Hueber : « Il y a toujours eu du chambrage verbal mais taper sur la tête, c’est limite humiliant »

  • Aubin Hueber.
    Aubin Hueber. Icon Sport
Publié le Mis à jour
Partager :

L’ancien demi de mêlée international et maintenant entraîneur de l’équipe de France des moins de 18 ans, Aubin Hueber, s’est ému du comportement de Matthieu Jalibert. il explique pourquoi et parle d’éducation.

Comme d’autres anciens internationaux, vous avez réagi sur Twitter à la provocation de Matthieu Jalibert, vendredi soir, à Castres, en fin de match. Quel a été votre sentiment, sur le coup ?

Je trouve que le fait de taper sur la tête ainsi, c’est limite humiliant. Du chambrage, il y en a toujours eu dans le rugby mais avant, c’était verbal. Du genre, on remerciait un adversaire quand il faisait un en-avant ou quand il concédait une pénalité. Mais ça n’allait pas aussi loin. Ce genre de provocation est un manque de respect. Point.

On a l’impression que ces agissements sont de plus en plus fréquents. Comment l’expliquez-vous ?

Ce sont de nouvelles mœurs. Ce genre d’attitudes vient, à mon sens, de l’hémisphère Sud où le branchage est monnaie courante et où les joueurs ont pour habitude d’être plus démonstratifs. Je ne veux pas jouer aux vieux cons mais je ne pense pas qu’à l’époque des Diaz et Champ quelqu’un se serait permis de tels gestes. Ce serait parti en vrille et il aurait fini avec une droite dans le nez. Là, c’est presque trop simple : le joueur sait qu’il ne risque pas grand-chose, avec la vidéo qui filme tout.

Thomas Combezou s’est plaint, au coup de sifflet final, de l’arbitrage contre Rory Kockott, réputé pour sa propension à trop l’ouvrir. Est-ce une autre évolution des mœurs ?

Personnellement, qu’un Rory Kockott n’arrête pas de parler, ça ne me pose pas de souci. à condition que ça n’empêche pas l’arbitre de faire son boulot. Il y a un juste milieu à trouver. Moi le premier, je parlais aux arbitres et quand j’avais pris deux ou trois bras-cassés, je me taisais.

Les arbitres ont-ils un rôle à jouer face à la propagation de ces débordements ?

Le corps arbitral doit être sensible à ce genre de comportements. Pourquoi ne pas faire appel à la vidéo sur ces actions, surtout quand ils engendrent une bagarre en suivant ? à mon sens, cela pourrait être sanctionné d’un bras-cassé ou d’une pénalité. ça calmerait les ardeurs... Sans parler de règle, ce n’est pas dans l’esprit de ce jeu. D’ailleurs, lors de Nouvelle-Zélande-Argentine, une pénalité a été retournée en faveur des Pumas car un All Black avait tapé sur la tête d’un de ses adversaires.

Vous qui êtes depuis plusieurs années entraîneur de sélections chez les jeunes, devez être sensible à ces questions ?

Au niveau des équipes nationales de jeunes, nous sommes effectivement très vigilants sur tout ce qui touche aux comportements des joueurs. Que ce soit lorsqu’ils marquent un essai ou en dehors avec l’utilisation des réseaux sociaux. Il y a un maillot à respecter, un sport aussi. L’éducation fait partie de la formation des jeunes. Je trouve tout de même, de manière générale, que la nouvelle génération est de plus en plus mature. Il n’y a qu’à se rappeler de la réaction de Romain Ntamack à la fin du match de Clermont (1ère journée du Top 14). Tout le monde avait vu qu’il était très énervé et s’attendait à ce qu’il "défouraille". Mais il avait gardé son calme devant les caméras. Il a été préparé et il gère.

Faut-il généraliser ce discours dans les centres de formation ?

Vous savez, nous avons dernièrement organisé, à Marcoussis un stage de rassemblement des joueurs que nous considérons comme les futurs capitaines et cadres des années à venir. Le but était justement de les sensibiliser sur l’importance de leur comportement. Il y a des choses que l’on ne veut plus voir comme les demis de mêlée qui lèvent les bras quand le ballon est dans un ruck. On peut communiquer mais sans en faire trop. Si l’on ne fait rien, ça finira par des "roulés-boulés" alors que le joueur n’est même pas touché. Il en va de l’image du rugby et du respect de ces valeurs, ce n’est pas rien.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?