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Guazzini : « Ce que j'ai connu au stade francais, je ne pourrai pas le connaître ailleurs »

  • Pour l’anniversaire des vingt ans du titre du Stade français, l’ancien président du club parisien  Max Guazzini livre quelques anecdotes marquantes sur cette période.
    Pour l’anniversaire des vingt ans du titre du Stade français, l’ancien président du club parisien Max Guazzini livre quelques anecdotes marquantes sur cette période. MIDI-OLYMPIQUE - GARCIA BERNARD
  • Pour l’anniversaire des vingt ans du titre du Stade français, l’ancien président du club parisien  Max Guazzini livre quelques anecdotes marquantes sur cette période.
    Pour l’anniversaire des vingt ans du titre du Stade français, l’ancien président du club parisien Max Guazzini livre quelques anecdotes marquantes sur cette période. MIDI-OLYMPIQUE - PATRICK DEREWIANY
  • Pour l’anniversaire des vingt ans du titre du Stade français, l’ancien président du club parisien  Max Guazzini livre quelques anecdotes marquantes sur cette période. Pour l’anniversaire des vingt ans du titre du Stade français, l’ancien président du club parisien  Max Guazzini livre quelques anecdotes marquantes sur cette période.
    Pour l’anniversaire des vingt ans du titre du Stade français, l’ancien président du club parisien Max Guazzini livre quelques anecdotes marquantes sur cette période. Icon Sport - Nicolas Guyonnet
Publié le Mis à jour
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Il y a 20 ans, le 15 juillet 2000, Paris était sacré champion de France face à Colomiers. À contre-courant des codes régissant jusque-là le rugby français, le Stade français de cette fin de siècle avait pour lui l’avantage de nourrir tous les fantasmes. Un pilier braqueur de banques, un international trop confiant quant au legs de Dame Nature, une autogestion épique, un président rançonné par des gitans évangéliques et une fin de règne digne d’un mauvais polar : pour nous, Max Guazzini revient sur les coulisses d’une époque bénie, une parenthèse qu’il termina néanmoins au bord du précipice…

Un an avant d’être sacré au Stade de France au printemps 2000, vous apprenez que votre entraîneur Bernard Laporte s’apprête à rejoindre le staff des Bleus. Comment avez-vous réagi, sur le coup ?

Ce genre de choses serait inimaginable aujourd’hui, disons-le… J’étais très en colère. On m’a pris mon entraîneur en cours de saison, au mois de novembre et en me disant : "T’as deux mois pour en trouver un autre !"

C’est tout ?

Moi, je ne voyais personne qui ait la carrure pour remplacer Bernard. Sans lui, on n’était rien. Bernard Lapasset, qui était à l’époque le président de la FFR, m’a alors dit : "Prends Georges Coste, il a entraîné l’Italie." Je lui ai répondu, furax : "Mais t’as qu’à le prendre, toi ! Et me laisser le mien !"

Vous avez finalement pris Georges Coste...

Oui. Il était bon mais ne correspondait pas à ce groupe de joueurs du Stade français. Au rugby comme ailleurs, il faut la bonne clé dans la bonne serrure.

Que s’est-il passé, au juste ?

Un matin, Bernard Laporte m’appelle et me dit : "J’ai parlé à Pieter de Villiers. Ça se passe très mal avec Georges Coste. Ils vont te demander sa tête." Derrière ça, les joueurs ont organisé un vote à main levée, au cours duquel seul Marc Lièvremont, dont Costes avait été l’éducateur, ne s’est pas prononcé en faveur de son éviction.

Comment avez-vous réagi ?

J’étais furieux ! Je leur ai dit après le vote : "Vous vous démerdez jusqu’à la fin de saison, je ne veux rien savoir !" On a donc fini en autogestion.

Où a-t-elle démarré ?

Le premier match, c’était à Aurillac. Fabrice Landreau et Diego Dominguez s’étaient improvisés en coachs. On a pris une branlée… C’était un cauchemar, ce déplacement… Tout le match, les supporters d’Aurillac m’ont tapé sur l’épaule en me demandant ce que je pensais de leur "petite équipe de village". Quelques mois plus tôt, "Domi" avait en effet eu la bonne idée de dire à la presse que ce championnat était nul et qu’il en avait marre de jouer contre des équipes comme Aurillac… Bon… Je vous laisse deviner dans quel état j’étais en quittant le Cantal, ce soir-là…

Et les joueurs ?

Eux ? Après le match, ils ont fait la java à La Thomasse, un hôtel du centre-ville. Ils buvaient des bouteilles de vodka de deux litres où gisait, au fond, un gros ver de terre. Je ne sais plus qui avait été contraint de l’avaler. Quoi qu’il en soit, cette branlée à Aurillac et cette fête improvisée furent le catalyseur de notre aventure : après ça, les joueurs n’ont plus perdu aucun match.

Cette année-là, vous aviez battu le Stade toulousain en demi-finale. Dans quelles circonstances ?

Ce match se déroulait à Béziers. On perdait de plus de dix points. Mes parents avaient du retard au stade et, sur la route, m’ont appelé. J’ai dit à mon père : "Ne venez pas, on est en train de prendre une rouste." Et puis, allez s3avoir pourquoi, nos gars se sont réveillés et passé trente points aux Toulousains (30-13). Je crois que nos adversaires nous avaient pris un peu de haut, ce jour-là : à l’échauffement, les mecs étaient décontractés, portaient tous un walkman… Ça se sentait, quoi…

Vous souvenez-vous du match qui suivit, c’est à dire la finale du championnat jouée le 15 juillet 2000 ?

Évidemment. La finale avait été retardée par ma faute.

Pour quelle raison ?

J’avais huit joueurs en équipe de France, Diego Dominguez avec l’Italie et on ne prenait que des gamelles. J’ai donc décidé de stopper le championnat.

Comment avez-vous fait ?

J’ai retrouvé un alinéa dans les statuts de la fédération. Celui-ci disait que lorsqu’une équipe avait deux joueurs retenus en sélection, elle pouvait discuter du renvoi du match. J’ai fait jouer ça, le championnat s’est arrêté et c’est la raison pour laquelle la finale a été décalée au mois de juillet. Fabien Galthié, alors à Colomiers, m’a même appelé en apprenant ce que j’avais fait. Il était remonté et me disait que j’avais faussé le championnat. Je vous laisse imaginer que cet alinéa a rapidement disparu des statuts…

En finale au Stade de France, vous avez retrouvé face à vous Patrick Tabacco, qui deviendrait quelques mois plus tard votre flanker…

Oui. Un numéro, celui-là ! Il m’avait appelé quelques semaines plus tôt, alors que j’étais en plein match à Jean-Bouin. En tribunes, je décroche et il me dit : "Bonjour, c’est Patrick Tabacco". Je lui demande aussitôt comment a-t-il eu mon numéro. Il ne répond pas, me demande s’il me dérange. Je lui rétorque : "Oui ! Je suis en plein match !" Là, il conclut : "Je sais, je regarde à la télé et j’ai vu que mon idole Hélène Segara (une chanteuse) était assise à côté de vous. Vous pouvez me la passer ?" J’étais estomaqué mais ça m’a amusé. Je lui ai passé Hélène, ils ont discuté.

Et puis ?

Quelques jours plus tard, Patrick m’a rappelé pour me remercier. Je lui ai alors demandé ce qu’il faisait la saison prochaine. Il m’a dit : "Je signe chez toi si tu me fais rencontrer Hélène Segara". Le lendemain, il était à Paris et je lui ai effectivement permis de passer quelques instants avec Hélène…

Revenons au match face à Colomiers. Comment se déroula-t-il ?

Je me souviens de cette rencontre comme de la finale la plus difficile, la plus âpre qu’il nous ait été donné de disputer. Et ce match, on le gagne sur l’entrée en jeu d’un pilier nommé Justin Wring. C’était un Anglais qui avait joué avec Fabrice Landreau, à Neath. Sans lui et sa force en mêlée, on aurait perdu le match.

Oui, on s’en souvient…

Wring… Je l’ai toujours sur Facebook… Son histoire valait aussi le détour.

Ah oui ?

Un soir, lors d’un dîner, notre flanker Richard Pool-Jones me dit au sujet de Justin. "Tu sais qu’il a été l’invité de la reine ?" Moi qui ai l’esprit mal tourné, je pense aussitôt que notre pilier a partagé quelques moments privilégiés avec la Reine Elizabeth. Mais lorsque je lui dis ça, Richard explose de rire et me dit que cette expression signifie simplement qu’une personne a réalisé un séjour en prison, aux frais de la reine.

Pour quel motif Wring avait-il été incarcéré ?

Justin avait braqué un bureau de poste. La traque n’avait pas duré longtemps, il avait oublié sa carte d’identité sur les lieux du crime… Le casse du siècle, quoi !

Bernard Laporte était-il oui ou non votre entraîneur, au printemps 2000, après le départ de Costes ?

Pour tout dire, Bernard nous a aidés quatre ou cinq fois, à l’époque où il était le sélectionneur des Bleus. Quand il était disponible, on se rendait sur le petit stade de Bièvres (Essonne) pour semer les journalistes. Ce terrain appartenait alors au ministère de l’Intérieur, le Raid y faisait des stages. Mais le secret n’est pas resté enfoui bien longtemps : un jour, une garnison de CRS a reconnu Bernard et l’information s’est propagée comme une traînée de poudre.

Est-ce peu après ce titre juillet 2000 que vous avez lancé le calendrier des Dieux du Stade ?

Oui. J’avais entendu parler du fameux calendrier Pirelli et je me suis dit : " Pourquoi ne ferait-on pas pareil ? Pourquoi ne poserait-on pas à poil ?" On l’a fait, on s’est beaucoup amusé mais, au départ, personne ne voulait distribuer le bouquin. Après plusieurs échecs, une boîte a finalement accepté de prendre le risque.

Et alors ?

La diffusion a dépassé toutes nos espérances. On a explosé les chiffres. Au fil des ans, le calendrier est même devenu une source de financement du club. Un temps, même le président de la fédé m’en commandait !

Comment castiez-vous les joueurs ?

Il y avait des candidatures spontanées, les joueurs que l’on avait déjà au club, ceux qu’on allait chercher… Des refus, on n’en a pas eu beaucoup. Mais n’oubliez pas que les modèles étaient tous rémunérés !

Avez-vous parfois refusé des candidats ?

Oui. Quelqu’un qui se pointe sans abdominaux, je dis non et c’est normal. À la retouche, on peut effacer un bouton, une ride, des petites choses comme ça. Mais on ne peut pas refaire en intégralité une ceinture abdominale ! Bon… Voilà, quoi… J’ai eu des candidatures spontanées où j’ai été obligé d’être dur : "T’as vu ta gueule ? Ce n’est pas possible, enfin !"

Même si vous étiez parfois dur avec vos joueurs, vous entreteniez aussi avec eux de vrais rapports d’amitié.

J’étais juste, pas dur. Mais on avait des rapports chaleureux, c’est vrai. J’ai par exemple toujours eu une relation particulière avec Christophe Dominici.

Pourquoi ?

Je me suis rendu compte qu’il était un garçon à part le jour de sa première sélection en équipe de France. Après la rencontre, il m’a appelé. Il voulait fêter ça avec moi. Quand il est arrivé à la maison, j’ai sorti des verres et une bonne bouteille. Il m’a rejoint dans la cuisine, a soulevé sa veste et m’a donné son maillot bleu.

L’avez-vous pris ?

Non ! Je lui ai dit que son premier maillot était pour lui ou pour son père, mais sûrement pas pour moi ! Il est comme ça, "Domi". Quand il aime, il donne tout. Mais des fois…

Quoi ?

Il est con !

C’est-à-dire ?

Il pouvait parier des sommes folles sur des conneries. Il avait par exemple dû me verser 20 000 francs (3 000 euros) parce qu’il m’assurait que je possédais un DVD, que je disais le contraire et que j’avais raison. Bref… Un autre jour, on fait le calendrier des Dieux du Stade avec Suzanna Coco, une personnalité très influente dans le monde de la mode. Je lui dis vouloir faire une photo avec le Bouclier. Elle ne comprend pas, me répond : "Mais c’est quoi, ce bout de bois ? C’est moche !" Finalement, on fait un shooting autour du Brennus avec Tabacco, Dominici et Lombard…

Poursuivez…

La séance a duré très longtemps, les joueurs en ont eu marre et m’ont dit : "On arrête tout si tu ne poses pas à poil avec nous". Je me suis prêté au jeu. Dominici était devant, on voyait ses attributs, pour parler poliment. Il était si fier qu’après ça, il s’est pris pour Rocco Siffredi et disait à tout le monde qu’il était le joueur le mieux loti du vestiaire. Quand j’ai entendu ça, je lui ai dit : "Je ne suis pas sûr, Domi".

Alors ?

Il a voulu parier, j’ai relevé le défi et il a une nouvelle fois perdu. S’il avait connu le surnom qu’on me donnait à l’époque, il n’aurait pas joué…

Quel était ce surnom ?

J’aurai la décence de le garder pour moi.

"Domi" a payé ?

Évidemment ! Un pari, c’est un pari ! Quand j’étais à NRJ, un animateur m’avait dit un jour : "Quelle est cette merde que tu as rentrée à la programmation, Max ?" Je lui ai répondu : "Tu paries avec moi que ça va marcher ?" C’était "Partenaire Particulier" et ça a effectivement fait un carton. Il a dû payer, lui aussi…

Ces paris fous sont-ils vos meilleurs souvenirs avec Christophe Dominici ?

Des souvenirs, il y en a tellement… Je n’oublierai jamais ce jour de 2005 où l’équipe était regroupée en stage à Bugeat, en Corrèze. Évidemment, "Domi" était arrivé en retard, dans une belle voiture de sport et en passant devant les autres, avait lancé : "Ça va les trompettes ?" Marconnet et toute la bande s’étaient alors promis de se venger.

Qu’ont-ils fait ?

Un soir, ils l’ont chopé dans sa chambre, où il visionnait un film un peu "olé olé", l’ont mis à poil et l’ont lâché dans le seul restaurant de Bugeat, qui était plein à craquer. Les gens quittaient leur table et venaient vers lui pour demander des autographes. Lui, gêné, leur disait : "Vous pourriez me donner un tablier, d’abord ?"

Il a été question que vous retrouviez Christophe Dominici dans le projet biterrois. C’est vrai ?

Archi faux ! Je n’ai qu’un club et c’est le Stade français. "Domi" ne me l’a même pas proposé, à vrai dire…

Bernard Laporte s’est récemment déclaré en vue de la présidence de la FFR. Est-il à vos yeux le favori ?

Un, je ne fais pas de politique. Deux, je ne suis pas objectif parce que Bernard (Laporte) est mon ami. En réfléchissant bien, je me dis pourtant que je ne me suis pas trop trompé sur les castings, au Stade français.

Comment ça ?

Laporte a été secrétaire d’État et président de la fédé. Qui l’aurait cru, quand il a débarqué à Paris avec son vieux survêt du Stade bordelais ? Il y a aussi eu Fabien Galthié, aujourd’hui sélectionneur des Bleus, Thomas Lombard, directeur général du club… Je me rends compte qu’il y a eu de vraies personnalités dans ce club et, pour tout vous dire, j’ai fait les calculs : treize mecs du Stade français ont déjà écrit un livre ! Dans quel club cela existe-t-il ?

Certes…

Et Stéphane Glas, où a-t-il vécu ses bonnes heures ? Lui, je l’ai intercepté alors qu’il venait de signer en Angleterre. Il s’était arrêté à Paris pour prendre son avion, on a déjeuné ensemble et il est resté là. Tous ces mecs ont beaucoup compté, dans ma vie.

Vous vous êtes présenté à la présidence de la Ligue en 2012. Regrettez-vous d’avoir été battu par Paul Goze ?

Pour être franc, non ! (rires) On m’avait en réalité poussé à me présenter, cette année-là. Cela ne s’est joué à rien. On était à égalité de voix, avec Paul. La Rochelle s’était abstenue et Béziers, qui voulait faire basculer le vote en ma faveur, n’a pas pu faire jouer sa procuration. J’ai perdu mais je n’ai aucun regret : Paul (Goze) connaît mieux les rouages institutionnels que moi, il est bon dans ce qu’il fait et, de mon côté, j’ai toujours pensé qu’il y avait trop de réunions, à la Ligue.

Il y avait pourtant eu ce sondage…

(il coupe) Oui : 84 % des joueurs professionnels sondés voulaient que je sois président de la Ligue. Mais cela n’avait aucune valeur. J’étais juste un peu plus connu que Paul Goze, voilà tout.

Quelle vision avez-vous du Stade français d’aujourd’hui ?

Thomas (Lombard) connaît le club et le rugby, je suis très content qu’il soit de retour Porte de Saint-Cloud. Thomas, je l’ai connu en 1994 dans une discothèque à Saint-Tropez. On venait de battre Monteux à Chalon, j’avais d’ailleurs reçu un coup de poing de la part d’un spectateur en tentant de m’interposer dans une bagarre. Bref… Thomas était là avec son écusson Eden Park, si typique du Racing. On a discuté et quelque temps plus tard, je signais son contrat sur le capot d’une voiture, rue Princesse.

Revenons au Stade français…

Oui ! Thomas Lombard va avoir du boulot : avant lui, le passage de Heyneke Meyer fut une catastrophe, une véritable entreprise de destruction. Ce coach voulait faire table rase du passé. Pour tout vous dire, j’étais partisan pour qu’il s’en aille et à mon petit niveau, j’ai œuvré dans ce sens-là. Meyer, j’avais déjà pensé à lui en 2010, je crois : mais à l’époque, quand je lui ai dit que Christophe Dominici serait son adjoint, il a dit non. Je lui ai répondu que s’il ne voulait pas de "Domi", je me passerais volontiers de ses services. On en était resté là.

Que faites-vous de votre vie, aujourd’hui ?

Plein de choses : je suis membre du conseil d’administration de la fondation Brigitte Bardot, je produis de la musique…

Et le rugby ?

Je ne serai plus jamais président d’un club de rugby ; ce que j’ai connu à Paris, je ne pourrai pas le connaître ailleurs.

Puisque vous parlez de l’association Bardot : vous avez remué ciel et terre voici deux ans, lorsque vous avez perdu votre chienne Holy à Capbreton. Quelle est la genèse de cette histoire ?

Cet été-là, j’avais dit à l’agent immobilier que je voulais un lieu clos de murs. Et quand je suis arrivé dans les Landes le 10 juillet, la maison n’était pourtant entourée que de grillages…

Que s’est-il passé ?

J’ai fait la connerie de laisser les chiens dehors… Il faisait chaud, vous comprenez… Holy s’est alors enfuie, a suivi une petite rivière et après ça, la traque a duré deux semaines. J’étais désespéré, anéanti. J’ai alerté la presse, collé des milliers d’affiches, remué les réseaux sociaux et un jour, en pleines fêtes de Bayonne, une voix alcoolisée m’a appelé et m’a dit : "On est des gitans évangélistes et on a vu votre chien. Si on l’attrape, vous nous donnez combien ?" On a convenu d’une somme. 1 500 euros, je crois.

C’est une demande de rançon…

Oui, j’ai été rançonné mais, au moins, Holy est toujours là. Elle est d’ailleurs à mes pieds, alors que je vous parle…

Avez-vous laissé beaucoup d’argent au Stade français ?

Oui.

Ça se chiffre ?

Non. Entre les francs et les euros, je ne serais pas suffisamment précis. Mais bon… Je sais ce que j’avais avant (le Stade français) et ce que j’ai maintenant…

Pensez-vous encore à cette sordide histoire de la Facem, qui vous vit escroqué puis dépossédé du Stade français en 2011 ?

Oui, souvent. Fin 2019, les gens de la Facem ont d’ailleurs été condamnés par le TGI de Paris à de la prison ferme et à un dédommagement important, vis-à-vis de moi. Le problème, c’est qu’ils ont fait appel. Et pour les dommages et intérêts, je pense que je vais devoir attendre longtemps : ces gens-là ne sont évidemment pas solvables…

Ont-ils vraiment été condamnés à de la prison ferme ?

Oui, les peines ont été jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Vous savez, c’était une bande organisée qui sévissait dans toute l’Europe. Je n’étais ni la première, ni la dernière victime.

Sans la Facem, seriez-vous toujours à la tête du Stade français ?

Je ne sais pas. Mais avoir cédé ce club que j’avais créé pour 1 euro symbolique m’a brisé le cœur.

Auriez-vous pu sauver votre tête ?

J’aurais au moins pu gagner du temps… Mais la DNACG (le gendarme financier du rugby professionnel) me foutait une telle pression… Voilà, quoi… Je crois qu’ils (les instances du rugby français) ont tous voulu se payer le Stade français… (il soupire) Ce fut l’un des moments les plus difficiles de ma vie d’homme. On m’a mis en pièces.

Vous auriez pu être relégué en division amateur et repartir…

Oui ! Mais par fierté, je n’ai pas voulu voir descendre le Stade français. Alors, j’ai cédé le club pour un euro.

Avez-vous encaissé ce chèque ?

Les comptables d’Oberthur (la société de Thomas Savare) m’avaient demandé de l’encaisser pour ne pas fausser les comptes de la boîte. Mais je n’ai jamais voulu m’abaisser à ça. Le chèque, je l’ai toujours.

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