De Villiers-Henry : La guerre des chefs

Peter de Villiers n'est décidément pas le roi du politiquement correct. En effet, l'entraineur des Sringboks a récemment déclaré à la presse que Graham Henry avait "une grande bouche ". Une façon finalement comme une autre de mettre un peu de piment aux Tri-Nations qui démarrent ce week-end. D'ailleurs, "PDV" n'en est pas à son premier coup d'essai. Champion de la provocation, il est un peu, toutes proportions gardées, le Raymond Domenech du rugby sud-africain. D'affaires sordides en déclarations improbables, les deux hommes ont en commun une certaine passion pour la communication mal maitrisée.

Rappelé à l'ordre à plusieurs reprises

En juillet 2008, soit six mois après sa prise de fonctions, de Villiers a par exemple reçu une lettre le menaçant de divulguer une vidéo à caractère pornographique dans laquelle il apparaît, s'il persiste à écarter certains joueurs de son effectif. Récemment encore, il créait la polémique avec ses propos sur la qualité médiocre du championnat français. "Le niveau de jeu là-bas est très faible", avait-il déclaré, expliquant être très inquiet pour François Steyn s'il restait au Racing-Metro. Et bien sûr, il se fait fréquemment rappeler à l'ordre par sa Fédération qui lui demande d'être plus attentif à sa communication, notamment à l'approche des grands tournois. Bref, avec cette nouvelle déclaration border-line, Peter de Villiers fait encore une fois honneur à sa réputation. L'ancien demi de mêlée n'en est pas moins un coach compétent, résultats à l'appui: une victoire libératrice contre la Nouvelle-Zélande en 2008 alors que l'Afrique du Sud n'avait plus battu les Blacks depuis dix ans, un Tri-Nations en 2009, voilà ce qu'on appelle des preuves irréfutables.

Des provocations qui volent haut !

Mais désormais il n'est plus seul à jouer. Ses propos vis-à-vis de la trop grande bouche de Graham Henry font en effet réponse à une déclaration de ce dernier, qui affirmait il y a peu que les Sud-Africains "jouaient moins au rugby" que les All Blacks. "Je ne comprends pas ce que cela veut dire", a rétorqué de Villiers, "Nous jouons tous 80 mn par match". Aujourd'hui la guerre des nerfs semble déclarée, et Graham Henry est bien décidé à répondre aux provocations de son homologue sud-africain. Pris au piège de la joute verbale, jeu inter(-)minable s'il en fut, il s'est à son tour laissé aller, toujours par presse interposée, à des commentaires sur la bouche de de Villiers,la jugeant: "montée à l'envers". "Il est de ces hommes malchanceux qui naissent avec le sourire à l'envers, pointé vers le bas".

Dans l'attente du prochain épisode de cet affrontement sans merci, les deux entraineurs vont, faut-il l'espérer, retourner à leurs occupations... d'entraineurs. Car il ne faudrait pas que cette nouvelle polémique sur la morphologie buccale d'un tel ou d'un tel éclipse et fasse du tort au principal: le sportif. Cette année, les Tri-Nations risquent d'en laisser plus d'un... bouche bée.