Sans "mettre une pièce dans la machine à buzz", Camou sort du silence pour lancer sa campagne

Pierre Camou n'aime pas beaucoup s'exprimer dans les médias et il ne s'en cache pas. La dernière fois qu'il a consenti à le faire remonte à février 2012, après le France - Irlande reporté à la dernière minute pour cause de gel. Une question de tempérament personnel qu'il cultive aussi, comme il a souhaité le rappeler ce vendredi, point de départ officiel de sa campagne pour un troisième mandat de président de la FFR.

Ma réputation n'est pas infondée, je ne suis pas quelqu'un qui court en permanence après les médias, lance t-il en préambule. Il m'est difficile de mettre une pièce dans la machine à buzz toutes les cinq minutes. Ce n'est pas ma manière de faire ni ma tasse de thé. Un moyen pas du tout voilé, aussi, de se poser d'entrée de jeu en exact opposé de son principal concurrent Bernard Laporte.

L'art de communiquer de ce dernier, son capital sympathie auprès du grand public et la tribune quasi-quotidienne dont il dispose sur une radio de grande écoute - que Camou n'écoute pas - lui confère de toute façon un désavantage bien trop évident pour être menacé sur ce terrain.

Une campagne articulée autour du club

Le président sortant ne jettera ainsi plus aucune force dans l'arène médiatique avant le résultat des élections, en décembre. Son angle d'attaque, celui qui paiera au final, sera de parler aux dirigeants de clubs de la base, ceux qu'on n'entendra pas mais qui voteront et apporteront les précieuses voix. Le lieu du lancement de sa campagne, le petit club-house de l'AS Marcoussis, et non l’amphithéâtre du CNR, à quelques centaines de mètres, n'a pas été choisi au hasard. Le slogan de son programme, "Le club, notre famille, mon combat" non plus.

Si la construction du Grand Stade, incarnée par son principal soutien Serge Blanco, demeure un axe fort de son projet, le septuagénaire ne fera pas de la vitrine de la FFR, l'équipe de France à XV, le sujet principal de sa campagne. Son discours se veut centré sur les valeurs ancestrales du rugby : Si je repars, c'est peut-être que, dans ce monde totalement troublé et qui n'a plus de repères, je tiens au club. C'est le dernier endroit où les gens peuvent se retrouver ensemble, peu importe leur appartenance sociale, leur religion ou leur couleur de peau. Je suis dans un pays où, depuis 30, 40 ans, les politiques promettent et ne font pas. Il laisse ensuite une dette à leurs enfants. Ce n'est pas ce que je souhaite. Je veux construire pour les enfants.

Une parole d'évangile qu'il portera dans son tour de France des comités qui débutera mardi en Normandie et s'achèvera le 31 octobre en Béarn.