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Le Racing plaide la légitime défense

  • Juan Imhoff et Teddy Baubigny (Racing 92) au plaquage sur Sébastien Bézy (Clermont)
    Juan Imhoff et Teddy Baubigny (Racing 92) au plaquage sur Sébastien Bézy (Clermont) Icon Sport - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Négociant sans trembler le statut ambigu de favoris d’un match à l’extérieur grâce à l’énorme performance de leur pack, les Racingmen se sont octroyé le droit de disputer leur demi-finale sur leur pelouse synthétique de la Paris La Défense Arena face aux Saracens, grâce à la victoire de ces derniers au Leinster. Rien de plus mérité…

Ils étaient en plein échauffement, lorsque le speaker du stade Marcel-Michelin officialisa la nouvelle de la victoire des Saracens face au Leinster. Pas vraiment une surprise pour les joueurs du Racing, qui avaient regardé ensemble la première mi-temps ensemble à leur hôtel avant de descendre à pied le boulevard de la République. Mais évidemment une bonne nouvelle, qui fit naître quelques sourires sur des visages qui arboraient jusqu’alors le sacro-saint "masque", et on ne parle pas ici de l’outil chirurgical. "Les joueurs savaient, mais on n’a pas voulu aborder ce sujet dans notre avant-match pour ne pas leur imposer de pression supplémentaire, racontait le manager francilien Laurent Travers. Ce n’est qu’à la mi-temps que nous en avons ouvertement parlé, en leur disant que s’ils le méritaient, ils pouvaient gagner le droit d’offrir quelque chose d’exceptionnel à notre club et à nos supporters." "ça nous a donné un supplément d’âme, c’est certain", souriait le troisième ligne Fabien Sanconnie, quand bien même Teddy Iribaren relativisait cette donnée. "Cela aurait peut-être été un plus gros challenge encore de se déplacer au Leinster mais vous savez, affronter le Leinster ou les Saracens, que ce soit à domicile ou à l’extérieur, c’est un peu comme choisir entre la peste et le choléra."

Sur la terre comme au ciel

Le capitaine d’un jour n’avait pas eu le mauvais le mauvais goût de mentionner la covid-19, et pour cause… Car le coronavirus de l’Europe du rugby, en l’espèce, c’est peut-être bien ce Racing 92 programmé depuis de longues années pour ce titre, qui ne s’annonce bon à prendre pour personne. La démonstration de force affichée à Clermont en fait foi où, dans le sillage d’un pack d’airain, les Franciliens n’ont laissé aucun espoir à leurs adversaires. "On savait qu’au vu de leurs dernières fins de match, les Clermontois pouvaient se poser des questions si on les collait au score, confirmait Fabien Sanconnie. Ce qu’on voulait, c’était les faire douter en leur imposant un gros combat devant." Et leur volonté fut faite, sur la terre comme au ciel… Sur la terre ? C’est bien évidemment dans les zones de ruck que les Racingmen ont, comme attendu, fait le plus gros du boulot, en pourrissant un nombre incalculable de ballons grâce aux gros bras des Chat, Ben Arous, Le Roux et autres Lauret. Une mainmise dans les mêlées spontanées qui s’est par la suite propagée au combat en mêlée fermée, le plan des Jaunards qui consistait à cibler le jeune Georges-Henri Colombe se heurtant aux larges épaules de ce dernier, bien épaule dans son dos par Dominic Bird et au sifflet par M. Poite, impitoyable vis-à-vis d’Etienne Falgoux lorsque celui-ci se glissait quelque peu en travers. Quant au ciel, nous direz-vous ? On fait bien évidemment référence à la domination des Ciel et Blanc dans tous les secteurs du jeu aérien. De la touche, évidemment, où la redoutable organisation en "miroir" des Franciliens perturba totalement l’alignement auvergnat sur plusieurs pénaltouches importantes. Mais aussi des renvois, où l’excellente occupation du terrain de la bande à Travers musela totalement les Clermontois, Le Roux d’un côté et Sanconnie de l’autre captant tous les ballons au nez et à la barbe d’Arthur Iturria et Damian Penaud, pourtant redoutables dans l’exercice. Cela à tel point qu’un renvoi de Lopez faillit se retourner contre les siens, seul un en-avant aussi infime que discutable de Le Roux (décelé par Romain Pointe sur arbitrage vidéo, juste avant que Penaud rabatte le ballon dans les mains de Vakatawa) invalidant un essai d’Imhoff qui aurait pu tuer le match plus tôt…

Iribaren : "On est beaucoup plus fortsmentalement"

Le plus fort, dans l’histoire ? Il est qu’on ressort de cette partie avec le sentiment que tout ce que pouvaient tenter les Auvergnats devait se retourner contre eux, à l’image du premier essai inscrit par Dupichot aux confins de la 2e minute. Les Clermontois avaient bien travaillé leur défense des ballons portés, où leurs adversaires devaient les tester ? C’est Camille Chat qui s’en extrayait, pour mieux dégonder la charnière Parra-Lopez. Les Jaunards avaient décidé de ne pas laisser le moindre espace à Vakatawa, en défendant à deux sur lui ? Cela ne faisait qu’ouvrir des espaces, une simple sautée de Russell pour Zebo ouvrant un intervalle majeur au grand large. Et il en fut ainsi, peu ou prou, durant toute la partie…

Alors, ce Racing a-t-il désormais l’étoffe d’un champion d’Europe en puissance, ainsi qu’il y semble désormais destiné ? Laurent Travers ne le dira jamais, qui préférait "mettre l’accent sur ce qui n’a pas marché", à l’image "d’une certaine nervosité et d’un peu d’indiscipline qui auraient pu coûter beaucoup plus cher." Reste que l’on ne peut que respecter la copie rendue samedi par les Ciel et Blanc, capables de faire peser un danger constant sur leurs adversaires que ce soit en attaque ou en défense, tout en réussissant le tour de force de ne jamais s’exposer, ni s’affoler. "Je crois que c’est la grande différence avec les dernières saisons, soufflait le demi de mêlée Teddy Iribaren. On est beaucoup plus fort mentalement, on veut aller chercher ce titre de champion d’Europe après lequel on court depuis si longtemps." La perspective de mettre un terme au règne des Saracens, bourreaux du Racing en quarts de finale en 2015, puis en finale en 2016, ajoutant une dimension symbolique à l’événement que le demi de mêlée raffûtait pourtant, soucieux de ne pas s’aventurer sur ce terrain glissant. "Notre passif face aux Saracens, honnêtement, on s’en fout, ça ne nous ferait pas plus plaisir de battre les Saracens ou le Leinster. Nous, ce dont on se préoccupe, c’est de nous, et ce qu’on veut c’est être champion d’Europe. Peu importe qui on doit battre. On a déjà perdu deux finales, on se dit que la troisième doit être la nôtre." Ne reste désormais plus qu’à y accéder, après avoir légitimement gagné le droit de disputer cette avant-dernière étape sur la pelouse si bien nommée de la Défense…

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