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Guirado : « Le capitanat, c’est un rôle très énergivore »

  • Guilhem GUIRADO of France  during France training session at Suizenji Athletic Field on October 8, 2019 in Kumamoto, Japan. (Photo by Dave Winter/Icon Sport) - Guilhem GUIRADO - Kumamoto (Japon)
    Guilhem GUIRADO of France during France training session at Suizenji Athletic Field on October 8, 2019 in Kumamoto, Japan. (Photo by Dave Winter/Icon Sport) - Guilhem GUIRADO - Kumamoto (Japon) Icon Sport - Icon Sport
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74 sélections, 32 capitanats, Guilhem Guirado, actuellement en rééducation après une intervention chirurgicale à un bras, est un heureux retraité de l’équipe de France. Le nom de son successeur, il l’attend évidemment avec impatience. Sans doute a-t-il son avis, mais il s’est bien gardé de le donner, trop respectueux des hommes avec qui il a partagé une dernière aventure au Japon. Toutefois, il met en garde : "Un capitaine, c’est important, mais la relation de confiance avec le sélectionneur l’est encore plus." Entretien.

Le nouveau sélectionneur du XV de France Fabien Galthié souhaite nommer son capitaine, dans un premier temps uniquement pour le Tournoi des 6 Nations à venir. Comment aviez-vous accueilli votre nomination à la fonction de capitaine du XV de France dans les mêmes conditions lors du Tournoi des 6 Nations 2016 ?

C’était clairement une période d’essai. Mais, cela m’avait paru tout à fait normal. D’abord, avec Guy (Novès, N.D.L.R.), nous ne nous connaissions pas trop. La priorité, c’était de savoir comment nous allions fonctionner, comment nous allions pouvoir travailler ensemble. Ensuite, capitaine du XV de France, c’est une lourde tâche. Pour moi, le plus important, c’était de rester performant sur le terrain, d’être irréprochable sportivement. Je pense que Guy avait besoin d’obtenir des garanties de ma part. Quatre ans, c’est long. Et sauf si un sélectionneur connaît vraiment bien le joueur qu’il souhaite nommer capitaine, je ne vois pas comment on pourrait procéder autrement. Cette période d’essai, c’est une bonne chose pour permettre à tout le monde de savoir si ça peut fonctionner sur le long terme.

Aviez-vous mesuré lors de votre prise de fonction la charge que représentait le capitanat du XV de France ?

Les gens ne s’en rendent pas forcément compte, mais c’est un rôle très énergivore. J’avais pu le mesurer un peu en amont de ma nomination car j’échangeais déjà beaucoup avec Thierry Dusautoir (ancien capitaine du XV de France). Je l’observais et voyais bien que la responsabilité était très grande. À ma prise de fonctions, je n’ai donc pas été surpris. Surtout, je me suis vraiment concentré sur le sportif. Avant d’être nommé capitaine, cela faisait déjà un moment que j’étais en équipe de France, mais je n’avais fait qu’un ou deux Tournois complets. Pas plus. Pour moi, il était donc prioritaire d’être avant tout le meilleur possible sur le terrain. De vraiment être irréprochable. De montrer l’exemple. J’étais donc tellement excité par le fait qu’on me fasse confiance que j’étais obnubilé par mes performances, ce qui m’a permis d’être plus libéré pour le capitanat. J’ai tout fait à l’instinct, de façon très naturelle pour éviter de gamberger et de me poser trop de questions.

Le fait d’être nommé capitaine "à l’essai" a-t-il fait naître des doutes chez vous ?

Non, mais je ne savais pas ce qui allait réellement se passer. Je ne savais pas non plus si j’allais répondre présent. J’ai donc plongé à fond dans l’aventure en cherchant à profiter au maximum. Il y a eu des moments très forts, très intenses. C’est ce qui m’a plu.

À l’issue du Tournoi des 6 Nations 2016, comment Guy Novès vous a annoncé que vous étiez confirmé dans ce rôle de capitaine ?

Il n’y avait pas eu de débrief particulier, ni de questionnement à ce sujet. Dans la mesure où je ne pouvais pas participer à la tournée en Argentine puisque j’étais retenu avec Toulon pour les demies et la finale du Top 14, la question ne s’est pas posée. Jules (Plisson) et Yohan (Maestri) avaient assuré l’intérim. Mais à mon retour en novembre, les choses se sont faites naturellement avec Guy (Novès). Ce qui m’avait plu, c’est que certains, comme Yohan justement, comme Louis Picamoles, avaient pris le relais. Ces joueurs-là ont été importants dans la construction de mon capitanat.

Justement, comment se construit un capitanat ?

Pour ma part, j’ai essayé de rester moi-même, d’être humble et à l’écoute de mes partenaires. C’est en quoi les relais dont j’ai parlé avant ont été importants. J’ai aussi parfois échangé avec Thierry Dusautoir (ancien capitaine du XV de France) ou avec Nicolas Mas (ancien capitaine de l’Usap). Mais je le répète, le plus important, c’était d’être le meilleur sur le terrain. Si tu es un capitaine qui dit ce qu’il faut faire, qui donne des ordres mais qui ne fait pas la moitié de ce qu’il demande, ça ne peut pas marcher. La base de mon propos, c’était la franchise, la simplicité, l’humilité. Et la maîtrise pour ne pas surjouer.

Un capitaine doit-il être complice avec son sélectionneur ?

La relation doit être basée sur le respect et l’écoute mutuelle. Le capitaine est aussi un lien entre les joueurs et le staff. Si un sélectionneur est borné, qu’il n’écoute pas ce que lui disent les joueurs, ça ne peut pas fonctionner. Cet aspect-là a parfois été négligé par le passé. Or, un sélectionneur doit marcher main dans la main avec son capitaine. Cette relation, elle s’entretient par le respect et uniquement le respect.

Le nouveau sélectionneur Fabien Galthié annoncera mercredi le capitaine du XV de France pour le prochain Tournoi des 6 Nations. Jefferson Poirot, votre vice-capitaine jusque-là, serait-il à vos yeux le plus légitime pour vous succéder ?

C’est au nouveau staff de répondre à cette question. Je préfère ne pas me prononcer sur ce sujet-là. J’ai de l’affection pour les joueurs avec qui j’ai vécu cette dernière Coupe du monde et je n’ai pas envie de dire que tel ou tel joueur serait le plus à même d’assumer cette fonction. Et puis, le plus important, c’est le message que le sélectionneur va faire passer au joueur. C’est la relation que le staff va instaurer entre les hommes. S’il y a de la franchise, de l’honnêteté et de la transparence, ça se passera bien car le XV de France peut compter sur une très belle génération de joueurs. Rares sont les nations qui sont capables de sortir autant de bons joueurs que la France en ce moment. L’Angleterre est peut-être dans le même registre. Mais si Eddy Jones a été un bon manager, c’est qu’il connaissait très bien ses joueurs, qu’il savait comment leur parler, comment leur donner de la confiance. C’est peut-être une leçon à retenir.

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