Botha en touche ?

Six matchs à peine. Cette année, Bakkies Botha a disputé seulement trois rencontres de Super 14 (dont deux comme titulaire) et trois avec les Springboks. Il totalise 295 minutes de jeu. Même pas l'équivalent de quatre matchs entiers. C'est peu pour un joueur champion du monde qui a longtemps été considéré comme le meilleur numéro 4 de la planète...

Il faut dire que rien ne va pour le colosse de Pretoria. Blessé à un tendon d'Achille en décembre dernier, il a été écarté des terrains pendant quatre mois. Et quand ce n'est pas la jambe, c'est la tête qui déraille... Sans cesse ! Suspendu quatre semaines pour un plaquage dangereux sur Gio Aplon après trois petites apparitions en Super 14, il n'a pas pu disputer les deux premiers tests des Springboks, au pays de Galles et contre la France. Revenu pour deux matchs contre l'Italie, il a failli ne pas participer à l'ouverture des Tri-Nations en raison d'une blessure à une cuisse. Peut-être aurait-il mieux fallu qu'il déclare forfait... Car Bakkies Botha a encore "pété les plombs" à Auckland, assénant un détestable coup de tête au demi de mêlée néo-zélandais Jimmy Cowan après trente secondes de jeu à peine. Résultat : neuf semaines de suspension et une réputation qui commence à se ternir sérieusement.

Dix-huit semaines de suspension en dix-huit mois

Bien sûr, tout le clan sud-africain fait corps. Le sélectionneur Peter de Villiers est encore venu à sa rescousse après l'annonce de sa suspension, s'en prenant aux Néo-Zélandais qui ont diffusé l'image du mauvais geste en boucle, au stade puis à la télévision et sur internet. "L'image a été diffusée encore et encore. Mais personne n'a jamais vu à la télé la manière dont ils ont poussé Bakkies Botha dans le dos alors qu'il n'avait pas le ballon (…) Si la télévision était un peu juste et honnête, elle aurait aussi diffusé cela". Son club aussi lui a affirmé son soutien : "Le dossier est clos, a assuré son entraîneur aux Bulls Frans Ludeke. Bakkies a reconnu son erreur, il sait qu'il n'est pas un bon exemple pour les jeunes joueurs (...) Nous avons accepté ses excuses, c'est tout ce que nous avons à dire. Je ne pense pas qu'il faille encore débattre dans la presse, ce n'est pas nécessaire."

Le joueur, lui, essaie de se racheter une conduite. "Je regrette sincèrement cet incident. J'ai laissé tomber mon équipe, ma famille et j'ai fait défaut au maillot des Springboks et à ce qu'il représente", a-t-il déclaré à la télévision lundi dernier. Mais la coupe commence à être pleine. Si l'on se réfère à ses dix-huit derniers mois seulement, il totalise dix-huit semaines de suspension. En 2009 : il avait été puni deux semaines pour un mauvais geste sur Phil waugh en Super 14, puis trois semaines pour un plaquage illicite sur le Gallois Adam Jones (qui avait dû se faire opérer de l'épaule droite en suivant) lors d'un match contre les Lions britanniques.

Malgré toutes ses qualités sur le plan sportif, le joueur de 30 ans pourrait payer très cher son indiscipline chronique. Car Rossouw et Bekker, ses remplaçants en équipe nationale, comptent bien en profiter. Le premier, polyvalent, et le second, qui sort d'une très grosse saison en Super 14, ont une belle carte à jouer pendant ces Tri-Nations. Botha lui, n'a plus que ses yeux pour pleurer. Et sa tête pour réfléchir. Il n'a plus beaucoup de temps pour cela. La Coupe du monde est dans un an tout juste. Il y sera, c'est sûr, mais constituera-t-il encore un premier choix ?