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L'œil du "Tigre"

Par Emmanuel Massicard
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«Pour prendre une décision, il faut être un nombre impair de personnes. Trois, c’est déjà trop. » Autrement dit, selon Georges Clémenceau, la plus haute expression du pouvoir ne se partage pas. Elle s’exprime directement, des paroles aux actes, par la prise de décision. On ne saurait dire si Bernard Laporte a tout lu du « Tigre », mais il nous revient aujourd’hui de nous interroger avec force sur cette stratégie fédérale, qui s’en remet à une large consultation des clubs pour décider ou non de confier les rênes du XV de France à un technicien étranger.

 

Et bien non, vous ne rêvez pas. Ce sont les clubs qui vont choisir et Bernard Laporte, leur boss, se rangera à la vox populi. Que la décision soit bonne ou mauvaise importe peu au demeurant, pourvu que le président s’appuie sur une solide majorité et finisse par en retirer les fruits, d’ici deux ans, lors de l’appel aux urnes.

Comme ce fut le cas en décembre 2017 avec l’audit imaginé et mis en scène par Serge Simon pour justifier le licenciement de Guy Novès en décembre 2018, ce référendum qui ne dit pas son nom apparaît tel une habile manœuvre destinée à faire croire à tous les clubs qu’ils détiennent le privilège du choix, contrairement aux mandatures précédentes parfois figées dans le conservatisme et portées la concentration des pouvoirs.

 

Soyons clairs, il y a ici une part de vérité : Laporte et son équipe ont fait sauter certains verrous que Camou et d’autres avant lui n’avaient pas su libérer. Mais ne soyons pas dupes de la manœuvre. Surtout, posons-nous la question de la pertinence d’une telle décision : quel est le rôle du président s’il se refuse à décider ? Quelle est sa légitimité s’il a besoin, régulièrement, d’en appeler à ses licenciés ? Enfin, en quoi les clubs amateurs sont-ils plus avisés des choses du très haut niveau sportif qu’un ancien sélectionneur au palmarès long comme le bras ? à force d’entretenir autour de lui un tel mélange des genres, il reviendra un jour au patron de la Fédération de choisir ici les lots de la bourriche, là-bas le menu de la kermesse… Manquerait plus qu’il en vienne à coacher la Réserve !

Disons-le : Bernard Laporte n’a rien à gagner dans cette affaire. En écoutant ceux qui murmurent à son oreille les mérites de postures politico-stratégiques, nous pourrions jurer qu’il a beaucoup à perdre si les clubs ne valident pas le principe d’un sélectionneur étranger (son souhait premier), le contraignant alors à faire appel à un technicien bien de chez nous… Un homme indirectement porté au pouvoir par la grâce des clubs mais à jamais roue de secours sur l’échelle de la volonté présidentielle. Avec ça, vous irez entraîner…

 

Pire encore, à force de nous laisser croire que la nationalité est le problème numéro un du XV de France, la compétence finira par devenir une donnée accessoire. De tout temps, le président de la Fédération a été le patron de la sélection nationale et l’on voit mal comment Laporte, même en ces temps de misère sportive, ne saurait déroger à ce principe. Avec ou sans l’aval des clubs, c’est à lui et à lui seul de choisir le futur patron du XV de France, qu’il s’appelle Warren Gatland, Eddy Jones, Franck Azéma, Fabien Galthié, Ugo Mola, Laurent Travers-Laurent Labit ou Pierre Mignoni… C’est enfin à lui d’annoncer le nom de Galthié, pompier de service qui viendra épauler Brunel pour battre l’Argentine, le 21 septembre à Tokyo… n

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