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L'essai du siècle : 23 secondes et 61 centièmes de pur bohneur...

Par Jacques Souquet avec Yanis Guilhou
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    L'essai du siècle : 23 secondes et 61 centièmes de pur bohneur...
Publié le Mis à jour
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16 mars 1991, la France se déplace à Twickenham pour disputer un match du Tournoi des 5 Nations. Mais de ce match perdu (21-19), ce n'est pas le score qu'on retient, mais bel et bien l'essai marqué par Philippe Saint-André. Un essai d'anthologie baptisé « l'essai du siècle ». Une action légendaire qui a duré exactement 23 secondes et 61 cenitièmes.

Revivons donc par le menu ces 23 secondes et 61 centièmes de pur bonheur.

Onzième minute de jeu : Blond est hors-jeu sur une mêlée à 5m de sa ligne. Pénalité tentée (et ratée) par Hodgkinson.

Douzième minute : Berbizier réceptionne le coup de pied de réparation dans l'en-but français et le garde en main 3 secondes et 75 centièmes, le temps pour Blanco de croiser la trajectoire de son demi de mêlée. 

Le capitaine Français sort de l'en-but en incurvant sa course pour mieux la redresser au moment de servir après avoir gardé le ballon 4 secondes et 62 centièmes. 

À ce moment-là, l'ailier français peut fort bien taper en touche et rien ne lui sera reproché. Mais il veut par avance se faire pardonner sa (future) faute de défense sur Underwood. Il y réussit magnifiquement en réussissant un service parfait pour Sella, lancé comme une bombe. Les Anglais commencent à s'inquiéter... Lafond n'a gardé le ballon que 1 seconde et 46 centièmes, mais sa passe au cordeau rend le mouvement véritablement dangereux.

À son tour, Sella va fournir un fabuleux travail de fixation en rentrant vers la défense anglaiser pour arrêter Probyn et ménager ainsi à Camberabero (avec qui il croise) un couloir à exploiter. Sella a tenu le ballon 3 minutes et 37 centièmes « Cambé » est sur orbite...

En 4 secondes et 92 centièmes, Didier va finir de se faire un... prénom : double passe au pied, la première pour lui (comme à La Voulte) par dessus Underwood, la deuxième vers le centre du terrain pour éviter le retour de Carling. 

Pendant 3 secondes et 56 centièmes, tout un peuple va retenir son souffle, tout un autre sentir son cœur se lever au fur et à mesure que le ballon va rejoindre Saint-André qui, fort intelligemment, a ralenti sa course.

Pour une fois, le ballon anglais n'a pas trahi la France et le dernier rebond remonte sur la poitrine de Saint-André qui démarre à fond, échappant ainsi au plongeon désespéré de Guscott. Le « temple » du rugby apprécie et applaudit à tout rompre. Une demi-douzaine de français viennent d'entrer dans la légende. Et pourtant, Saint-André n'a touché le ballon qu'1 seconde et 93 centièmes. Une éternité.

Illustration parfaite du « French Flair » si redouté des Britanniques, cet essai d'anthologie récompense à la fois la technique individuelle (passes, jeu au pied) et la volonté commune de construction en réponse au placement défectueux d'un adversaire qui, ne croyant pas à la réussite d'une relance aussi lointaine, a relâché son tissu défensif. À mettre en exergue plus particulièrement, le jeu sans ballon de chacun des acteurs qui ont su anticiper leur propre course sur celle de leur partenaire. À cette vitesse-là, dans ces conditions-là, c'est à la fois prodigieux et si émouvant...

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