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« Les Français seront favoris en 2023 » : Steve Hansen, Michael Cheika et Robbie Deans jugent les Bleus

  • « Les Français seront favoris en 2023 » : Steve Hansen, Michael Cheika et Robbie Deans jugent les Bleus
    « Les Français seront favoris en 2023 » : Steve Hansen, Michael Cheika et Robbie Deans jugent les Bleus
Publié le Mis à jour
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Un an après la prise en mains de Fabien Galthié, le XV de France s'est construit une identité de jeu efficace et identifiée de tous. Beaucoup de jeu au pied de pression, une défense stressante pour l'adversaire et une capacité à marquer vite, en se faisant peu de passes. Une génétique que décryptent, pour Midi Olympique, trois monstres de la scène mondial : Steve Hansen, Michael Cheika et Robbie Deans.

Cheika : « Les Français seront favoris en 2023 »

Vous avez visionné, pour nous, les derniers matchs du XV de France. Qu’en avez-vous pensé ?

De l’extérieur, on sent bien le mélange entre les philosophies de Shaun Edwards et de Laurent Labit. En défense, il y a une organisation, une agressivité surtout et qui n’existait pas jusqu’alors : les Tricolores enchaînent les plaquages positifs. En attaque, je reconnais bien la personnalité de Laurent Labit. Chez lui, l’alternance entre le jeu au pied et l’attaque balle en mains a toujours été très équilibrée. Sur le terrain (ils ont joué ensemble au Castres olympique, dans les années 90, N.D.L.R.), Laurent avait toujours un très bon timing et on le retrouve chez ses joueurs.

L’équipe de France joue beaucoup au pied. Pour quelle raison ?

Je me suis penché sur le dernier France-Angleterre. Ce jour-là, les Français ont tapé sept coups de pied de plus que leurs adversaires. (il marque une pause) 55 coups de pied contre 48, si j’ai bien noté. Mais l’utilisation chez les Français était très différente de celle de leurs adversaires puisque Matthieu Jalibert, Brice Dulin ou Baptiste Couilloud ne cherchaient jamais la touche, contrairement à Owen Farrell ou George Ford.

Dès lors ?

Le XV de France utilise le pied comme une arme offensive. L’Angleterre est une équipe qui cherche à enfermer son adversaire dans un jeu hyperstructuré. Les Français se sont servis du pied pour bouger la ligne de défense, mettre le bazar dans le XV de la Rose et se servir ensuite de ce chaos pour s’y épanouir, via des ballons de récupération. Les Tricolores sont très à l’aise sur les turnovers et ce jour-là, ils ont su imposer leur tactique à l’adversaire. Je ne constatais pas, ou très peu, cette donnée stratégique dans cette équipe, auparavant.

On vous suit...

Le jeu au pied des Français n’est pas anodin. Contre l’Angleterre, Matthieu Jalibert et Brice Dulin ont beaucoup alterné pour donner à Eliott Daly (l’arrière anglais) le moins d’espace possible sur les relances. Ils l’ont bloqué à un endroit du terrain où il ne pouvait ni utiliser son long pied droit, ni retrouver ses ailiers.

Qui sont les joueurs clés du système français ?

Le demi de mêlée. Je ne parle pas seulement d’Antoine Dupont, puisque les joueurs qui le remplacent (Baptiste Serin ou Baptiste Couilloud) possèdent eux aussi un jeu au pied d’occupation très long. Mathieu Jalibert et Romain Ntamack, aussi. Mais en relançant Brice Dulin à l’arrière, le staff des Bleus s’est surtout doté du gaucher qui leur manquait, pour tirer profit au maximum de leur stratégie.

La France peut-elle battre les All Blacks, en 2023 ?

On ne peut rien dire d’intelligent sur un match censé se dérouler dans deux ans et demi... Mais en regardant l’équipe de France et sa progression, depuis l’arrivée de Fabien Galthié, je dis simplement que les Français seront favoris du Mondial 2023.

Hansen : « Ces mecs jouent sans peur »

Consultant pour un club de XIII australien et une franchise japonaise, le coach le plus titré de l’histoire (deux coupes du monde et six Rugby Championship) décrypte les Bleus.

« L’équipe de France a changé du tout au tout, depuis un an : elle est agressive, dangereuse, assise sur un vrai projet de jeu et surtout portée par une énergie incroyable, l’énergie d’une nouvelle génération vraiment très douée. Ces mecs semblent jouer sans la moindre peur : ils ont du flair, se jettent sur tous les ballons de récupération pour en faire quelque chose de spécial et, de façon générale, sont guidés par une charnière (Antoine Dupont et Romain Ntamack) qui m’a beaucoup impressionné ces derniers mois […] L’ensemble a du sens et, même si le rugby moderne peut parfois être ennuyeux parce qu’il recourt beaucoup au jeu au pied, les Français l’utilisent de façon intelligente. Les défenses se sont encore resserrées depuis le dernier Mondial et les équipes qui gagnent sont obligées de déplacer les blocs défensifs par du jeu au pied avant de lancer des attaques. C’est le cycle qui veut ça. Il y en aura d’autres, probablement plus ouverts. […] J’ai dernièrement constaté que la France et la Nouvelle-Zélande seraient dans la même poule, lors de la Coupe du monde 2023. Quel que soit le résultat de ce match, je crois qu’il n’aura pas de répercussion majeure sur la suite de l’épreuve : au Japon, nous avons battu les Springboks en phase préliminaire (23-13) et ils ont fini champions du monde ; en 2011, nous avions facilement battu les Français en poule (37-17) et deux semaines plus tard, ils nous avaient fait très peur en finale. En clair, il ne faut pas accorder à ce match plus d’importance qu’il n’en mérite vraiment. »

Deans : « La France possède quelques uns des meilleurs du monde »

Le coach des Panasonic Wildknights, le club champion du Japon, fort de quatre Super Rugby avec les Crusaders et d’un solide mandat à la tête des Wallabies, de 2007 à 2012, juge pour nous le profil de l’équipe de France...

« C’est une période très excitante pour le rugby français. Celui-ci récolte les fruits d’un travail de fonds entrepris il y a quelques années : les joueurs français ne sont plus barrés à des postes clés par des étrangers et, comme on pouvait s’y attendre, le visage de l’équipe de France a changé du tout au tout. […] Je vois un autre facteur à la récente éclosion du XV de France. Je l’appelle le « facteur H » comme « Histoire » : en 2023, la Coupe du monde aura lieu sur le sol français et les Bleus ont visiblement intégré cette donnée. Ils se préparent à la gagner et seront prêts, je n’en doute pas. Regardez ce qu’ont fait les Japonais en 2019 : on les donnait largués et ils se sont pourtant logiquement qualifiés pour les quarts de finale de la compétition. L’histoire a le pouvoir de transcender les hommes. Reste à savoir si ceux-ci sauront absorber la pression populaire inhérente à un tel événement. Cela avait été difficile, me semble-t-il, en 2007… […] Quoi qu’il en soit, la France peut désormais battre n’importe qui et Fabien Galthié possède un réservoir que ses prédécesseurs n’avaient pas. Lorsque l’on aborde une Coupe du monde, il faut se poser la question suivante : « Combien de mes joueurs auraient-ils leur place dans un XV mondial, s’il en existait un ? » Je réponds qu’avec Antoine Dupont, Grégory Alldritt, Virimi Vakatawa ou Cyril Baille, l’équipe de France possède quelques uns des meilleurs joueurs du monde à leur poste… »

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