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Palisson : « Je n’ai aucun contact concret »

  • Alexis Palisson avec le maillot du Stade Français Alexis Palisson avec le maillot du Stade Français
    Alexis Palisson avec le maillot du Stade Français - Icon Sport
Publié le Mis à jour
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Ailier du Stade français sous contrat de joker médical jusqu’au 30 juin, après avoir débarqué du Lou fin février et joué un seul match, l’international (21 sélections) Alexis Palisson ne sait pas de quoi son avenir sera fait. Mais le finaliste du mondial 2011 ne compte pas terminer sa carrière là-dessus.

Où vous trouvez-vous actuellement ?

Je suis avec ma femme et mon fils, dans une commune à côté de Lyon, où on vivait durant mon contrat au Lou. On se préparait au déménagement définitif à l’annonce du confinement (mardi 17 mars, N.D.L.R.). Le vendredi précédent, le Stade français, où je m’étais engagé comme joker médical trois semaines plus tôt, nous a renvoyés chez nous. Je suis retourné avec ma famille et je pensais repartir pour m’entraîner le lundi, peut-être dans des conditions particulières. J’ai donc laissé pas mal de choses à Paris : la trousse de toilette, l’ordinateur et la console, des éléments vitaux pour résister au confinement (rires). J’ai même oublié ma tondeuse et j’ai ressorti celle dont je me servais quand j’étais ado !

Et votre famille devait vous rejoindre à Paris ?

Oui, j’étais seul durant les premières semaines et je venais juste de récupérer l’appartement que le club me mettait à disposition. J’ai dormi trois nuits dedans et nous avions prévu de déménager quinze jours après. Mais en marge des annonces du président de la République, il a fallu rester à domicile. Nous avons appelé les déménageurs qui nous ont dit que c’était maintenu dans un premier temps avant, une semaine plus tard, de nous annoncer qu’ils devaient cesser leur activité. Nous étions bloqués et il a fallu téléphoner au propriétaire pour savoir si nous pouvions rester car le préavis était posé. Vu que tout est paralysé, il n’y a pas eu de soucis. Sur le plan professionnel ou au sujet de l’organisation familiale, c’est une période d’incertitude pour moi. Je pensais me relancer au Stade français et, finalement, je n’ai joué qu’un match…

Comment êtes-vous arrivé à Paris ?

Pierre Mignoni a eu Thomas Lombard au téléphone et m’a prévenu que le Stade français voulait me prendre en joker médical. Il m’a demandé ce que j’en pensais et j’ai répondu : "Tu as ton équipe, je reviens de blessure, auras-tu besoin de moi jusqu’à la fin de saison ?" Sur les onze matchs, je pense qu’il m’aurait donné du temps de jeu mais je savais bien que je n’étais pas le premier choix. J’avais envie de jouer, j’étais en fin de contrat, donc je lui ai dit : "Si tu me laisses partir, je suis prêt à relever le défi." Le lendemain, nous sommes tombés d’accord avec le Stade français et, le mardi matin suivant, j’étais dans le train pour Paris.

Où on vous a vite fait confiance…

Oui, ça m’a surpris. Pour mon premier match à Toulon, je pensais au mieux être remplaçant et le staff m’a mis titulaire d’entrée. J’étais d’ailleurs très content de retrouver Mayol. Puis surtout, je suis arrivé à Paris dans l’inconnue totale, sans connaître le club même si j’avais déjà côtoyé pas mal de joueurs dont certains cadres de l’équipe, et j’ai découvert un groupe exceptionnel. Cela m’a aidé à m’intégrer et m’a fait du bien. D’emblée, j’ai constaté que c’était un club vraiment à part, avec beaucoup de solidarité. Je crois aussi que la situation de relégable a amené tout le monde à se serrer les coudes.

Le défi du maintien vous a-t-il attiré ?

C’est un défi que je n’avais plus connu depuis Brive, qui fut difficile à l’époque, mais j’avais déjà vécu ce genre d’expérience. Je ne débarquais pas à Paris avec appréhension. Je me suis retrouvé dans un système de jeu et une philosophie que je pratiquais à Lyon, avec juste les annonces et les combinaisons à apprendre. Je n’avais qu’à essayer d’apporter ce que je sais faire, avec beaucoup de déplacements. Puis il y a de très bons jeunes, donc je voulais les aider à progresser. Tout s’est très bien passé aux entraînements et on m’a donc fait confiance à Toulon où, malgré la déception du résultat et du scénario, il y avait eu de nombreux points positifs sur le plan collectif. Mais on n’a pas pu enchaîner…

Le vivez-vous comme un coup d’arrêt aujourd’hui ?

Oui, c’est un gros coup d’arrêt. Comme tous les Français au début, on vivait au jour le jour mais ça m’inquiète de plus en plus. Je sais que je ne vais pas rejouer cette saison car il n’y aura plus de matchs, hormis d’éventuelles phases finales.

Jusqu’à quand court votre contrat ?

Je suis joker médical jusqu’à fin juin. Après, je n’ai aucun contact concret pour la saison prochaine et il me semble que le contexte complique sérieusement les choses puisque les clubs sont aussi dans la difficulté sur le plan économique. Personne ne sait pas quand la crise s’arrêtera. On entend parler des droits télé, de questions financières qui sont incertaines…

Et donc ?

Je comprends qu’il est dur de promettre un salaire à un joueur si on ne peut pas le tenir derrière. Je n’ai pas envie de faire déménager ma famille à un endroit où on ne pourra pas être payé et où tout le monde se retrouvera en difficulté financière. Cela me rassurerait d’avoir une opportunité mais quelque chose de concret. Je suis dans l’expectative.

Aucune discussion n’était engagée avec Paris ?

J’ai essayé de commencer à en parler mais d’après ce qu’on m’a dit, le club ne devrait pas recruter derrière. Forcément, j’espérais un peu de ce côté-là mais la piste se referme. Au moins, je suis fixé.

Et vous ne pouvez plus vous montrer…

La frustration vient aussi de là. Mais il y a tellement d’interrogations en ce moment. Des clubs ne vont-ils pas s’écrouler ? Certains joueurs pourront-ils toujours être payés au salaire qui est le leur ? Préfèreront-ils partir ? Je ne veux pas me plaindre pour l’instant, car personne ne sait ce qu’il va se passer.

Mais vous ne fermez aucune porte ?

Non car je me sens bien. J’aurai 33 ans en septembre, je suis frais et disponible. Je sais que j’ai encore facilement deux saisons dans les pattes. L’envie est toujours aussi présente. Donc je serais vraiment très déçu de devoir arrêter ma carrière là-dessus. Il y aurait un immense goût d’inachevé.

Y pensez-vous ?

Je refuse d’y croire. Je n’ai même pas envie d’y penser.

Et si un club de Pro D2 vous appelait demain ?

Cela peut bien sûr m’intéresser. Mon agent m’a parlé d’un club de haut de tableau de Pro D2 mais, comme je le disais, il n’y a rien de concret. D’ailleurs, on a aussi entendu parler de Top 14, de Top 16. Y aura-t-il des montées ou pas ? ça peut forcément impacter sur le recrutement de chacun.

En discutez-vous entre joueurs ?

Beaucoup de cas sont différents. Certains savent notamment qu’ils vont changer de club. Je prends l’exemple à Lyon de Jean-Marcellin Buttin qui va partir à Agen. S’il y a des phases finales en août, il ne les jouera pas avec le Lou vu que son contrat se termine en juin… Tu peux donc être champion avec des joueurs qui n’ont pas participé à l’aventure. Je trouve ça bizarre. On en discute un peu entre nous. Mais il ne faut pas oublier que de nombreux Français sont dans la même situation et s’inquiètent pour leur emploi, leurs finances ou leurs placements.

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