La cerise sur le Giteau

Stephen Larkham peut dormir tranquille, sa relève est assurée. Pas forcément par Berrick Barnes, comme on aurait pu le croire pendant la Coupe du monde lorsqu'il l'avait remplacé au pied levé. C'est en Matt Giteau, l'homme à tout faire du XV australien, que les Wallabies semblent avoir trouvé leur nouveau numéro dix. L'ouvreur de la Western Force, toujours placé au centre – voire à la mêlée - chez les Wallabies, excelle à son poste de prédilection. Où qu'il soit aligné, il est bon. Mais le joueur, qui a été formé à l'ouverture, brille particulièrement en fer de lance de l'attaque australienne.

Contre l'Irlande lors du premier test des Aussies depuis leur élimination en quart de finale de Coupe du monde ou face aux Bleus, l'ouvreur casqué a fait parler sa superbe. Son génie même sur les quatre essais des siens ce samedi à l'occasion de la plus large victoire des Wallabies sur une équipe de France (40-10). Sa passe au pied millimétrée pour son centre Hynes lors du premier essai ou sa prise d'intervalle avant un contact demi tour parfait sur celui d'Horwill n'ont laissé aucune chance aux Français. Son exceptionnelle réussite dans les tirs au but non plus (8/8). Que ce soit en face, en coin, des 22 mètres ou de la ligne médiane, il n'a jamais manqué sa cible. Auteur de la moitié des points de son équipe, impliqué dans les quatre essais australiens, il a joué une partition parfaite.

A 25 ans, Matt Giteau semble au sommet de son art, incisif, accélérateur de jeu, bon défenseur, extrêmement précis dans son jeu au pied. Humble en plus : "Nous avions élaboré un plan de jeu plus simple et ça m'a rendu les choses plus faciles, expliquait-il après la rencontre face aux Bleus. Et quand on fait des choses simples, c'est alors qu'on peut donner le meilleur de soi-même." Le meilleur, c'est ça. Et c'est de très bon augure pour les Wallabies à quinze jours de leur premier match de Tri-Nations, contre les Springboks le 19 juillet. Les oppositions à venir – loin des promenades de santé effectuées contre l'équipe de France B – permettront de savoir s'il reste un ouvreur excellent face aux deux meilleures équipes du monde. L'expérience de ses 54 sélections laisse peu de doutes toutefois. Matt Giteau n'est pas le joueur australien le mieux payé de l'histoire pour rien (2,7 millions d'euros pour trois ans de contrat avec l'ARU et la Western Force).