on voulait enchaîner les longues séquences pour trouver des espaces sur les extérieurs.

C’est plutôt audacieux pour une équipe dont une grande partie a été touchée par le Covid et manquait de temps de jeu…

C’est vrai, certains ont été infectés et n’ont pas joué, d’autres ont repris en club. Mais nous avions fait une semaine de qualité et les données GPS ont indiqué que nous avions atteint des intensités rares aux entraînements. On savait qu’on allait répondre présent physiquement. Nous n’avions pas de doutes quant à notre faculté de déployer le jeu prévu.

On vous a vu vous tenir longuement la main pendant le match, vous êtes-vous blessé ?

J’ai pris un coup sur le pouce durant un plaquage mais rien de grave, cela va déjà beaucoup mieux.

Avez-vous été étonné de ne pas être remplacé ?

Étonné, je ne sais pas… Mon travail, c’est de jouer. Je ne me soucie pas des changements. C’est le travail du staff. Quand on a la chance d’être sur la pelouse et de jouer, on donne tout et on ne se soucie de rien d’autre. Quand on est là, on donne tout pour l’équipe de France. Les choix et le coaching, c’est le boulot du staff…

Souvent, les staffs prévoient un plan de remplacement, et c’est rare de finir une rencontre avec trois remplaçants non entrés en jeu…

Je ne sais pas quoi vous répondre… Mon rôle n’est pas de gérer les changements. Le staff fait ses choix en fonction du match et de ce qu’il a envie de faire. Mon rôle, c’est de jouer.

Le match s’est terminé par un en-avant d’Antoine Dupont. On imagine qu’il devait s’en vouloir…

Il était comme l’équipe : déçu du résultat malgré un gros match. Antoine était aussi déçu de commettre cet en-avant mais comme on lui a dit, on n’a pas perdu là-dessus ! Il nous a fait gagner tellement de rencontres… Et même sur ce match, il a fait tellement d’actions positives… C’est un fait de jeu, mais on devait gagner cette rencontre bien avant ce moment.

L’équipe de France s’est montrée très précise et performante sur ses lancements de jeu en première main, à l’image de celui qui mena à l’essai de Damian Penaud. Racontez-nous sa genèse…

Cela vient d’un travail conséquent de nos analystes vidéos qui décortiquent les matchs et essayent de trouver les points forts et les faiblesses de nos adversaires. Nous avions vu que près de leur ligne, les Anglais avaient tendance à se serrer et que Ford se retrouvait isolé sans le soutien de sa troisième ligne à l’intérieur. On a donc cherché à les fixer en jouant avec des attaquants arrivant dans le dos. La combinaison avait fonctionné à plusieurs reprises aux entraînements. On savait qu’elle pouvait passer si on l’exécutait dans le bon timing et avec les bons placements. Hier, on l’a réalisée à la perfection et ça fait toujours plaisir de réussir des lancements que l’on a travaillés à l’entraînement.

Ce lancement n’est pas un cas isolé, on a le sentiment que le XV de France a vraiment progressé sur ce point. C’est de bon augure pour la suite ?

Depuis le début du Tournoi, nos lancements nous permettent d’être dans l’avancée. On est très efficaces sur ce point mais c’est un travail de l’ensemble du staff qui trouve les faiblesses adverses et les zones à attaquer. On choisit ces lancements par rapport aux caractéristiques adverses. Pour l’instant, cela a bien fonctionné.

Sur un plan personnel, vous vous êtes encore illustré par un match abouti, avez-vous le sentiment de marquer des points auprès du staff ?

Je suis heureux de jouer, et de la confiance que me donne le staff. Comme je l’ai toujours dit le fait de jouer et d’enchaîner les rencontres nous permet de gagner de la confiance. Plus j’en accumule, plus je me rapproche de mon meilleur niveau. Je suis content de montrer au staff que j’ai le potentiel pour tenir ce rang. Je suis heureux donc, mais il reste encore du travail…

Qu’est-ce qui a changé en vous entre vos premières sélections et le joueur que vous êtes aujourd’hui ?

Quand on arrive au niveau international, on est surpris de tout : ça va vite, on hésite. Aujourd’hui, j’ai le sentiment de mieux contrôler les choses mais cela vient avec la confiance et le temps de jeu.

Vous n’avez certainement pas visionné le match des Gallois contre l’Italie, mais quel regard portez-vous sur cette équipe galloise ?

En effet je ne l’ai pas vu mais j’ai vu tous les autres matchs du 6 Nations. Le pays de Galles est une équipe dure, avec un bon paquet d’avants et de très bons trois-quarts. Ils ont une excellente défense et sont performants sous les ballons hauts. Ils ont retrouvé la confiance, et viendront jouer une finale à Paris. Nous, on doit rebondir après cette défaite. Et surtout, nous sommes toujours en course pour gagner le Tournoi…

Le grand chelem s’est envolé, donc la victoire du Tournoi est devenue votre objectif principal ?

Bien sûr. Hier, on a perdu une bataille mais on n’a pas perdu la guerre, comme on dit. On a pris un point à Twickenham, chose qui n’est pas donnée à tout le monde non plus. On a l’opportunité de gagner le Tournoi donc on va se donner les moyens de le faire.

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