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31 octobre 1999 : le plus grand des exploits

  • Au bout de la nuit anglaise, Fabien Pelous et Richard Dourthe font briller l’étendard tricolore. Oui, cette équipe de France jusqu’alors moribonde a réalisé le plus grand exploit de son histoire. Olivier Brouzet, Xavier Garbajosa, Raphaël Ibanez et Fabien Galthié (en bas, de gauche à droite) ont tous payé leur écot à ce match légendaire.
    Au bout de la nuit anglaise, Fabien Pelous et Richard Dourthe font briller l’étendard tricolore. Oui, cette équipe de France jusqu’alors moribonde a réalisé le plus grand exploit de son histoire. Olivier Brouzet, Xavier Garbajosa, Raphaël Ibanez et Fabien Galthié (en bas, de gauche à droite) ont tous payé leur écot à ce match légendaire. Sbi / Icon Sport - Sbi / Icon Sport
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Impossible n’est pas français ! En ce 31 octobre 1999, des Bleus jusqu’alors sans repères et minés par les blessures renversaient la meilleure équipe du monde pour écrire une des plus belles pages de l’histoire du sport tricolore. Cocorico !

"Énorme", L’incroyable exploit !", "Historique !"… En ce lundi 1er novembre 1999, les titres forts et les points d’exclamation trônent en tête de chaque page du Midi Olympique. À événement exceptionnel, édition exceptionnelle : la veille, le XV de France avait signé la plus retentissante performance de son histoire en mondovision. Quelques semaines après avoir touché le fond : "Jamais la France n’était peut-être tombée si bas ", avançait le Midol début juillet, au cœur d’une préparation calamiteuse. Les supporters bleu-blanc-rouge ne pouvaient rêver plus bel accomplissement, plus beau sursaut. Un an après le 12 juillet 1998, le sport français franchissait un nouveau sommet.

Rendez-vous compte : un exploit dans la plus grande des compétitions, la Coupe du monde ; face au plus redoutable des adversaires, les All Blacks ; au meilleur moment ou presque, en demi-finale, pour se retrouver à quatre-vingts minutes du titre ultime ; et avec la manière, pour compléter le décor rêvé. Depuis Londres, les Tricolores avaient offert un moment de joie rare, intense à toute une nation. Jusqu’au palais de l’Elysée : " C’est un fantastique exploit que vous venez de réaliser […] Vous avez su démontrer toute la valeur du rugby français […] C’est un grand moment pour notre pays", s’enthousiasmait le président Jacques Chirac dans son communiqué. Au-delà du résultat, pour le moins inattendu, le scénario avait rendu toute une nation ivre de bonheur. Souvenez-vous, donc. Menés 24 à 10 par la bande à Lomu, alors au sommet de son art, Christophe Lamaison et ses partenaires avaient inscrit trente-quatre points consécutivement au cours d’un second acte entré dans l’histoire et les mémoires de tout amoureux du rugby, français ou non. Le rebond favorable ouvrant les portes du paradis à Christophe Dominici et la combinaison conclue par le plongeon démentiel de Richard Dourthe dans l’en-but resteront les images les plus marquantes de cette journée. Avec les instantanés du coup de sifflet final, ces embrassades euphoriques et ces visages radieux, comme touchés par la grâce. "Pour moi, le très grand moment, c’est l’essai de Richard Dourthe, commentait quelques années après Christophe Lamaison. Parce que cette séquence, on l’avait travaillée 40 à 50 fois à l’entraînement et là, le jour du match, elle passe. C’est un moment formidable."

"Cette demi-finale a changé notre vie à tous"

Quelques instants après la délivrance, Jean-Claude Skrela clamait à l’envi sa fierté de sélectionneur, pour ses troupes parties de nulle part pour arriver là où personne ne les attendait : "Je pensais que nous avions une chance sur cent de remporter la victoire. L’important, c’était d’y croire jusqu’au bout. Je pense que les joueurs ont pris conscience de leurs moyens." Après ce 31 octobre à Twickenham, tout est devenu différent pour les héros d’un jour : "Cette demi-finale a changé notre vie à tous, confiera Christophe Lamaison. Notre vie de joueurs et notre vie d’hommes." Ironie de l’histoire, la défaite finale face à l’Australie en paraît anecdotique ou presque… Comme un condensé des paradoxes du XV de France.

Ce moment d’histoire a contribué à ancrer encore plus, dans les esprits, le mythe du french flair et la légende de ces imprévisibles Bleus capables des plus grands exploits comme des plus cuisantes déroutes. Impossible n’était donc plus français, dès lors… Dans les deux sens. Ce succès majeur a, dans un sens, amené le rugby tricolore à se reposer sur ses lauriers et ses certitudes passées. Vingt ans plus tard, les grands exploits sont devenus de plus en plus rares et les cuisantes déroutes de plus en plus fréquentes.

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