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Passeport, s’il vous plaît...

Par Emmanuel Massicard
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L'édito d'Emmanuel Massicard... Dans moins d’une semaine, le tribunal des Prudhommes de Toulouse accueillera les avocats de Guy Novès et ceux de la Fédération, réunis lors d’une ultime tentative de conciliation. Autant vous le dire d’emblée, il y a très peu de chances qu’elle aboutisse après les fracas du divorce de décembre dernier. Dans les deux camps, chacun prépare déjà ses arguments en vue du temps judiciaire.

À ce titre, depuis sa retraite toulousaine Novès n’a certainement rien manqué des derniers mots de Bernard Laporte qui vient d’ouvrir le XV de France aux joueurs étrangers titulaires d’un passeport français -entre autres Raka (Clermont) et Willemse (Montpellier) même si le cas de ce dernier n’est pas tranché. Et Novès a forcément dû se souvenir des premiers discours du « Bernie » devenu patron de la fédé, en 3 décembre 2016, portant alors le message d’une extrême fermeté à propos des étrangers candidats à la sélection tricolore. Avec lui, il n’y aurait plus de Vakatawa et autres Nakaitaci ou Le Roux… Avec lui, priorité serait donnée aux jeunes français…

Le discours n’a pas résisté au changement de sélectionneur et à la réalité d’un XV de France toujours en panne de résultats, qui va s’envoler pour la Nouvelle-Zélande sans Guirado et bon nombre de ses cadres… Novès appréciera, lui qui fut contraint d’agir avec les moyens du bord. Mais, ne vous y trompez pas : Bernard Laporte a parfaitement le droit de changer d’avis, même si l’on regrette qu’il n’ait pas pris alors conscience plus tôt de l’urgence qui plane au-dessus des Bleus. Surtout, on ne lui reprochera pas d’avoir rallié la Ligue pour défendre le statut des Jiff (joueurs issus de la formation française) et refuser un passe-droit symbolique à Scott Spedding quand une telle décision aurait pu mettre en péril tout le dispositif.

En revanche, on pourrait demander constance au président de la FFR, d’un bout à l’autre de ses actes. Le formidable compétiteur qu’il restera toujours ne peut céder à l’aiguillon des résultats et aux enjeux qui président à plus ou moins long terme.

A ce titre, le Mondial 2019 et plus encore celui de 2023 que la France organisera ne pourront jamais tout justifier, même s’ils restent des phares que l’on ne saurait décemment ignorer. Le rugby français a besoin de clarté, et plus encore de cohérence dans ses choix et sa gouvernance. En ce sens, le rapprochement entre la Ligue et la Fédération -s’il ne fait pas encore le bonheur de tous- porte un précieux message. Mais il n’aboutira jamais si chacun avance dans son coin, au gré de la conjoncture et des intérêts particuliers. Et le Top 14 et la sélection ne peuvent plus s’éloigner…

Le destin des joueurs étrangers est ici plus qu’un symbole : comment demander aux clubs de recentrer leurs efforts sur la formation et de faire jouer toujours plus de « Jiff » quand, d’un autre côté, le XV de France continuera de puiser allègrement dans le réservoir de joueurs étrangers ? Quel serait le sens du message envoyé aux clubs amateurs, eux qui sont déjà largement fournis en termes de main-d’œuvre étrangère ? Et quel serait le message envoyé aux gamins des écoles de rugby, qui verraient l’horizon se boucher et une partie de leurs rêves s’envoler ?

L’enjeu est considérable pour le rugby français, qui ne peut ignorer les difficultés de sa sélection mais qui doit voir plus loin que l’urgence du moment et la peur noire suscitée par la triple confrontation avec les champions du monde néo-zélandais.

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