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Jalibert, les raisons d’un choix

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    Jalibert, les raisons d’un choix. PA Images / Icon Sport
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Entre ses deux "golden boys", le cœur du staff des Bleus a longuement hésité, ces derniers jours. et si Matthieu Jalibert démarrera finalement à Twickenham, on vous en détaille à présent les raisons majeures…

Est-il surprenant que Matthieu Jalibert démarre samedi après-midi, face à l’Angleterre ? Non, dans la mesure où le maître à jouer de l’Union Bordeaux-Bègles, titulaire en Italie puis en Irlande, a jusqu’ici été très bon sous le maillot tricolore. Ce choix a-t-il été néanmoins sujet à débat au sein du staff du XV de France ? Oui, tant il fut longtemps question, la semaine dernière au moins, que Romain Ntamack soit titularisé à Twickenham…

Ntamack est encore trop fragile

Au jour où Fabien Galthié et son bras droit en sélection, Laurent Labit, ont pris en mains les destinées de la sélection tricolore, ils ont ensemble décidé de faire de l’ouvreur toulousain le dépositaire de leur système de jeu et, dans la mesure où Romain Ntamack est aujourd’hui remis de la double fracture de la mâchoire qui l’avait jusque-là privé de Tournoi, il n’y aurait pas eu scandale à ce que NTK soit titularisé en Angleterre : ailleurs, lorsque Handré Pollard ou Johnny Sexton reviennent de blessure, ils reprennent naturellement la place qui est la leur dans leur équipe nationale… et sans que le pays ne s’en émeuve une seule seconde.

De toute évidence, il semble que le retour à la compétition du Toulousain, le week-end dernier face à Brive, n’ait pas totalement convaincu le staff tricolore car cet après-midi là, si Romain Ntamack ne fut pas mauvais, il ne fut pas non plus très bon et, souvent hésitant au plaquage (on le serait à moins après une telle blessure…), ne donna pas les garanties que cherchait à son propos la kommandantur de la sélection nationale. À ce sujet, la divine association que forme, en club, NTK avec Antoine Dupont fut même incapable de renverser la tendance.

Un débat de riches

Dès lors, c’est le golden boy de Laurent Marti qui sera chargé d’animer le dispositif tricolore, au moins pendant la première heure de jeu. À ce titre, on peut conclure que le message envoyé par le staff tricolore au groupe français est positif, puisqu’il consolide la place de l’homme en forme au profit d’un titulaire supposé, mais pas encore pourvu de l’intégralité de ses moyens physiques. Convaincant en Italie (10-50), très bon à l’Aviva Stadium (13-15), Matthieu Jalibert fut plutôt efficace pour son retour en club, le week-end dernier face à la Section paloise. Par ailleurs, le Girondin a aussi le mérite de pouvoir occuper le poste d’arrière avec bonheur et, si le besoin s’en faisait sentir, glisserait au fond du terrain en cours de match afin de laisser Romain Ntamack à la manœuvre.

Jalibert, les raisons d’un choix
Jalibert, les raisons d’un choix

De fait, l’association Jalibert/Ntamack présente aussi l’avantage de pouvoir à tout moment jouer avec un vrai "cinq huitième", ce deuxième ouvreur si prisé des Anglo-Saxons et qu’incarnerait alors, au milieu du terrain, le jeune toulousain. Ce week-end, en Angleterre, la combinaison Jalibert/Ntamack permet aussi de se passer d’Anthony Bouthier sur le banc de touche et, de ce fait, de dégager une place supplémentaire pour un gros, sur le banc de touche, dans la configuration 6 avants/2 trois-quarts que l’on connaît. À l’heure de défier les titans d’Eddie Jones, si denses dans les zones d’affrontement, cette dernière donnée est tout sauf anecdotique. En conclusion, opposer Matthieu Jalibert à Romain Ntamack est à bien des égards une idiotie, tant ce débat de riche incarne aujourd’hui une bénédiction pour le rugby français, lequel court après un e telle abondance depuis des lunes.

Rotation : la politique de double ouverture

Posséder deux ouvreurs de si haut niveau, c’est aussi l’opportunité de changer de chef d’orchestre en cours de match si le besoin s’en fait sentir.

Sur l’émulation continuelle entre Romain Ntamack et Matthieu Jalibert, laquelle est scrutée chaque semaine ou presque, c’est le Toulousain qui résumait le mieux la situation, voilà quelques semaines dans ces colonnes, quand il lui était demandé s’il n’était pas lassé par ces perpétuels débats : « Non, c’est légitime. Pour une fois qu’on parle en bien de joueurs français au poste de numéro 10, que ce soit dans notre pays ou dans le monde maintenant, on ne va pas s’en plaindre. Il faut en profiter, surtout que cette concurrence tire tout le monde vers le haut. La finalité, c’est que ça reste du positif et du bonus pour le XV de France. » C’est tellement vrai. Et le staff des Bleus n’a d’ailleurs sûrement pas attendu ce genre de déclaration de son ouvreur pour s’appliquer la théorie. L’avantage, et il ne faut pas oublier que Louis Carbonel est resté à la maison cette semaine après avoir été étincelant contre le Racing92 le week-end passé, c’est de compter sur deux maîtres à jouer de très haut niveau. Lesquels ont, sur la dernière année, prouvé combien ils étaient en mesure de mener la symphonie française. C’est peut-être l’un des grands enseignements des récents mois : en l’absence de Ntamack, blessé, Jalibert a parfaitement repris le flambeau.

Richesse de coaching

Voilà qui, aujourd’hui, apporte des garanties à Fabien Galthié et ses adjoints. D’abord et évidemment au moment de préparer un rendez-vous au sommet. Si l’un des deux est forfait ou présente une méforme, le XV de France n’en sera pas dépendant car il sait pouvoir s’appuyer sur le talent et l’assurance de l’autre. Mais, au-delà et ce n’est pas la moindre des bonnes nouvelles, le staff a conscience qu’il est en capacité de modifier ses plans en cours de match. Passer à côté d’une rencontre, ça arrive même aux meilleurs… Sauf qu’il est difficile de faire sortir son chef d’orchestre, même s’il est dans un jour sans, quand il demeure la caution d’un projet de jeu. Or, il existe désormais cette solution pour le sélectionneur français. Si Jalibert est en difficulté samedi, il ne devrait pas hésiter à confier les clés à Ntamack pendant le match. Et l’inverse sera vrai aussi dans l’autre sens, si le Toulousain retrouve sa place dans la hiérarchie.

Duo 10-12 : de concurrents à associés ?

Plutôt que de les opposer, l’option d’associer Jalibert etNtamack en premiers attaquants est tentante. Elle offre de multiples atouts.

L’avantage du vivier dont dispose Fabien Galthié et que le sélectionneur a su rendre crédible au plus haut niveau, c’est qu’il offre désormais de multiples possibilités d’associations. Ainsi, la concurrence qui sévit aujourd’hui entre Jalibert et Ntamack a d’abord profité au Toulousain, avant de voir le Bordelais prendre la main dans ce dernier Tournoi. Mais la polyvalence des deux éléments offre aussi de multiples options, donc la possibilité de les associer.

Ouvreur ou « 5/8e »

Première option : rendre le poste d’ouvreur à Ntamack, à terme, et faire glisser Jalibert à l’arrière, où il évolue désormais régulièrement en club (lire ci-dessous). La deuxième option tient de l’évidence : quand on souhaite aligner coûte que coûte ces deux talents ensemble, en même temps sur le terrain, le plus simple reste de laisser le numéro 10 au Bordelais et replacer Ntamack en 12. On serait loin de la démarche expérimentale : en procédant ainsi, Jalibert évoluerait à son poste naturel de formation et Ntamack retrouverait le poste qui l’a révélé. En premier centre, le Toulousain a été sacré champion du monde des moins 20 ans et a joué sa première saison pleine de Top 14, avec son club. L’association offrirait le fameux intérêt du « 5/8e » avec deux jeux au pied précis au cœur du jeu, sans sacrifier les qualités dans les duels de Gaël Fickou, dont les qualités de vitesse mais aussi de défense en bout de ligne ne déplaisent pas à Fabien Galthié, qui l’a déjà titularisé à trois reprises à l’aile depuis sa prise de fonctions.

Bordeaux-Bègles : on le préfère en 10

Matthieu Jalibert a vécu ses premiers matchs professionnels à l’arrière, mais il a bien vite quitté ce poste et ne l’a retrouvé que rarement.

Contre Pau, samedi Matthieu Jalibert a bien été utilisé à l’arrière par l’UBB Mais c’était sous l’empire de la nécessité, car Romain Buros et Nans Ducuing sont blessés. Christophe Urios a commenté ainsi son propre choix « Un membre du staff (du XV de France, N.D.L.R.) m’a déjà appelé dès samedi matin pour me dire que c’était une bonne idée. Je lui ai dit jouons le match d’abord, on verra si c’en était une après. Mon idée de départ, c’est que Matthieu, c’est un 10. Pas un 15. À Bordeaux en tout cas, il jouera 10. Pas 15… Sauf si on doit s’adapter comme aujourd’hui. » On se souvient que le joueur lui-même nous a glissé par deux fois qu’il préférait le maillot frappé du 10 à celui frappé du 15. Mais c’est à ce poste qu’il a débuté en équipe première en septembre 2017 à Lyon (il avait dix-huit ans) puis à Enisei en Coupe d’Europe dans la foulée.

Ça ne sera qu’une solution exceptionnelle

Mais il n’avait plus débuté avec le 15 depuis trois ans avec Bordeaux. Il a pu de ci de là, dépanner en fin de match, même si à bien vérifier, ce cas s’est rarement présenté. Contrairement à une légende qui circule, cette saison Jalibert n’a jamais terminé une rencontre en position d’arrière. C’est Botica qui a vécu cette expérience. Ceci dit, Jalibert a brillé samedi dernier, avec le numéro 15, il a participé au festival du premier essai par une accélération décapante, puis il a percé sans pitié la défense adverse pour offrir un essai à Pablo Uberti, qui ne put aplatir.

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