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Marchand : « Être une éclaircie dans la vie de nos supporters »

  • Julien Marchand (France), à l'entraînement. Julien Marchand (France), à l'entraînement.
    Julien Marchand (France), à l'entraînement. Icon Sport
  • Julien Marchand, talonneur du XV de France. Julien Marchand, talonneur du XV de France.
    Julien Marchand, talonneur du XV de France.
Publié le Mis à jour
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Le Toulousain a pris le temps de se livrer longuement, de faire le bilan de la première semaine de stage des Bleus. Mais aussi d'évoquer son rôle au sein de cette équipe et au Stade Toulousain. 

Comment s’est passée la première semaine de stage, passée à Nice ?

Très bien, nous avons eu deux journées avec de gros entraînements. La semaine était chargée sur tous les plans : nous avons beaucoup travaillé sur le terrain mais aussi en salle. Il fallait que l’on ingurgite pas mal d’informations. L’ambiance était bonne, j’ai senti que le groupe était heureux de se retrouver, de passer du temps ensemble. Nous étions dans notre bulle.

Etes-vous soulagé de pouvoir participer au Tournoi des 6 Nations, compte tenu de la situation sanitaire en Europe ?

Effectivement. Nous savons que nous sommes privilégiés, nous pouvons vivre presque normalement. Heureux de pouvoir démarrer un nouveau Tournoi des 6 Nations. On espère que la compétition pourra aller jusqu’au bout et que nous serons une belle éclaircie dans la vie de nos supporters.

Comme les autres joueurs toulousains du groupe,vous avez dû passer une semaine un peu particulière avec la crainte d’être positif à la Covid-19...

Nous avons été isolés au début de la semaine, le temps d’être rassurés par les tests. Il y avait une part d’inquiétude et même de la crainte parce qu’on pouvait être écartés de l’aventure à cause de ce virus. On a appris en début de semaine qu’un ou deux joueurs de la rencontre Agen - Toulouse étaient concernés. Personnellement, je n’avais pas envie de repartir chez moi... Les choses semblent être favorables et j’espère passer entre les gouttes jusqu’au bout. En tout cas, je prends un maximum de précaution. à Nice, nous avons la chance d’être dans une véritable bulle : tous les joueurs se désinfectent, le personnel de l’hôtel se met en quatre... Le cadre est bien défini, c’est carré et très cadré. Nous n’avons aucun contact avec l’extérieur ; c’est dommage mais on doit passer par là.

Faut-il être ambitieux pour cette équipe de France lors de ce Tournoi des 6 Nations 2021 ?

Bien évidemment ! Quand tu t’entraînes, que tu portes ce maillot, c’est pour porter haut les couleurs et pour donner le meilleur de toi-même. Après, il faut rester humble et être toujours mesuré dans tes propos ; les équipes adverses sont quand même pas mal non plus. À nous, donc, de bien construire nos matchs pour espérer vivre quelque chose de beau à la fin...

Et ce même si on a coutume de dire qu’en année impaire il est plus dur pour l’équipe de France de réussir son Tournoi, avec trois déplacements ?

Que ce soit une année paire ou impaire m’importe peu. À nous d’essayer de gagner le maximum de matchs, c’est tout

Qu’est-ce que représente pour vous le Tournoi des 6 Nations ?

Quand j’étais gamin, je le regardais à la télévision. Je n’ai pas eu la chance d’aller voir un match au stade. J’avais des étoiles plein les yeux, de l’admiration pour ces équipes de France. C’était aussi l’occasion de se retrouver en famille, avec des copains autour d’un écran de télé pour regarder un match ; on passait un bon moment et c’était sympa.

La Coupe du monde vous fait-elle plus rêver ?

Non, chaque format est différent. Pour le moment, je n’ai pas eu la chance de participer à une Coupe du monde et j’aspire à le faire. Le Tournoi est vraiment quelque chose à part, une spécificité de notre sport. Je le répète, je n’ai pas eu la chance d’aller voir des matchs en tribunes, mais je revois l’image de Twickenham plein à craquer pour un Angleterre - France ; ça me filait des frissons. Quand j’étais plus petit, j’écoutais mes parents ou les amis qui venaient voir les matchs à la télé : ils racontaient l’expérience d’une rencontre vécue là-bas, à Londres, Edimbourg, Cardiff ou Dublin. Cela me paraissait extraordinaire, fantastique !

Est-ce que les hymnes représentent un moment fort ?

J’essaye toujours de rester concentré sur mon match, tout en profitant de ces intants. C’est un vrai moment de bonheur et de plaisir. Pouvoir chanter la Marseillaise, notamment avec des copains de longue date présents à mes côtés, c’est vraiment une chance. J’en ai conscience, j’en profite et cela me donne une force supplémentaire.

Je connais les difficultés de la responsabilité de capitaine, alors je me dois d’être à son écoute et surtout pas l’inverse. Charles m’inspire aussi dans ma mission à Toulouse, car il fait les choses très bien. C’est très enrichissant.

Est-ce toujours vrais lors de ces matchs à huis clos, disputés dans des stades vides ?

Que ce soit dans les sélections de jeunes ou l’an passé pour les matchs disputés avec les Bleus, je cherchais à trouver mon père ou ma mère dans les tribunes, pour un échange de regard... Il a fallu s’adapter et, cet l’automne, j’ai pensé à eux à ce moment-là.

Qu’est-ce que cela change de jouer dans des stades vides ?

Tu t’entends beaucoup mieux sur le terrain quand tu parles à tes coéquipiers, c’est indéniable. On a pris cette habitude mais pour tout vous dire, j’aimerais qu’elle disparaisse rapidement. C’est tellement bien de jouer dans un stade plein à craquer. J’aime sentir cette pression que te met le public à l’extérieur. Cela me motive.

Quel est votre rôle dans le groupe France ? êtes-vous un des lieutenants ou relais de Charles Ollivon ?

Chacun tente d’apporter son soutien à Charles. Personnellement, je cherche à ne pas discuter quand il annonce quelque chose, je ne veux pas polluer son propos. Il nous faut d’abord l’écouter, car c’est quelqu’un qui prend beaucoup sur lui et qui trouve rapidement les mots justes. Charles arrive à faire passer les messages d’un mot, d’un trait. On peut aussi compter sur Gaël Fickou, qui apporte de par son expérience et sur sa vision en défense. Personnellement, je suis au service du capitaine et de toute l’équipe.

Le fait d’être capitaine du Stade toulousain vous aide-t-il, notamment pour éviter la cacophonie ?

C’est exactement cela. Je connais les difficultés de la responsabilité qui pèse sur les épaules du capitaine alors je fais tout pour être à son écoute, et surtout pas l’inverse. Charles m’inspire aussi dans ma mission à Toulouse car il fait les choses très bien. C’est franchement enrichissant.

Êtes-vous conscient, collectivement, que cette année on attend que le XV de France obtienne forcément de bons résultats ? Un titre ?

On sait très bien que l’équipe va être plus attendue que ce soit par nos adversaires et même au niveau de nos supporters ; c’est tout à fait normal. à l’intérieur du groupe, il ne faut surtout pas s’emballer. Nous devons continuer à être les plus rigoureux et sérieux possible.  La vérité se trouvera dans nos performances sur le terrain. On va tout faire pour gagner, et ainsi apporter de la joie à nos supporters.

Il y a une très forte concurrence à votre poste au talonnage. Comment l’appréhendez-vous ?

Je crois qu’avec Camille Chat et Pierre Bourgarit, nous la vivons en bonne intelligence. Avec Camille, on se connaît et on se côtoie depuis les équipes de jeunes. On s’apprécie, il n’y a pas de soucis entre nous. Avec Pierre, nous avons appris à nous connaître d’abord avec les Barbarians français puis en équipe de France. La concurrence fait partie du jeu, et elle tire tout le monde vers le haut. Après, bien sûr que chacun d’entre nous a envie de jouer. Mais le plus important, c’est toujours le collectif.

Est-ce que le fait d’évoluer à un poste de la première ligne facilite-t-il la chose ? Car vous êtes quasiment certains d’entrer en jeu si vous êtes sur la feuille de match ?

C’est sûr qu’en tant que talonneur, tu as plus de chance de rentrer sur le terrain quand tu es remplaçant que si tu évolues derrière ! (rires) Tu sais que tu vas rentrer, donc c’est plus sympa.

En club, l’un de vos concurrents est votre jeune frère, Guillaume. Comment cela se passe avec lui ?

Nous sommes très fusionnels donc il n’y a pas un jour sans que l’on s’appelle ou que l’on échange par texto. On est très heureux d’être ensemble au Stade toulousain : c’était notre objectif. On se régale, surtout quand l’un remplace l’autre. C’est une vraie fierté de pouvoir évoluer au quotidien avec son petit frère. Voilà, c’est notre relation privilégiée, notre histoire commune. Même en ce moment, alors que je suis avec les Bleus, on continue à communiquer tous les jours.

Et vous discutez encore du rugby ?

Oui, c’est notre passion. On échange des points de vue, des petits conseils. Mais bon, une fois que la journée est passée, quand on se retrouve le soir, on n’en parle pas forcément ou du moins pas constamment. Vous savez, nous avons quand même des rapports classiques de frère à frère.

Comment faites-vous pour être le capitaine de Toulouse ? Un club qui compte de nombreux joueurs expérimentés comme Kaino, Médard, Huget…

Le plus naturellement possible. Je ne suis pas chef ou dépositaire d’une autorité. Il n’y a pas de dictateur au club. Quand le staff m’a confié le brassard, beaucoup de mes coéquipiers m’ont aidé, notamment Jérôme Kaino ou Maxime Médard qui sont des personnes très importantes dans notre vestiaire. Je comprends que les gens puissent être surpris de par ma jeunesse, mais il faut dire, et c’est très vrai en club, qu’il n’y a pas que le capitaine qui a le droit au chapitre ou qui parle dans un groupe. Je suis encore jeune et beaucoup à apprendre. Pour en revenir à Jérôme, j’ai énormément apprécié le fait qu’il m’accorde le fait de partager la remise du Bouclier de Brennus en 2019. Et j’espère qu’une chose, pouvoir lui rendre la pareille un jour prochain, si jamais je rejoue une finale.

Le Stade toulousain semble irrésistible en ce moment. Est-ce un atout pour les Bleus ?

Quand tu enchaînes les victoires au fil des matchs, tes semaines de travail sont beaucoup plus sympas et même faciles. Tu prends du plaisir dans ce que tu fais, tu rentres dans un cercle vertueux. C’est ce qui nous arrive au Stade, pour l’instant. On cherche à le faire perdurer. Chez les Bleus, mentalement tu te sens bien car tu laisses une équipe de club qui tourne, donc tu peux te concentrer à 100 % pour le XV de France.

Quels ont été les mots de Fabien Galthié, cette semaine ?

Il nous a demandé de nous concentrer sur le travail de la première semaine, d’aller chercher le maximum d’informations, de nous remémorer tous les systèmes. Nous avons pas mal travaillé individuellement en vidéo, afin que ce lundi tout le monde soit focus sur l’Italie, avec les idées claires sur toutes les combinaisons et lancements de jeu. Cette semaine de transition ne fait pas de mal...

Que connaissez-vous de l’Italie et de son rugby ?

Je suis allé à Rome avec l’école quand j’étais petit mais je vais  découvrir cette ville. Sportivement la sélection italienne est une équipe à ne surtout pas prendre à la légère. Il nous faut la respecter si l’on veut bien rentrer dans la compétition. Cela fait quelques années, que les Italiens connaissent des résultats difficiles dans le Tournoi des 6 Nations, mais ils ne lâchent jamais un match. Et puis, ils ont une belle conquête. Alors méfiance...

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