En 2011, les Tonga avaient remporté le match de leur vie

  • Joie Haka Tonga - Coupe du monde 2011
    Joie Haka Tonga - Coupe du monde 2011
  • Tonga's Sukanaivalu Hufanga (L) shakes off France's Julien Bonnaire as he goes on to score a try during their Rugby World Cup Pool A match at Wellington Regional Stadium in Wellington October 1, 2011
    Tonga's Sukanaivalu Hufanga (L) shakes off France's Julien Bonnaire as he goes on to score a try during their Rugby World Cup Pool A match at Wellington Regional Stadium in Wellington October 1, 2011
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En s’offrant le scalp de la France au Mondial 2011, les Tonga ont signé un des plus beaux succès de leur histoire. Pour les Bleus, cette trace est indélébile.

1er octobre 2011. Une date que Français et Tonguiens n’ont pas oublié. Ce jour-là, en match de poules du Mondial en Nouvelle-Zélande, les joueurs du Pacifique s’offraient un incroyable succès, le plus beau même de leur histoire. Le XV de France, lui, signait l’un de ses plus gros bides. Battu 19-14, il sauvait toutefois les meubles en se qualifiant pour les quarts de finale de la compétition. Une tâche qui reste indélébile pour les Bleus. Samedi, au stade Océane du Havre, ils seront cinq survivants de la défaite à Wellington (Médard, Parra, Dusautoir, Papé et Szarzewski). Cette humiliation, ils ne l’ont pas oubliée. "C’est sûr qu’on y pense", a lâché cette semaine Maxime Médard. "Nous avons été marqués par ce match. Nous avons été vexés", rajoutait Nicolas Mas, présent dans le groupe des 30 au Mondial mais absent de la feuille de match contre les Tonga. "On pensait déjà au quart de finale. C’était l’erreur à ne pas commettre", pestait Pascal Papé.

Cette défaite du XV de France avait consommé la rupture entre joueurs et le staff à l’époque. Marc Lièvremont, le sélectionneur, n’était pas totalement maître à bord d’un navire qui tanguait fortement. Sans pour autant jamais chavirer. Mieux, ce revers aurait permis au groupe de se resserrer et de réussir un excellent parcours en phases finales, étant juste battu en finale par les All Blacks (8-7). "C’est grâce à ce match qu’on est allé en finale", appuie Fulgence Ouedraogo. "Cela nous a servi de déclic", confirme Mas. Certes, il ne sera pas question de revanche samedi au Havre. Mais nul doute que dans un coin de leur tête, certains joueurs auront à cœur de laver cet affront majuscule.

Moa: "Leur coeur n'était pas là"

Les Tonguiens, eux, gardent de cette bataille un souvenir impérissable. Et qu’importe si leur succès n’a pas accouché d’une première qualification en quart de finale d’un Mondial (ils devaient s’imposer avec le bonus offensif sans laisser le bonus défensif à la France NDLR). "On voulait surtout gagner. Cette confiance qui nous a animés, c'est la meilleure sensation que j'ai connue en sélection", raconte le demi de mêlée de Pau, Taniela Moa. Le retour au pays fut célébré de manière incroyable. A la grande surprise des joueurs. "Normalement, ça prend 20 minutes pour aller de l'aéroport en ville. Là, on a mis quatre heures ! Il y avait des gens partout, même sur le toit de l'aéroport", se remémore le troisième ligne d’Oyonnax, Viliami Ma’afu.

Les "Ikale Tahi" (les "Aigles des mers") se rappellent surtout d’une chose: l’apathie des Bleus. "On avait l'impression qu'ils ne voulaient pas jouer", avoue Moa. Comme si cette rencontre semblait une formalité pour le XV de France. Grossière erreur. "Dans les dix premières minutes, on a attaqué et on a eu l'impression qu'ils ne voulaient pas jouer. Leur défense n'était pas mal mais leur coeur n'était pas là", rajoute le joueur de Pau. "Notre deuxième ligne a mis un gros plaquage à Papé. Et après ça, j'ai vu qu'ils étaient plus réticents pour nous défier. Après vingt minutes, on s'est dit: ‘on peut les battre’", confie Ma’afu. Après un essai d’Hufanga (26e), les Tonga ont fait la course en tête. A un quart d’heure de la fin, ils menaient toujours 16-9. "On regardait tous la pendule, souligne le pilier droit Kisi Pulu. Chaque minute paraissait interminable".

Taumalolo "en transe"

De ce match, une image reste inoubliable: celle du pilier Sona Taumalolo, chambrant à qui mieux mieux la première ligne française lors d’une série de mêlées. Alors inconnu en France, l’actuel joueur de Perpignan s’est fait connaître du grand public par ses cris, ses sourires et ses regards de défi lancés aux Bleus. "J'étais ailleurs, totalement en transe, dans un autre monde, juste fier et heureux, je voulais savourer. J'aurais pu continuer à faire des mêlées pendant un match entier", sourit l’intéressé.

Samedi, il fera de nouveau front au pack tricolore. Comme sept autres vainqueurs de la France en 2011. Andrew Mailei, le centre de Brive, n’en sera pas. Normal, il a arrêté sa carrière internationale après le succès face aux Bleus. "Après le match, j'ai dit à ma femme, ‘J'arrête la sélection. Ma carrière internationale, c'était ce match, ça doit en rester là’". Le match d’une vie, tout simplement. Preuve que ce match historique a vraiment marqué les esprits.

Tonga's Sukanaivalu Hufanga (L) shakes off France's Julien Bonnaire as he goes on to score a try during their Rugby World Cup Pool A match at Wellington Regional Stadium in Wellington October 1, 2011
Tonga's Sukanaivalu Hufanga (L) shakes off France's Julien Bonnaire as he goes on to score a try during their Rugby World Cup Pool A match at Wellington Regional Stadium in Wellington October 1, 2011
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