Blacks : L’heure de vérité

Incontestablement, les Tri-Nations vont prendre une autre tournure après la rencontre de samedi, entre Australiens et Néo-Zélandais à Melbourne. Surprenants face à l’Afrique du Sud, les Wallabies se sont rassurés et surtout lancés à l’assaut des Blacks. En cas de succès, ils se placeraient comme leurs principaux rivaux dans la course au titre. Mais si les hommes de Graham Henry venaient à s’imposer en Australie, ils frapperaient non seulement un grand coup sur le plan symbolique. Surtout, ils éteindraient certainement le suspense dans la compétition. Et il faut dire qu’après les deux larges victoires contre les Springboks, les All Blacks ont fait le plein de confiance. Qui peut donc arrêter la Nouvelle-Zélande ? L’Australie du coup ? "Nous savons que nous avons une stratégie assez efficace pour dominer ces adversaires", affirme le talonneur remplaçant des All Blacks, Corey Flynn.

Les Blacks ont donc les arguments pour effrayer leurs concurrents… Pourtant, derrière la confiance affichée, les Néo-Zélandais se méfient particulièrement de ce match à Melbourne. Graham Henry prévenait en début de semaine : "Nous avons effectué de bons débuts dans ces Tri-Nations avec les deux victoires face à l'Afrique du Sud, mais il n'y a aucune place pour une quelconque suffisance. Nous aurons besoin de toute notre expérience contre une très bonne équipe d’Australie". En effet, le piège s’annonce évident. Si les Blacks sont intraitables à domicile, encore faudra-t-il en faire de même hors de leurs terres. Et il ne faut pas oublier que la Bledisloe Cup (confrontations entre Nouvelle-Zélande et Australie durant les Tri-Nations) revêt une importance considérable. La concurrence entre les deux nations rivales est immense…

La photo de la discorde

L’encadrement néo-zélandais est conscient de la tâche qui attend ses troupes et la tension est grandissante à l’approche de ce rendez-vous. Le fameux épisode des secrets tactiques révélés par un photographe opportun est éloquent. Ce mardi, les Blacks effectuaient un entraînement basé sur le secteur défensif et un photographe local, grâce à son zoom, a pris des clichés de manière très lisible des tactiques néo-zélandaises concernant les mêlées et les situations défensives dessinées sur une feuille que tenait le sélectionneur, Graham Henry, dans ses mains. Résultat : la photo s'est retrouvée en une des quotidiens australiens ce mercredi. Et cela a particulièrement irrité Henry et ses collaborateurs. Le spécialiste des avants, Steve Hansen, a parlé d'un "abus de confiance". "Il est décevant que ce photographe ait brisé les règles".

L’affaire aurait pu en rester là mais toute la presse néo-zélandaise et australienne ne parle que de ça. Jusqu’à pendre des proportions totalement démesurées… Après que le staff a clairement indiqué que le photographe concerné n’était plus le bienvenu aux entraînements de leurs protégés, tout le monde s’est demandé s’il allait modifier son système défensif. Finalement, Steve Hansen a tenté de désamorcer la polémique : "Nous n’allons pas trop changer notre tactique non plus. Il y a tellement de choses qui vont se passer durant le match de samedi et qui risquent de faire basculer la rencontre. Je ne pense pas qu’une photo va faire la différence". Une analyse partagée par Jim Williams, l’entraîneur-adjoint de l’Australie : "Je ne vais pas lire cette feuille et ne pas y accorder d’importance. C’est juste une photo d’entraînement". Certes, l’importance de cet épisode a été déraisonnablement amplifié mais il est révélateur… Et si les Blacks n’étaient pas si sereins ?